Neven n'avait eu aucun mal à trouver le sommeil, au petit matin, après le dernier cours de sa longue journée. Heureusement pour lui, les quatrièmes années s'étaient montrés bien plus calmes et studieux que leurs cadets. En effet, excédé par les revendications puériles de ces derniers, l'astronome en était venu à renvoyer plusieurs Gryffondor à leurs dortoirs en première partie de soirée. Deux autres élèves s'en étaient eux sortis avec une retenue. Le professeur Pearce n'avait pas encore tout à fait statué sur la sanction de l'un d'entre eux, un jeune Serpentard aux cheveux blancs comme la neige. Aussi l'avait-il convoqué dans l'après-midi, pour s'entretenir avec lui des raisons de son comportement.

Une dizaine de minutes avant l'heure, le trentenaire quitta ses appartements pour rejoindre la tour d'astronomie. Il prit place derrière son bureau, dans l'auditorium, à la même place que la veille... Il adressa un bref sourire au portrait de Galileo scrutant le ciel, à quelques pas de lui, avant de reporter son attention sur sa salle de classe, qui avait retrouvé sa disposition ordinaire et ordonnée.

Le gallois ne s'était bien évidemment pas encore attaqué à la correction de l'évaluation particulièrement houleuse de la veille, mais il avait mis de côté la copie du jeune Augustin Sponsz. Il la parcourut du regard en attendant l'arrivée du garçon, tapotant distraitement son bureau du bout de ses doigts. Les traits tirés, Neven plaqua plusieurs fois sa main sur ses lèvres pour masquer l'un ou l'autre bâillement.
@Augustin Sponsz

La journée était pour le moins exécrable, et pour Augustin, ce n’était rien d’exceptionnel. En dehors de ses quelques connaissances et amis, personne ou presque ne lui adressait la parole au château, et cela lui convenait très bien. Cependant, il ressentit comme une petite satisfaction lorsque l’heure de son rendez-vous avec monsieur Pearce approcha. Non pas qu’il se réjouissait forcément, mais cela lui changerait des journées de cours moroses.

Lorsqu’il ne resta que cinq minutes avant l’heure donnée, l’écossais se dirigea vers la tour d’astronomie d’un pas assuré en se demandant de quoi le professeur allait charger la pénible retenue. Il pensa tout haut :

- Cela doit l’embêter autant que moi cette retenue… j’espère que je pourrais en profiter pour discuter.

En effet, il se disait que le professeur n’aurait pas craché sur un peu de repos pour la fin de la journée, et il ne se trompa pas lorsqu’il aperçut ce dernier bâiller à travers l’ouverture de la porte. Discuter avec le professeur aurait pu atténuer le calvaire que représentait une présence en retenue, et pour le professeur et pour lui-même !

Il rentra dans la salle vide et salua son professeur avant de se diriger devant le bureau de l’astronome. Il remarqua qu’une copie était mise à part de la pile, et il estima que cela devait être la sienne.

’Soir M’sieur!

« Bonjour Mister Sponsz ! salua-t-il gravement le jeune Serpentard à son arrivée dans la salle de classe, levant les yeux de sa copie. S'il appréciait tout particulièrement la ponctualité chez ses élèves, il ne le montra cependant pas. Prenez-donc place à l'une des tables... » lui indiqua-t-il en désignant du menton les pupitres au premier rang. Lui-même se leva, délaissant l'évaluation de la veille sur son bureau. D'un coup de baguette, il attira une chaise à lui et prit place, accoudé sur le dossier devant lui, face au première année.

« Bien, je vous écoute... déclara-t-il en soutenant le regard du jeune garçon aux cheveux blancs. Qu'avez-vous à me dire sur ce qu'il s'est passé hier soir que je ne sache pas déjà ? » interrogea le gallois. Le ton était calme, mais ferme. Impassible, il attendait surtout des explications derrière le geste de la veille. Comment, pourquoi ? Par dessus tout, il espérait que le jeune sorcier ne se réfugie pas derrière l'excuse qu'il lui avait servi hier soir : Vous n'auriez pas su ce qu'il s'était passé sans l'intervention du tableau... En son absence, le portrait de Galileo n'était autre que ses yeux et ses oreilles. C'était une astuce simple comme le monde, mais efficace à souhait, qu'il avait découvert au contact de Deliverance Wise, lors de son premier séjour à Tawaneer. Il l'avait depuis réutilisé à l'envie, tant dans son ancien bureau du laboratoire de l'espace, au feu Ministère de la Magie, que dans celui de l'Astronarium à Godric's Hollow. Alors ? s'impatientait-il.

Le professeur invita le jeune Serpentard à prendre place à l’une des tables et s’installa lui-même au coin de son bureau. Il lui demanda de lui dire ce qu’il ne savait pas déjà et eut l’air de légèrement s’impatienter.

Augustin eut un rictus en coin, et répondit :

- Que vous ne sachiez pas déjà? Mais voyons monsieur, le tableau vous a tout raconté, je ne suis pas dupe.

Il marqua une courte pause et se balança légèrement en arrière sur sa chaise, l’air détendu mais respectueux avant d’ajouter :

- Loin de moi l’idée de vous manquer de respect Professeur, mais venons-en au fait : pourquoi ne m’avez vous pas simplement mis en retenue sans plus de questions si vous connaissez déjà toute la situation?

Son ton était calme et ferme, il espérait que le professeur ne le prendrait pas pour de l’arrogance, car ce n’était pas son but. Il n’était simplement pas idiot, et le professeur avait déjà dû parler de la situation auprès des autres directeurs de maisons.

Il se plaça tranquillement dans son siège, il ne savait pas si ses paroles auraient l’effet escompté mais il comptait sur le bon sens de son professeur d’Astronomie. Il ne doutait pas de sa capacité à remettre les choses dans leur contexte : s’il avait réellement voulu punir le petit serpent blanc, il l’aurait fait depuis longtemps.

Dans un premier temps, le gallois s'efforça de rester calme, malgré la potion qui lui montait doucement au chaudron. Cela ne durerait probablement pas. Le choixpeau aurait aussi bien pu l'envoyer à Gryffondor... releva-t-il en observant le rictus sur le visage du jeune garçon. Ah, qu'on pouvait se croire malin à cet âge-là ! Pourtant, les premières paroles du Serpentard laissaient transparaître toute sa frustration de s'être laissé berné par un simple tableau.

« C'est pourtant ce que vous faites... » réfuta le Professeur Pearce quand le première année évoqua le respect. Les mots claquèrent, froids, sévères, immuables. L'assurance - teintée d'arrogance - que se donnait l'enfant faisait peut-être effet sur ses petits camarades, mais il en fallait bien plus pour faire fléchir l'astronome. « Vous avez raison, je pourrai aussi bien vous mettre en retenue tous les samedis après-midi jusqu'aux vacances de Noël... C'est d'ailleurs ce qui se passera si vous persistez dans cette voie. Quand on a l'opportunité de s'expliquer, il vaut mieux la saisir, jeune homme. C'est un conseil qui pourrait vous être utile au moins pour le reste de votre scolarité, si ce n'est plus... »

Neven planta son regard dans celui du jeune albinos et le fixa durement. « N'était-ce pas vous qui souhaitiez discuter hier soir ? Si vous avez changé d'avis, la porte est grande ouverte. Il accompagna son geste de la parole en désignant l'entrée de sa salle de classe. Dans ce cas, l'elfe en charge des cuisines vous attendra dès 13h samedi prochain. » informa-t-il en attendant une réaction du garçon. Oh non, il ne perdrait pas son temps et ses après-midis avec un gamin qui n'assumait pas ses responsabilités. Il avait bien mieux à faire...

« Qu'avez-vous à dire sur ce qu'il s'est passé hier soir ? » répéta-t-il, pour la dernière fois.

Le professeur ne sembla pas du tout apprécier le cran qu’Augustin pouvait porter à son encontre ; mais dans sa volonté, ce n’était nullement pour lui faire face. Le petit Serpentard pensait vraiment ce qu’il disait.

Lorsque le professeur le sermonna, il jura dans sa tête quelque chose comme :

- Allez, tu ne m’as pas convoqué juste pour m’humilier et me faire la morale, tu es plus intelligent que ça…

Mais dans le non-verbal, il ne laissa rien paraître : le professeur avait l’air déjà assez agacé comme ça. Puis, ce dernier demanda pour la dernière fois à Augustin s’il s’exprimerait sur les actes qu’il avait commis hier soir.

L’écossais haussa légèrement les épaules avant de répondre franchement :

- Rien de spécial, j’ai subi une moquerie et cela m’a grandement énervé, j’ai malheureusement surréagi. Je sais que mes actes n’étaient pas justifiés, mais j’ai le sang chaud et je ne laisse pas passer une occasion.

Puis il marqua une petite pause en fixant le professeur. Est-ce que ces paroles lui conviendraient ? En tout cas c’était ce qu’Augustin pensait vraiment.

- Mais si c’est la question que vous vous posez, oui je regrette ce que j’ai fait, j’ai réagi impulsivement et je m’en veux, ce n’est pas digne d’un véritable Serpentard.

Puis il attendit la réponse du professeur, qu’il espérait convaincu.

@Neven Pearce

« Ah... Pourtant, vous devriez pourtant être habitué aux moqueries avec ces cheveux blancs, non ? » interrogea l'enseignant sur un ton volontairement provocateur, pas convaincu par les explications convenues du jeune Serpentard. Ce dernier prétendait regretter son geste quelques secondes après avoir affirmé qu'il ne manquait jamais une occasion de riposter. Surtout, Neven savait bien que le garçon avait attaqué le premier, en invoquant les statuts de sang de certains de ses camarades. Si le premier année n'avait que des réponses toutes faites à lui servir, il n'était pas disposé à perdre son après-midi...

Sourcils froncés, le professeur Pearce se leva avant de faire voler plume, encre et parchemin jusqu'au pupitre du première année. « Vous me recopierez, hum... autant de fois que nécessaire "La violence n'est pas une réponses aux moqueries." » déclara-t-il en reprenant place derrière son bureau. Il s'attaqua alors à la correction des évaluations de la veille, histoire de mettre à profit ce temps perdu. Le gallois mit de côté le premier parchemin, reconnaissant la longue dissertation d'une Gryffondor qui avait jugé utile d'exposer son point de vue sur la soirée, puis se pencha sur la copie suivante.

Après quelques minutes - et un Effort Exceptionnel bien mérité pour une élève de première année -, il leva les yeux vers le jeune Serpentard. « Quand vous en aurez marre, et que vous serez vraiment prêt à discuter de ce qui s'est passé hier, je vous attends... Tant que vous ne l'êtes pas, vous pouvez continuer à recopier votre phrase... » précisa-t-il. Par "vraiment prêt à discuter", Neven attendait un réel échange avec le garçon, à cœur ouvert, sans faux-semblants ni réponses préparées à l'avance et récitées avec désinvolture.

Augustin s’agaça, il avait l’impression de se faire sermonner injustement. Or la situation se devait de présenter un intérêt quelconque. Lorsque le professeur lui prépara le banc pour qu’il écrive une phrase bateau autant de fois que nécessaire, il s’insurgea intérieurement.

Il écrivit alors sur la feuille :

La violence n’est pas une solution. En revanche, elle peut s’avérer nécessaire dans un cas de force majeure, ou dans le cas présent, d’honneur sali.

Puis il leva les yeux vers le professeur et lui apporta le parchemin sur le bureau. Il y ajouta sa copie par dessus avant de prendre la parole :

- Pour votre information, professeur, je suis albinos et particulièrement photosensible. Vous comprendrez donc que les « moqueries sur mes cheveux blancs » comme vous avez dit, puissent me paraître un brin insupportable. Il va aussi de soi que même si j’ai certainement mal agi, j’ai rendu l’évaluation dans le temps imparti et ma matière était révisée. Maintenant, si ce que je vous ai dit ne vous convainc pas, c’est votre problème, car je vous ai dit ce que je pensais réellement dans la plus transparente sincérité.
Toutefois, je suis volontiers ouvert à la discussion avec vous pour parler de ce qu’il s’est passé en détails.

C’était vrai. Lui qui était d’origine si calme et maître de son sang-froid, il s’était laissé emporter pour une stupide histoire de provocation. Mais il avait du respect pour le Gallois, et il le montrait dans son regard, son discours n’avait rien de provocateur.

Il croisa ensuite les bras dans l’attente de la réponse du professeur.

@Neven Pearce, comme complément horsRP, le caractère montré ici est typique d’Augustin, mais il est ouvert pour discuter suite à son monologue, dites-moi si cela vous convient !

Comme il s’y attendait, le jeune Serpentard ne tarda pas à le rejoindre. Neven jeta un bref coup d’œil à son parchemin resté pratiquement vide et esquissa un sourire ironique à la lecture des deux petites lignes qu’il avait daigné y écrire. À croire que l’honneur réside dans les cheveux… s’en amusa-t-il. Sans même la consulter, il prit la copie du garçon et la glissa tout en-dessous de sa pile d’évaluations à corriger. Puis, appuyant son menton sur ses doigts entrecroisés, il planta son regard dans celui de l’enfant et écouta son semblant d’explications.

« En toute honnêteté, peu m’importe que vous ayez un Optimal ou même une copie parfaite, Mister Sponsz… Cela ne vous donnera aucun passe-droit, lui assura le gallois. Je note par contre que vous acceptez de vous arranger avec votre propre sincérité, jeune homme, aussi transparente soit-elle... À moins que ce ne soit votre mémoire qui vous fasse défaut ? » Marquant une courte de pause, l'astronome se tourna pendant quelques instants vers le portrait de Galileo, accroché quelques mètres derrière lui.

« Sauf erreur de ma part, poursuivit-il en reportant son attention sur le jeune Serpentard aux cheveux blancs, il ne me semble pas que votre camarade ne se soit moquée de votre particularité physique. Pas plus qu'elle ne vous a traité de... Sang-de-Bourbe, c'était bien ça le terme ? » questionna-t-il, sourcils haussés, appuyant avec insistance sur l'insulte utilisée. « Tout ça pour employer des méthodes moldues juste après... commenta-t-il avec dureté. Je dois admettre que c'est plutôt... décevant ! » ajouta-t-il d'une voix sourde, le regard tourné vers le mauvais temps écossais au-dehors.

Désolé pour le délai...

Le professeur semblait impassible et n’afficha rien par rapport à sa remarque déplacée sur les cheveux d’Augustin. Il prit même le temps de faire remarquer sa déception vis-à-vis du comportement de ce dernier. Il observa un moment de silence après la réponse du professeur et réfléchit à la bonne manière de s’exprimer. Après quelques instants, le petit serpent blanc entama :

- Je comprends votre déception Monsieur, et croyez bien que je m’en veux d’avoir réagi à chaud comme je l’ai fais. Certes ma réaction était disproportionnée, mais je sais reconnaître mes erreurs.

Il marqua une pause en regardant le professeur dans les yeux. Il était à présent curieux de savoir pourquoi le professeur l’avait convoqué s’il connaissait déjà tous les détails.

- J’ai subi une moquerie, et j’ai surréagi. Le coup de poing a survenu par ailleurs parce que Logan s’est mêlé de ce qui ne le regardait pas. Et oui, c’était une erreur…

Il marqua encore une courte pause et regarda en direction du tableau de Galiléo.

- Dites monsieur, je peux vous poser une question? Pourquoi vous m’avez convoqué si vous connaissiez déjà tous les détails de l’histoire?

Il s’était excusé, avait reconnu ses torts et il espérait maintenant que le professeur pourrait l’éclaircir sur l’objectif de la réunion. Avait-il quelque chose à se reprocher?

@Neven Pearce, aucun souci, bonne année!