J'avais beau enchaîner les petits boulots partout dans le pays, je trouvais toujours un temps pour venir voir mes parents dans leur petite mais chaleureuse librairie-papeterie à Bolton. J'avais grandi ici, et c'est d'ailleurs entre ces murs que ma passion pour le matériel de bureau avait commencé.

J'adorais venir ici pour donner un coup de main de temps à autre, ça me rappelait de bon souvenir., innocent, pur et joyeux. Je me revoyais encore, gamin, à rester pendant des heures devant le présentoir à carnet, en train d'hésiter entre deux modèles. Ou à aider mon père à ranger les produits dans les rayons.

Même si j'avais voulu travailler à plein temps ici, je n'aurais pas pu. La magie avait une place bien trop importante dans ma vie pour que je la laisse tombé, malgré tout ce que j'avais vécu.

La voix de ma mère ne tira de mes pensées. J'étais en train de ranger des livres dans les étagères du haut, afin d'éviter à mes parents âgés de prendre des risques en montant sur un tabouret. Je suspendis mon mouvement et me tournai vers la femme qui m'avais élevé. Ses cheveux roux, anciennement flamboyants, étaient maintenant d'une couleur plus douce, tirant presque sur le brun et on pouvait voir des mèches grises commencer à prendre place. Malgré son visage fatigué par le temps, elle avait toujours ses yeux d'une douceur exquise qui vous donnaient le sourire.

- Tu pourrais aller t'occuper de la papeterie, sur le présentoir, près de l'entrée ?

Je finis de poser le livre avant de descendre de mon perchoir et de répondre à ma mère avec un sourire.

- Aucun problème, repose toi.

Elle prit un air faussement offensée.

- Dis tout de suite que je suis vielle !

Avant de disparaitre au détour d'une étagère, je lui répondis malicieusement avec un sourire rempli d'amour.

- Je n'oserais pas voyons, j'aurais trop peur des conséquences !

J'entendis son petit rire discret avant de me diriger vers ma nouvelle tâche.

Les parents lui avaient annoncé l'avant-veille : ils avaient décidé d'un petit voyage en famille pour quelques jours. Tous les trois.
Après avoir dit au revoir à Granny et Grand-Père, ils s'étaient arrêté à Londres, à la maison, pour faire rapidos les bagages. Au programme, route vers le nord de l'Angleterre. Manchester.
Son père voulait en profiter pour les emmener voir un match au Stade et sa mère souhaitait faire des balades dans les coins pittoresques. En plus, sa mère avait une amie dans une ville à côté, ce serait donc l'occasion de lui rendre visite pour un thé.

Après la grande discussion qu'elle avait eu avec Granny, Constance avait la tête pleine d'infos et ce long voyage jusqu'en haut du pays allait lui donner l'occasion de réfléchir à tout ça.
Ils étaient arrivés ce matin après avoir fait un arrêt à Birmingham la veille au soir dans un Airbnb. Après avoir posé leurs bagages dans le B&B où ils logeraient à Manchester, son père avait repris le volant direction Bolton.
Constance comme lui n'étaient jamais venus ici, de sorte qu'ils regardaient tout avec attention. Sa mère, elle, était souriante, ravie de revoir son amie, leur indiquait avec bonne humeur la direction à suivre.
Le thé fut très agréable et ils prirent congé au final qu'après un peu plus de deux heures vu que l'amie de sa mère les invita pour le déjeuner. Alors qu'ils repartaient, ils passèrent en voiture devant une librairie et spontanément, les parents décidèrent de s'arrêter. Et pourquoi pas aller flâner dans Bolton ? L'occasion de faire un peu de tourisme sans prise de tête.

C'est ainsi que Constance poussa la porte de la librairie, le regard papillonnant partout. La boutique n'était pas très grande mais semblait proposer tout un éventail de lecture. Pas loin, un présentoir dédié à la papeterie. La châtaine s'y arrête, dans ses pensées, ses doigts glissant nonchalamment sur des tranches d'agendas, son regard effleurant des stylos plume, des blocs de papier-lettre...

- Constance ? Tu nous dis si tu as besoin de quelque chose, l'interpella au loin son père.
Elle acquiesça et sourit avant de reprendre sa flânerie à travers les rayons. Un regard bref vers ses parents et elle avisa sa mère avec déjà deux bouquins dans les mains, lisant la quatrième de couverture. Elle ne savait pas pour combien de temps ils seraient là mais cela ne la dérangeait pas. L'ambiance était agréable, le décor chaleureux. Bon, c'est sûr, pas de bouquins sur le thème des créatures magiques ou la Magie en tant que telle, ici, mais elle pourrait sûrement dénicher un nouveau roman.

@Jasper Ashdown

J'aimais beaucoup ce que je faisais, être ici était comme être dans une parenthèse. Je pouvais me détendre, être moi-même sans qu'il n'y ait de chose à gérer. Bien sûr, c'était une illusion, mais ce magasin ainsi que la maison de mes parents me procurait cet effet-là.

Je prenais des stylos pour les poser sur le présentoir en me demandant pourquoi les sorciers n'avaient pas pris la même idée. Les plumes, bien sûr, c'était magnifique et j'adorais ça, mais il fallait avouer que ce n'était pas le plus pratique. Surtout quand on était né moldu comme moi et qu'on débarquait à Poudlard en n'ayant jamais utilisé qu'un stylo.

Alors que je posais les derniers stylos, je vis une petite fille flâner dans les rayons. Elle me faisait pensé à moi, j'adorais me rendre dans ce genre de boutique sans but précis. Il y avait tellement de chose qu'au final, j'étais incapable de faire un choix et je repartais soi avec beaucoup trop de chose, soi rien du tout car mon cerveau n'avait pas réussi à faire le tri. M'approchant d'elle, je l'interpellais gentiment.

- Bonjour petite, tu as besoin d'aide pour quelque chose ?

Elle n'était plus si petite que ça, mais j'avais pris l'habitude d'appeler les enfants comme ça, j'utilisais l'adjectif affectueusement. Après tout, la plupart du temps, ils restaient des enfants qu'il fallait protéger.

Elle flânait tranquillement dans l'une des étroites allées de la petite librairie, son regard effleurant tantôt tels dos de bouquins, tantôt accrochant certains titres qui lui disaient vaguement quelque chose.
Son esprit oscillait entre les lectures qu'elle avait pris l'habitude de lire avant de faire sa rentrée à Poudlard, il y a de cela un an, et celles qu'elle prenait plaisir à bouquiner maintenant.

Mine de rien, son entrée dans le Monde Magique avait ouvert le champs des possibles et bien qu'elle continuait de lire de temps à autre un roman issu de la communauté non-magique - difficile de résister en même temps, surtout avec Johann qui lui conseillait moultes titres - elle avait bouquiné avec beaucoup d'entrain et de curiosité des ouvrages portant sur les créatures magiques, l'Histoire de la communauté sorcière, les légendes...

Une voix la tire soudain de sa rêverie et ses yeux papillonnent brièvement vers la source. Un homme à l'allure plutôt juvénile se dressait devant elle, un air affable et curieux sur ses traits Il la regardait avec attention et gentillesse mais un mot l'avait toutefois surprise.
Petite ? C'est à elle qu'il parlait ?!

Machinalement, elle tourne furtivement son visage pour vérifier s'il n'y avait pas d'enfant derrière elle mais l'allée était vide mise à part eux.
Peuh-tite, non mais il croit que j'ai quel âge ? J'ai douze ans quand même ! Puis, j'suis dans la taille moyenne eh oh.
Une partie d'elle avait envie de s'offusquer mais vu qu'ils ne se connaissaient pas et qu'il était un adulte, elle préféra se retrancher dans un respect automatique qui était l'une des valeurs qui avaient bercé son éducation.

Un mince sourire étira brièvement ses lèvres, bien qu'il n'allait pas jusqu'aux yeux.
- Bonjour, Monsieur - il n'était pas très âgé mais s'il voulait jouer à ce petit jeu de l'âge, alors elle aussi pouvait s'y engouffrer, avec une bonne couche de respect, bien sûr - c'est gentil, mais ça va, je ne fais que regarder. Votre petite librairie est très sympathique.

Et sans qu'elle puisse s'en empêcher, sa langue se délia davantage :
- Vous travaillez depuis longtemps dans cette librairie ?
Sous-entendu à peine voilé de son grand âge, bien qu'elle se doutait qu'il ne fut pas si âgé - ça s'trouve il état encore étudiant que ça ne l'étonnerait pas.
Et tac, dans les dents, ça c'était pour le "Petite".

@Jasper Ashdown, je n'ai pas pu résister, Constance a quand même 12 ans à ce moment-là

Je levai un sourcils en voyant la jeune fille insister sur le mot "monsieur", puis sur "longtemps". Il y avait un problème ? Puis, je me souvins que je l'avais traité de petite. Bien que j'utilisai souvent ce qualificatif pour les enfants, elle, devait s'approcher doucement de l'adolescence et moins apprécier cela. Pourtant, moi, je trouvai ça plutôt mignon et gentil. Enfin bon. En tout cas, sa tentative de me faire grincer des dents fut un total échec, car c'était évident que pour une personne de son âge, je sois déjà considéré comme un vieux. Mais tout de même, quelle impertinence !

- Je ne travaille pas ici, expliquai-je comme si je n'avais pas relevé son sous entendu sur mon âge, je donne de temps à autre un coup de main aux gérants, qui ne sont autre que mes parents.

Techniquement, oui, actuellement, je travaillais ici, mais ce n'était que pour quelques jours, ce n'était pas mon vrai travail. En vérité, je n'en avais plus vraiment. J'avais eu du mal à remonter la pente suite à l'attentat de Sainte-Mangouste, et ne souhaitais pas reprendre un travail dans ce domaine, du moins pour le moment. J'avais rejoins l'hôpital de campagne en 2046, c'était vrai, mais pas que pour aider les miens, c'était également un moyen de me protéger moi-même. Je relevai la tête. Je n'aimais pas repenser à cette période sombre.

- Tu es venue ici toute seule ? demandai-je pour changer de sujet mais également pour que mon attention soit portée ailleurs.

Soit il n'avait pas saisit le sous-entendu comme elle l'espérait soit il avait décidé de royalement ignoré tout ceci. Et mine de rien, son petit doigt lui disait que ses sous-entendus venaient de se prendre un vent. Magistral.
En même temps, c'est un adulte, jeune, mais censé être mâture alors...

Constance écouta son explication et hocha la tête pour marquer sa compréhension, son regard voguant déjà nonchalamment sur les étagères à proximité. Une librairie comme lieu de travail... ça doit être plutôt cool. Pis, comme enfant, t'as un champs des possibles incroyablement vaste concernant la lecture !

- Plutôt cool quand on aime lire, indique-t-elle à voix haute avec approbation. J'veux dire, d'avoir des parents libraires. Vous avez pu en lire des tonnes de bouquins, dit-elle avec un mélange d'envie et d'admiration.

La question que le jeune homme lui posa changea radicalement le sujet de discussion et Constance le considéra, intriguée, la tête légèrement penchée sur le côté.
- Non, j'suis avec mes parents, on est là en... tourisme ?

Tiens, quand on parle du loup, on en voit la queue...

En effet, la mère de Constance, avançait prudemment dans leur direction. En même temps, en tant que mère, elle était surprise d'entendre la voix de sa fille dans l'un des rayonnages et la voir converser avec un inconnu. Okay il était jeune et ne semblait pas mystérieusement néfaste mais tout de même...
- Constance ? Tout va bien ? Bonjour, salue-t-elle poliment le brun en se postant aux côtés de sa fille.
Son regard était interrogateur et poli. Un brin intrigué aussi : de quoi sa fille et ce jeune homme parlaient-ils ? Se connaissaient-ils d'une quelconque manière ? Elle, elle ne l'avait jamais vu, ça elle en était sûre. Ou bien sa fille lui avait demandé un renseignement ?

Mary Nelson coula un bref regard vers les mains vides de Constance.
- Tu n'as besoin de rien ? Pas de bouquin, marque-pages, crayons... ?
- Non, non, j'crois qu'ça va... après... p't'être un bouquin, j'vais voir... A moins qu'Papa et toi vous ayez déjà fini votre tour ?
Sa mère hocha négativement de la tête avec un bref sourire complice avant de replonger son regard dans celui du jeune homme.

@Jasper Ashdown Et voilà Mrs Nelson qui arrive qui ressemble beaucoup à sa soeur...

Cela devait sans doute être le rêve de centaines de lecteurs à travers le monde. Grandir entouré de livres, dans une librairie. Mais, bien que j'appréciais également beaucoup cet aspect de la boutique de mes parents, ce n'était pas les ouvrages qui faisaient le plus mon bonheur, mais la papeterie. Je pouvais rester plusieurs heures devant un présentoir à observer des carnets magnifiques aux reliures dorés ou cuivrés en me demandant lequel je prendrais si j'étais un client. Mes parents n'hésitaient d'ailleurs pas à me faire tester les produits, ce qui m'enchantais. Je rendais l'utile à l'agréable et me sentais investi dans l'entreprise familial.

J'acquiesçai quand la jeune fille m'expliqua être là pour les vacances avec ses parents. Ce fut d'ailleurs à ce moment précis que sa mère débarqua. Son visage ne m'était pas inconnu, je connaissais cette femme, j'avais son nom sur le bout de la langue, mais impossible de remettre le doigt dessus. Je la saluai comme il se devait, mon cerveau marchant toujours à cent à l'heure. Il fallait être logique. J'avais sans doute pu la rencontrer dans deux endroits. Sainte-Mangouste, mais ça m'étonnerait car je connaissais la plupart de mes collèges là-bas, ou alors Poudlard. Et son nom me revint ainsi en mémoire. Judith. J'interrogeais la femme en face de moi, sans toutefois paraître sûr de ce que j'avançai. Si je faisais erreur et que j'évoquai Poudlard et la magie devant une moldue, j'allais me retrouver dans de beaux draps.

- Excusez-moi, mais êtes vous Judith ? (je réfléchis un instant pour me souvenir de son nom de famille) Judith Moore ?

Les mots étaient sortis. Bien que ce ne sont que des mots, ils ont pourtant un sens particulier, de l'impact. Mary Nelson se fige, son regard planté dans celui du jeune homme aux lunettes.
Elle se sent raidir de tout son être tandis que son coeur bat un peu plus fort. Qu'est-ce qu'il vient de dire là ?
Il avait prononcé son nom, l'avait pris pour elle. Ce qui impliquait qu'il la connaissait. Poudlard. Magie. Constance.

Derechef, Mary place une main sur l'épaule de sa fille qui, elle aussi fut surprise d'entendre distinctement et à mots découverts, sur un ton naturel, le nom de sa tante disparue. Bien que surprise, la châtaine fut prise d'un mélange de sentiments : de l'inquiétude par rapport à sa mère et de la curiosité par rapport au jeune homme. Ainsi il connaissait Judith ? Quelle chance !

Elle qui se posait tant de questions et souhaitait mener sa petite enquête sur cette tante inconnue sorcière, voilà que le Destin lui servait sur un plateau une piste à creuser. Sauf que. Sa mère était présente. Il l'avait pris pour elle. Mais après tout, ce n'était pas si étonnant. Sa mère et sa tante se ressemblaient pas mal, elle avait vu les photos, surtout quand elles étaient plus jeunes.
Autant elle brûlait d'envie de lui demander directement d'où il connaissait Judith - bien qu'elle se doutait qu'il y avait de fortes chances qu'elle soit face à un sorcier et pas un jeune homme lambda - autant elle sentit avec acuité les doigts de sa mère sur son épaule. Une main qui se voulait protectrice et qui pouvait aussi vouloir dire "viens, on s'en va".

Constance tourne donc son regard vers sa mère, prudente. Qu'allait-elle dire ? Faire ?

- Non, je ne suis pas elle. Vous faites erreur, dit simplement sa mère sur un ton plus froid que cordial.
Elle évite mon regard, Maman, regarde moi.

Mais peine perdue, Mary Nelson gardait son regard vissé à celui du monsieur et Constance se sentit mal à l'aise. Que faire ? Proposer à sa mère d'aller continuer son tour dans la librairie pour qu'elle puisse davantage interroger le fils des libraires ? Son petit doigt lui disait qu'il y avait de fortes chances que sa mère la condamne d'un regard et veuille s'en aller tout court, tout de suite.
C'était ça le problème avec elle, elle souhaitait - pour se "protéger" - mettre autant de distance que possible avec cette histoire familiale. Sauf que ce n'était pas vraiment une solution, surtout pour Constance qui voulait aller de l'avant et en apprendre davantage.

Sachant qu'intervenir auprès de sa mère était peine perdue, elle reporte son regard vers l'homme aux lunettes. Subrepticement, elle hoche de la tête, espérant qu'il aperçoive son regard et son air. Silencieusement, elle voulait lui dire "mais on la connait, c'est ma tante".

@Jasper Ashdown

Au vue de la tête que tirait la femme en face de moi, j'avais du sortir une bombe s'en le vouloir. Je jurais intérieurement. Ce n'était pourtant pas mon genre, de mettre les pieds dans le plat comme ça. Mais comment aurais-je pu deviner que Judith avait des ennemis ? Ou du moins, des connaissances peu cordiale. Car oui, il était sûr que la femme connaissait Judith. Comment expliquer un tel comportement, sinon ?

- Oui, bien sûr, répondis-je posément malgré l'atmosphère électrique en regardant la femme dans les yeux, je ne suis pas très physionomiste, excusez-moi.

Elle ne semblait pas vouloir me lâcher du regard, alors je fis de même. Judith n'était pas une mauvaise personne, alors pourquoi cette retenue, comme si j'avais évoqué le nom d'une prisonnière à Azkaban ?

Un regard rapide à la jeune fille me fit comprendre qu'elle connaissait également Judith. Elle semblait vouloir quelque chose de moi, mais impossible de savoir quoi. Et trop m'attarder sur le sujet devant sa mère qui était prête à me tuer si son regard avait lancé des éclairs ne me semblait pas être une idée très judicieuse. Il fallait que je change de sujet, et vite.

- Votre fille m'expliquait que vous étiez en vacances, dis-je avec légèreté, je m'inquiète toujours un peu quand je vois des enfants seuls, j'ai peur qu'ils se soient perdus, ajoutai-je pour justifier d'avoir interroger sa fille, on n'est jamais trop prudent. J'espère que vous appréciez le coin, il y a pleins d'endroits très beaux à voir.

Mary Nelson entend avec un soulagement imperceptible les paroles du jeune homme. Elle n'est pas dupe, s'il a cru reconnaître Judith en ses traits, c'est bien parce qu'il l'a connut. Mais elle lui sait grée de ne pas insister. Aussi pince-t-elle les lèvres légèrement tout en lui adressant un bref hochement de tête. Tournant son regard vers Constance, elle perçoit alors le regard insistant de celle-ci et, à moitié agacée à moitié embarrassée, détourne le sien tout aussi rapidement qu'il n'était arrivé sur elle.

Les lèvres du jeune homme s'entrouvrent à nouveau, laissant un flot de paroles en sortir, sur un ton qui se voulait léger. Mary n'était pas dupe et bien qu'elle était contente de changer de sujet, une partie d'elle avait envie de tourner les talons. Aussi quand il mentionna que Constance lui avait "expliqué" qu'ils étaient en vacances, elle tourne un regard un brin accusateur vers sa fille.
Alors comme ça, on raconte sa vie aux inconnus ?


Lorsque Constance croisa la première fois le regard de sa mère, elle n'eut pas le temps d'ouvrir sa bouche que celui-ci s'était déjà enfuit. Mais elle avait saisit le regard froid maternel. Elle pinça alors les lèvres, un brin agacée par l'attitude maternelle alors qu'il n'y avait rien de grave en soi.

Lorsque le monsieur de la librairie reprit la parole, la châtaine discerna sans mal son embarras et bougea elle-même d'un pied sur l'autre. Elle cherchait mentalement un moyen de lui parler sans sa mère. Comment faire pour que sa mère reparte en sens inverse et la laisse questionner le pseudo-libraire à propos de Judith ? Etait-ce même seulement envisageable ?

Le second regard de sa mère, elle le perçoit et cette-fois, c'est elle qui dévie le sien. Rooh c'est bon, j'ai rien dit de grave ni d'important. C'est pas comme si j'avais donné notre adresse non plus.


- Effectivement, répond platement Mary Nelson qui en bonne anglaise éduquée ne se voyait pas tourner les talons de façon si impolie.
Il avait choisit délibérément un sujet plus "léger", elle se devait de le noter.
- Je connais un peu le coin, j'ai une amie qui habite pas très loin. Et vous... vous travaillez ici depuis longtemps ?
Ô pourquoi avait-elle posé cette question ? Elle se le demande elle-même aussi vite que les mots furent prononcés. Cela pouvait paraître comme une question lambda mais mine de rien, s'il était ce qu'elle pensait qu'il fut - un sorcier - alors le sujet "Judith" n'était pas très loin. Intérieurement, elle s'en veut mais feint de son mieux de ne rien laisser paraître.

Constance de son côté, écoute l'échange en silence, son esprit cherche encore un moyen d'enlever sa mère de l'équation. Car ce jeune homme possède des informations qui l'intéresse. Grandement.

Prétexter aller chercher un nouveau bouquin avec elle ? Et alors qu'elle se dirige vers la caisse... trouver une excuse pour revenir en arrière et le voir, lui ? Oui mais est ce que ça pourrait marcher ? Maman pourrait voir mon plan venir de loin. Faut qu'j'sois rusée. Crotte, j'fais ça comment moi ?

Ses prunelles tombe alors sur ses chaussures. La technique du lacet pourrait-elle fonctionner ? C'est bête à manger du foin mais bon, ça coûte rien d'essayer, non ?

@Jasper Ashdown