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20 nov. 2023, 00:24
Rendre coup pour coup


7 Novembre 2048
2ème année
Avec @Sixtine Valerion



Il m'aura fallu treize jours pour oser me présenter à la porte de son bureau. Treize jours d'intense réflexion. Treize jours plongée dans la crainte, à me faire discrète en cours et évitant tout croisement de regard avec elle. Mais surtout, treize jours de fuite, à quitter la salle dès que possible et à revenir sur mes pas si par malheur je la voyais dans les couloirs. C'est ridicule et elle ne s'en est sûrement même pas rendue compte, mais il me suffisait de voir un cheveux noir ou d'entendre un bruit de talons claquant le sol pour me pétrifier sur place, feignant de chercher quelque chose dans ma sacoche (ma baguette, sûrement, alors que je sais pertinemment qu'elle est dans ma poche gauche) ou pour que je prenne la poudre de cheminette.

Ridicule, ça l'est, oui, mais surtout cela me fait me sentir faible. Et ça, il est hors de question que je le sois, ne serait-ce qu'une seconde de plus. Ainsi me voilà devant la porte fermée de son bureau, un samedi matin, fixant les panneaux en bois d'un regard vide. Je reste immobile, faisant concurrence aux mannequins d'entrainement sur lesquels je me suis tant exercée. Je ne sais pas pourquoi j'hésite autant. Ce matin, en me levant, j'étais pleine de bonne volonté et de motivation pour me rendre ici et poser ma requête. Mais voici que le moment tant attendu – ou tant redouté – arrive et me voilà incapable de faire quoique ce soit.

Les pieds ancrés dans le sol, j'ai l'impression que la semelle de mes chaussures n'existe plus et que mes talons ne font qu'un avec lui. Ils l'écrasent, tentant de laisser leur trace sur la pierre. Mais surtout, ils y sont tellement collés que cela se répand dans tout mon corps et m'empêche de faire ne serait-ce qu'un petit geste comme tourner la tête. Même cligner des yeux m'est difficile. Je sens mon souffle s'accélérer au fur et à mesure que la prise de conscience se fait dans mon esprit. Je suis aussi pétrifiée que la dernière fois, aussi impuissante face à mon sort et aussi terrifiée que si je sentais sa magie m'envelopper pour m'immobiliser une nouvelle fois. Mais sauf qu'aujourd'hui, je suis seule. Il n'y a pas de ballon de basket, pas d'odeur de fumée et pas de vol de baguette. Il n'y a que moi et ma crainte, moi et ma peur de devoir faire face à ce que je déteste : elle et son sortilège. Son maudit sort, que seul Merlin sait à quel point je le redoute autant que j'aimerais apprendre à le lancer, pour pouvoir me défendre – et surtout, surtout pouvoir lui prouver que moi aussi je vaux la peine qu'on me prête autant d'attention.

Alors oui, la principale raison de ma venue dans cet endroit maudit est de lui demander de m'apprendre ce sortilège. Mais je ne peux pas passer outre cette colère qui bouillit en moi, prête à exploser à tout moment. Je suis en colère, je le sais et l'ai toujours su. Il y a bien un moment où il faudra que ça déborde, coule à travers mes yeux et ma bouche, mes gestes et mes actions. Je ne sais pas si ce moment viendra aujourd'hui, demain ou dans une semaine. Mais je suis sûre qu'il arrivera avec elle. – à cause d'elle. Après tout, c'est en grande partie de sa faute si je ressens ce sentiment aussi fort que quelqu'un serait joyeux après avoir reçu sa lettre d'admission pour Poudlard.

Je tente de reprendre le contrôle de mon souffle, fermant avec force les yeux et inspirant et expirant le plus calmement possible. Je fronce les sourcils, me concentrant pour calmer cette fureur qui rugit, l'atténuer pour qu'elle se fasse toute petite. Le temps d'un instant, d'un cours instant qui me permettra de pouvoir agir posément. Je rouvre les yeux, fixe une nouvelle fois la porte devant moi. Lentement, je lève la main à hauteur d'épaule, le poing fermé.

Je donne trois coups secs sur le bois, me recule et attends. Qu'elle apparaisse vite, qu'on en finisse rapidement.

✧ Deuxième année rp ✧
« Looking at the stars, admiring from afar »
#741b47 | Fiche PR