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24 nov. 2023, 01:45
Halte cap'tain !  L.G. 
Samedi 24 octobre 2048, 18:20
Terrain d'entraînement,
@Leo Ginger


Vingt minutes. Cela faisait vingt minutes que les Griffes Ardentes attendaient l'arrivée de leur capitaine pour commencer l'entraînement. Vingt minutes, qui pouvaient ne pas paraître une éternité. Les joueurs avaient-ils vraiment besoin de la présence de Leo pour vérifier leurs balais, récupérer les balles et s'échauffer ? Pas vraiment, et c'est d'ailleurs ce qu'Alexander s'était appliqué à faire. Enfin, pour le gardien, l'entraînement commençait à dix-huit heures tapantes. Et à cette heure, son balai était impeccable, ses protections enfilées, et son échauffement débutait. Il n'avait pas de temps à perdre. Les sessions d'entraînements étaient déjà trop peu nombreuses à son goût, il devait rentabiliser chaque minute sur le terrain. Mais visiblement, tout le monde n'était pas du même avis. « Qu'est ce qu'elle fiche encore ? » L'impatience commençait à le gagner. Ce n'était pas la première fois que Leo arrivait en retard, ratait un entraînement ou même en déplaçait un sans raison majeure. Alexander avait dénombré trois manquements de la part de la capitaine... depuis le début de l'année ! N'avait-elle aucune considération pour son équipe ? Pour les entraînements ? Pour le chemin qu'ils avaient à faire s'ils espéraient un jour récupérer la coupe qui leur avait échappé la saison précédente ? Leo se relâchait cette année, il fallait être aveugle pour ne pas le constater.

Le quatrième année soupira. « Elle abuse sérieux ! C'est pas la première fois qu'elle nous fait un coup pareil. » D'un coup de pied, il ouvrit la malle qui contenait les balles, et se saisit du souafle. Enfourchant son balai, il s'adressa à ses coéquipiers. « Pas besoin d'elle pour s'entraîner. Orlaith, tu nous montres ce que t'as dans le ventre ?» Capitaine ou pas, personne n'était irremplaçable, et la nouvelle recrue pourrait bien venir un jour la détrôner, si elle était plus assidue aux entraînements. Puis le gardien décolla pour se placer devant ses anneaux.

Perché à une quinzaine de mètres au dessus du sol, souafle en main, Alexander aperçut une silhouette familière se diriger en direction du terrain d'entraînement en courant. Pas de doute, il s'agissait bien de la retardataire. Elle faisait bien de courir, vu son criant manque d'endurance sur le terrain. D'ailleurs, peut-être ses récentes performances à la batte étaient-elles corrélées à son manque d'assiduité ? Sortir au bout de dix-huit minutes de jeu car complètement épuisée, peut-être était-ce le fruit de son manque d'entraînement ? Même Keaty, qui était son vis-à-vis direct, avec une expérience absolument inexistante en matière de cognard avait tenu plus longtemps qu'elle sur le terrain. À sa place, j'aurai eu honte.

Le gardien envoya le souafle en direction de Britanny et descendit en piqué à la rencontre de Leo. Cette fois, il n'allait pas laisser passer son manque de sérieux. Comme pour lui faire barrage, il atterrit devant elle brutalement, et lui offrit un regard froid. « T'es en retard. »

Alexander, 4ème année RP, #MMG, Loustic problématique & Gardien des Griffes Ardentes | #9B8127

24 nov. 2023, 14:28
Halte cap'tain !  L.G. 
Plus le temps de faire le détour par son dortoir pour se changer : Leo est déjà suffisamment en retard comme ça. Déjà de loin, elle aperçoit les silhouettes de ses coéquipiers décorer le ciel au-dessus du terrain d'entraînement et la rouge et or se met à courir dans cette direction. A peine arrivée, voilà que viouuuum, un gardien mécontent lui coupe le chemin. Le reproche tombe, verbalisant l'évident : la capitaine est en retard.

"Je sais, je suis désolée. J'ai sous-estimé le taux de fréquentation des barques aujourd'hui, j'ai pas réussi à en chopper avant. Vous avez bien fait de commencer en tout cas," ajoute la capitaine tout esquissant un petit mouvement en direction de leurs coéquipiers sans pour autant se défaire de sa mine désolée.

La rousse marque une courte pause le temps de prendre une profonde inspiration. Ce n'est pas la course qui l'a particulièrement épuisée - Leo court souvent et des distances bien plus longues que celle séparant les berges du lac noir du terrain d'entraînement-, mais plutôt l'épisode des barques. Se sachant déjà à la bourre, le rythme de balade tranquille des barques enchantées ne lui a pas convenu, aussi, la rousse n'a pas tardé à sortir les rames pour prendre les choses en main elle-même, propulsant énergiquement leur petite embarcation en avant. Sauf que voilà. Ramer c'est une chose. Ramer tout bataillant verbalement et en expliquant au groupe de troisième année que non, il est hors de question de se contenter du rythme de croisière magique, que rholala, quelques éclaboussures ça ne tue pas et que de toute façon, un impervius règlerait la question, que non ce n'est n'est pas "trop giga fatiguant" de ramer pour autant qu'ils la laissent se concentrer sur son objectif, ou que ouais, elle est batteuse et que justement, elle a son entraînement... c'est autre chose.

Bref, finalement, la barque est arrivée à destination et tout en bondissant hors de l'embarcation, la rousse s'est dit qu'en fait, elle devrait faire ça plus souvent. Peut-être même qu'elle parviendra à motiver Onyx et Orlaith pour ramer avec elle. Après tout, la musculation que cet aviron improvisé mobilise est franchement utile pour une batteuse.

Enfin voilà. Pour l'instant, c'est un tout autre entraînement qui demande son attention. Son balai et sa batte sont encore dans les vestiaires des Griffes Ardentes, tout comme une partie du matériel d'entraînement.

"Hé, comme t'es déjà ici Alex, tu peux vite fait m'aider à aller chercher piquets flottants et les cibles d'entraînement ?"

Leo n'a pas raté le regard froid que lui lance le Gryffon, ni son attitude criant l'agacement. Oui, elle s'en veut pour ce retard idiot et quelque part, elle comprend le mécontentement d'Alex. Mais convaincue que ça passera et que le commenter ne ferait que retarder encore plus l'entraînement, Leo décide de l'ignorer, adressant plutôt un petit sourire désolé à l'adresse de son coéquipier.

ˈli(ː)əʊ ˈʤɪnʤə
Flash McQueen, Flash McWin

24 nov. 2023, 19:57
Halte cap'tain !  L.G. 
Pas d'arrêt. Des excuses rapides. Alexander haussa les sourcils, alors que la capitaine continuait son chemin en passant à côté de lui. Elle n'allait pas se contenter de ça, si ? Elle n'allait pas faire comme si de rien était, chevaucher son balai et rejoindre l'équipe comme si son retard était absolument anodin ? Le gardien sentait déjà sa mâchoire se serrer, face à l'apparente désinvolture de Leo. Ne pas exploser. Et puis non, elle s'arrêta finalement pour reprendre son souffle. Ah, peut-être allait-elle s'excuser ? Reconnaître que depuis quelques temps, son investissement laissait à désirer ? Aller chercher des piquets flottants ? C'était une blague ? Elle le faisait exprès ? L'anglais ne prononça pas un mot et hocha la tête sèchement, avant de taper du pied sur le sol pour foncer en direction des vestiaires. Hors de question de marcher à ses côtés, le silence allait être pesant.

Finalement, c'est après avoir posé son balai contre le mur extérieur, qu'Alexander était entré dans les vestiaires, avant de s'appuyer contre le dossier d'un vieux fauteuil, les bras croisés. Si Leo voulait des cibles, qu'elle les récupère par elle-même. Mais d'abord une discussion s'imposait. Une fois la capitaine entrée, Alexander l'accueillit tout aussi froidement. « C'est pas la première fois. » Il tenta de capter le regard de la batteuse, posant sur elle un regard sévère. « Cette année, tu manques clairement de sérieux avec les entraînements. » Il marqua une courte pause avant de poursuivre, s'assurant qu'elle l'écoutait attentivement. « Tu leur renvoies quoi, comme image, aux nouvelles ? Que c'est pas grave d'être en retard ? Que l'entraînement, c'est pas sérieux ? Et aux autres ? Que comme t'es capitaine, c'est pas grave ? »

Impossible pour qui que ce soit de douter du caractère sérieux de ses propos. Alexander était déçu. Contrarié. Au fil de ses paroles, son ton se durcissait, malgré le calme qu'il tentait de maintenir. L'anglais ne souhaitait pas entrer en conflit avec Leo. Mais il devait lui faire part de ses doutes. Il ne plaisantait pas avec l'entraînement. Il ne plaisantait pas avec le Quidditch. Et il attendait la même chose de ses coéquipiers. Encore plus de celle qui était censée les diriger. « Tu devrais être là avant tout le monde sur le terrain. Pas parce que t'en as besoin. Mais parce que tu dois montrer que t'es la première à avoir la rage de récupérer cette coupe qu'on aurait du gagner l'an passé. T'es sûre que tu brûles encore d'envie de gagner ? J'ai pas l'impression. » Son discours, lui, était enflammé de passion. Sa détermination lui saisissait les tripes. Tant pis pour les formes, il fallait qu'elle se réveille.

Alexander, 4ème année RP, #MMG, Loustic problématique & Gardien des Griffes Ardentes | #9B8127

27 nov. 2023, 19:04
Halte cap'tain !  L.G. 
Le gardien qui décolle en trombe, laissant la rousse derrière lui. Et Leo qui se demande quelle mouche a bien pu piquer son coéquipier pour qu'il réagisse de la sorte, tandis qu'elle parcourt les mètres la séparant des vestiaires des Griffes Ardentes seule, à pied. Non sans inquiétude, à vrai dire, pas sûre d'entièrement saisir ce qui peut avoir suffisamment contrarié le quatrième année pour qu'il lui serve des mots aussi froids ou pire encore après qu'elle se soit excusée : plus de mots du tout.

En entrant dans les vestiaires, la capitaine se dirige tout droit vers l'armoire contenant le matériel, ouvre la porte mais n'a pas le temps de tendre la main pour récupérer les fameux piquets flottants que la voix d'Alexander se fait entendre à nouveau. Elle ne le voit pas, mais ce n'est pas nécessaire : Leo ressent sans difficulté la lourdeur des reproches pesant sur ses mots. Elle se retourne, se trouvant confrontée au regard plein de blâme du brun, regard qu'elle s'efforce de soutenir sans broncher.

Quoiqu'en réalité, elle n'a même pas besoin de faire d'effort pour rester ainsi figée : prise par surprise, Leo reste un moment incapable de répliquer, bien que son visage passe de la stupéfaction à une expression sincèrement blessée. Les paroles non seulement froides, mais également très dures, atteignant un nouveau grade du "pire" par rapport au silence de toute à l'heure, l'ont indéniablement prises par surprise.

Et Alexander profite de ce choc pour continuer à parler... jusqu'à ce que tombent des mots qui font à Leo l'effet d'un réel coup de cognard droit dans l'estomac. Violent, brutal, douloureux. Au moins, c'est ce qui finit par la sortir de sa stupeur : l'expression blessée se métamorphose une nouvelle fois et cette fois-ci, même si son regard continue de trahir la douleur provoquée par les propos d'Alex, son visage se referme et ses traits durcissent. Sa impulsion première aurait été de l'agripper par le col, mais l'anglaise se retient et se contente de serrer fort ses poings, peu importe ce qu'il dit, Leo refuse de s'en prendre physiquement à Alex. A pas lents, la batteuse s'approche de son coéquipier adossé à un fauteuil, s'arrêtant à moins d'un mètre de lui, plantant fermement son regard dans le sien.

Ses yeux se plissent et d'une voix étonnamment clame – et c'est-là précisément ce qui est curieux avec Leo : quand la colère ou l'émotion plus généralement atteignent un degré de très grande intensité, la Gryffonne passe généralement par une phase de grand calme... mais du même type de calme que celui qui précède une grande tempête.

"Alexander."

La capitaine n'utilise que rarement le prénom complet du rouge et or, s'arrêtant généralement à la quatrième lettre. Mais cette-fois, elle articule chacune des syllabes et s'il y prête attention, le gardien comprendra que Leo est on-ne-peut-plus sérieuse lorsqu'elle continue :

"Répète ce que tu viens de dire. La fin. Dis-le, vas-y. Insulte-moi si tu veux, mais fais-le en me regardant droit dans les yeux."

Parce que c'est ça, la nature du coup de cognard qui l'a tant percutée. L'insulte. Avec toute l'énergie que la batteuse investit dans le Quidditch, tout le temps, toute la passion, comment ose-t-il affirmer – non, comment ose t-t-il ne serait-ce que penser – que Leo Ginger n'est plus animée par l'intense envie de gagner ou qu'elle néglige les entraînements ?

En réalité, beaucoup d'éléments l'ont dérangée dans les propos d'Alex. Pas dans le fond – Leo n'est nullement une capitaine fermée à la critique, au contraire – mais dans la forme. Dans ce ton sévère, affirmatif, qu'aurait également pu avoir un parent, ou à Poudlard peut-être plutôt un directeur de maison, en s'entretenant avec un élève décevant, pas suffisamment assidu en cours. Ce ton affirmant qui se place dans une hiérarchie qui n'a pas lieu d'être : exprime sans soucis ton avis, mais dis-moi pas quoi et comment faire. Et Leo le communiquera probablement, ce problème-là...

Sauf que pour l'instant, tout ça est relayé au second plan, éclipsé par les derniers mots d'Alex, les seuls qui résonnent douloureusement dans son esprit. Et encore : les mêmes mots prononcés par un élève lambda n'auraient certainement pas eu le même effet. Ou par un adversaire. Voire même par quelqu'un comme Elfie, car Leo l'a compris : Elfie est toujours en colère contre quelque chose, toujours mécontente, toujours en train de râler et la capitaine a appris à faire avec, à ignorer en partie. Mais là, ce n'est pas Elfie face à elle, c'est Alex. Et ça, ça fait mal. Vraiment mal.

ˈli(ː)əʊ ˈʤɪnʤə
Flash McQueen, Flash McWin

27 nov. 2023, 19:50
Halte cap'tain !  L.G. 
Touchée. Alexander attendait une réaction de Leo. Il était évident qu'elle ne resterait pas là sans rien dire, à chercher ses piquets flottants pour l'entraînement qui d'ailleurs, ne devait plus être la priorité pour elle à ce moment-là. Quant à savoir quelle réaction il imaginait, il n'en savait rien. Mais il n'était pas tellement surpris de voir le visage de la capitaine passer de stupeur à ce qu'il interprétait comme de la colère. Et pourtant, la batteuse, qui se dressait devant lui poings serrés, ne l'impressionnait pas du tout. Une insulte ? Depuis quand poser les questions qui le tourmentaient s'apparentait à une insulte ?

Il haussa les épaules et son regard se planta dans celui de la sixième année. « Est-ce que t'as encore la rage de vaincre ? » Sans doute, d'après sa réaction. Alexander se redressa et décroisa les bras. Même si le moyen d'obtenir une réponse avait vraisemblablement blessé sa coéquipière, en témoignait le regard qu'elle affichait, il était au moins rassuré sur ce point-là. Si elle était affectée, c'est que le Quidditch comptait toujours. Mais peut-être n'était-ce là pas la seule conclusion qu'il pouvait en tirer. Il n'en était plus vraiment au stade des questions.

La tension venait de monter d'un cran dans le vestiaire, mais si le gardien voulait que son message soit entendu, un conflit ouvert n'était pas une option. Avançant de quelques pas, il se dirigea vers le panneau d'affichage du vestiaire, sur lequel trônaient fièrement les photos de l'équipe au fil des saisons. Et sur ces photos, une constante, depuis de nombreuses années. Cap'tain Ginger. Il resta quelques secondes à les contempler, avant de se retourner vers la batteuse, pointant la photo qui avait été prise en 2047. « À ce moment-là, j'étais fier de dire que tu étais notre capitaine. » Étais fier. Il se détourna du panneau avant de poursuivre, le ton bien plus calme que celui qui avait animé ses premiers reproches. « Quand je te regardais, quand je parlais de toi, j'avais l'impression qu'un océan nous séparait. » Et l'océan s'était refermé, petit à petit. Pourquoi ? Il n'était pas sûr de pouvoir répondre de façon exhaustive à cette question.

Ce manque de sérieux à l'entraînement n'était sans doute que la partie émergée de l'iceberg. En réalité, Alexander avait d'autres reproches à formuler, mais au vu de la réaction de Leo alors qu'il n'avait fait que souligner son manque d'assiduité aux entraînements ne laissait rien présager de bon s'il décidait de livrer tout ce qu'il avait sur le cœur. Et pourtant, même s'il ne voulait pas blesser la batteuse plus que de raison, il ne pourrait pas garder tout ce qu'il pensait pour lui indéfiniment. « Leo, si je te parle de tout ça, c'est parce que je sais que tu peux faire mieux. Je sais que t'en as dans le ventre. Mais je ne reconnais plus la capitaine que j'ai admiré ces deux dernières années. » Alexander soupira et se rapprocha de sa coéquipière, posant un regard déterminé sur elle.

« C'est quoi, pour toi, être capitaine ? »

Alexander, 4ème année RP, #MMG, Loustic problématique & Gardien des Griffes Ardentes | #9B8127

28 nov. 2023, 12:54
Halte cap'tain !  L.G. 
La tempête... eh bien elle n'arrive pas. Alexander ne se laisse pas intimider, ne choisit pas la délicatesse non plus lorsqu'il répète ce à quoi la capitaine l'exhorte. Au moins, il assume... mais en l'entendant à nouveau formuler cette question au sous-entendu si blessante, c'est surtout un grand sentiment de vide s'installe dans le cœur de Leo. Comme si plus que de simplement la percuter, ce cognard de reproches avait laissé un grand trou quelque part, emportant avec lui une partie de la colère qui aurait pu arriver en réaction, ou laissant derrière lui une colère qui se retrouve étouffée dans un mélange de tristesse et de douleur.

Le gardien se décolle du fauteuil et se dirige vers le panneau d'affichage. C'est le regard vide que la batteuse le suit des yeux, prenant mécaniquement sa place à l'appui contre le dossier. Il parle d'admiration et de fierté. Leo comprend finalement qu'au-delà de la critique d'une façon de faire qui ne lui convient pas, c'est de la déception, aussi, ce que son coéquipier est en train d'exprimer. Je l'ai déçu. Déception vis-vis de la capitaine, déception vis-à-vis de moi... oui, Alex est déçu de moi. Ouch. Une nouvelle fois.

Leo détourne la tête : elle sent les larmes qui menacent de monter mais lutte pour les refouler, serre la mâchoire, fixe stoïquement un endroit sur le mur le temps de s'assurer que la menace s'est dissipée. Elle ne veut pas montrer à son coéquipier à quel point ses paroles l'affectent et tente de se rassurer, t'est forte Leo, ça va aller. Et dans une certaine mesure, cela semble effectivement fonctionner puisqu'elle parvient à répliquer qu'une voix un peu plus tranchante que ce qu'elle n'aurait voulu :

Qu’est-ce que tu me reproches, au fait ? D’avoir répondu favorable à la demande de Brit pour aller à cet atelier de Mabon en pensant que ouais pourquoi pas, ça pourrait être une activité sympa pour la cohésion d’équipe… sauf que les deux seuls qui sont fichus d’apparaître c’est elle et toi, parce que de toute évidence reste, il s’en fiche de l’équipe, il pense qu’à lui-même ?

Les mots claquent, Leo en veut toujours à ses coéquipiers de ne pas être venus audit atelier. Alors que la cohésion d'équipe, ils en ont cruellement besoin... l'attitude de certains le jour de l'accueil d'Orlaith et d'Alyssa n'a pas échappée à la capitaine. Et c'est sans même parler de ce qu'il s'est passé dans la salle sensorielle, l'année passée. Leo se redresse, son regard s'est à nouveau planté dans celui du gardien.

Oh ou peut-être que tu me reproches de m’être rendue au cours obligatoire avec Londubat et O’Belt qui, m’a foi, est tombé durant un entraînement, parce que bah oui, quand on s’entraîne autant que nous, les chances que ça tombe durant un entraînement son plutôt élevées ?"

Mais ce n'est pas tout :

Si tu me reproches le retard d’aujourd’hui, plaide entièrement coupable. Et encore une fois, j’en suis désolée. Mais c’est arrivé une fois, la première en plusieurs années. Si c’est de là que tu tires tes conclusions, je te trouve très dur.

Oui, elle prend sur elle cette faut-là. Entièrement, totalement, de façon assumée. C'était évitable, elle aurait dû l'éviter. Mais Merlin, une erreur suffit pour lui tomber dessus de la sorte... elle a de la peine à comprendre. Forcément qu'il doit y avoir autre chose derrière, quelque chose qu'elle ne parvient pas à saisir totalement.

Son titre de capitaine, par exemple... la dernière question d'Alex la prend de court. Leo soutient son regard quelques secondes, réfléchit puis commence. Doucement, puis de plus en plus rapidement, intensément :

J’observe des cours de vol, je pars en quête de nouvelles potentielles recrues, j’essaie de faire progresser les joueurs justement pour outrepasser l’océan dont tu parles, je négocie des dérogations au couvre-feu pour ne pas devoir renoncer à un entraînement à cause de nos emplois du temps, je me retrouve convoquée quand des coéquipiers se comportent à côté de la plaque, j’essaie d’écouter les besoins des joueurs, j’en viens à me demander si je ne suis pas trop exigeante quand on m’informe de bilans de santé problématiques, ou au contraire, pas assez quand je t'entends, j'essaie de trouver un équilibre entre être capitaine, prendre la responsabilité et les décisions et en même temps, rester proche de vous sans me surélever, je passe plusieurs heures par semaines en plus des entraînements à réfléchir et à préparer ces entraînements pour qu'ils soient aussi riches, divers et pertinents que possible, j’essaie de faire tenir ensemble une équipe au fond éclatée, qui tient tout juste ensemble quand elle a l’uniforme mais dès qu’on quitte le terrain, bonjour les hostilités, plus d’efforts, parce qu’au fond, chacun s’intéresse à sa propre gueule d’abord. Alors voilà, être capitaine ça me bouffe mon temps, ça me bouffe mon énergie. Mais je ne m'en plaindrai pas une seconde, je le fais avec le cœur parce que le Quidditch, c'est LA chose que j'aime faire. Alors peut-être que t'en as pas l'impression, mais si, je le fais avec passion et j'essaie de me donner à fond.

Leo a parlé d'une traite, rapidement, sans s'interrompre, s'accordant à peine le temps de prendre de l'air entre les mots, poussée par le mélange colère-tristesse-douleur, le premier luttant contre le deuxième, prenant tour à tour le dessus au fur à mesure qu'elle s'échauffe et déverse cette cascade de phrases non-ponctuées au Gryffondor. Le Quidditch occupe une immense partie de sa vie. Non seulement de son quotidien - si on fait un graphique des occupations et activités de Leo, on verra rapidement la portion Quidditch sortir du lot - mais également de ses projets pour le futur. L'ISMI. Le Quidditch professionnel. Les Harpies, l'équipe nationale...

"J'ai pas besoin que tu m'admires, Alex. Mais juste un peu de..."

La fin de la phrase reste en suspens, car entendant l'immanquable tremblement qui empreint sa voix pour ces derniers mots, Leo se mord immédiatement l'intérieur de la joue pour tenter de ravaler l'émotion trahie par ce vacillement. Caaalme Leo, ça va ça va ça va. Et avec un peu de chance, Alex ne l'a pas remarqué.

Sauf que voilà, pour la première fois, Leo commence à douter. Elle a toujours considéré le doute comme un parasite, quelque chose qui monte lentement et s'installe pour paralyser les actions et empêcher à progresser et aller de l'avant. Et la batteuse de Gryffondor l'a toujours combattu en conséquence, avec toute son assurance et sa détermination.

Mais peut-être... comme le doute ne vient pas d'elle-même mais d'une personne qu'elle estime et dont elle respecte les opinions, quelqu'un dont l'avis compte réellement... peut-être que qu'en réalité, il faut douter et se remettre en question ? Oui, elle donne tout ce qu'elle a, donne son temps et son énergie au Quidditch, est prête à faire des sacrifices comme l'apprentissage de la lange des êtres de l'eau qui n'a plus réellement trouvé de place dans son emploi de temps de l'année passée... mais si ce n'est pas assez ? Leo met quelques secondes à s'y résoudre, mais finalement, elle ose demander :

"Alex, tu dis... tu penses... que je n'ai pas, ou plus l'étoffe de capitaine ?"

Alex arrête les souafles... mais bonne chance pour ce torrent de mots :ninja:

ˈli(ː)əʊ ˈʤɪnʤə
Flash McQueen, Flash McWin