30 minutes après l'heure du crime
Couloirs du deuxième étage
samedi 5 décembre 2048
00h30
@Ezra Waite

Ne me demandais pas pourquoi je suis dans les couloirs à cette heure ci, je n'en ai aucune idée. Une intuition. Toujours est il que minuit à du sonner depuis bien longtemps et que je suis hors de ma salle commune. Mr. Charleston va vraiment commencer à croire que je cherche les ennuis.
Au départ je comptais sortir dans le parc. Avant de me rappeler que la grande porte était fermée. J'ère dons dans les couloirs sans vraiment de but, comme bien trop souvent à mon goût. Je fis tout de même attention de ne pas descendre au rez-de-chaussée, l'écho que produit la hall d'entré une fois vide risque de me faire repérer. Pas vraiment envie de ma faire coller encore une fois. Surtout que ça fait même pas un mois. Mes pensées me firent soupirer. Je n'avais pas tellement envie de repenser à cette colle. Pas encore. Je m'assis, dos au mur. La tête ailleurs, j'avais complètement perdu le comte de l'étage auquel j'étais. Tiens, les salles d'étude. Le deuxième étage alors. Etrangement, je n'étais pas fatigué. Je l'étais moins en se moment. Pourtant ce n'était pas les activités qui manquais. En fait ce n'était pas réellement quelque chose qui m'empêchait de dormir, mais plutôt quelqu'un à qui je n'arrête pas de penser… Pfff. La nuit va être longue encore une fois.

223 mots

Dans la salle d'étude éclairée par le seul éclat blanc d'une lune pleine, ma haute carcasse étirait sur le sol une ombre maigrelette. Il faisait nuit désormais. Le temps avait filé alors que j'étais concentré à parfaire la maitrise de certain sortilège. La fatigue guettait, je décidais d'en rester là pour ce soir.

Me dirigeant sans un bruit vers la porte, je lançais un Alohomora sur le loquet et rejoignais le couloir desservant le deuxième étage. Minuit était passé, le château endormi désert je m'avançais avec assurance, pressé de rejoindre les sous sols quant, à quelques pas devant moi, j'aperçus au niveau du sol un garçon qui semblait attendre adossé contre le mur. Je l'interpellait d'une voix basse :

"Hey ! Qu'est ce que tu fais là ? Tu cherches à te faire punir ?"

J'avais déjà vu des comportements étranges, des élèves hagards ou survoltés à l'idée d'arpenter ce château la nuit mais jamais qui attendaient de se faire gauler par Mr Kohler. Cet homme ne me plaisait guère, c'était comme... c'était comme s'il y avait un truc qui clochait chez lui. Rien que l'idée de le voir se pointer là...

"La salle de Gryffondor est si nulle que ça que t'as décidé de tuer le temps ici. T'es quand même pas perdu ? "

Si c'était ça, c'était vraiment la latche*.

* Du romani latchav : la honte

@Lyam COYLE

Soudain, j'entendis le léger déclique d'une porte qu'on ouvre. Je vis quelqu'un s'approcher de moi. Un moment j'eus peur que ce ne fut un adulte et que s'emplirait d'une nouvelle sanction mon dossier disciplinaire. Mon cœur se mit à battre plus vite le temps de quelques secondes. Mais non, ce ne fut qu'un élève. De ma classe. Il était à Serpentard. Ezra.

Malgré le faible son que produit sa voix, je n'eus aucun mal à entendre ce qu'il dit. Ce que je faisais ici ? Aucune idée. Si je cherchais à me faire punir ? On va dire que je préfère éviter. La salle de Gryffondor nulle ? Certainement pas. Perdu ? Je ne crois pas. Après un an je connaissais tout de même assez le château pour ne pas me perdre ! Je me releva d'un bond, puis m'appuyais contre le mur de sorte à être à peu près à la hauteur du garçon. D'une voix aussi faible que le sienne, je décida de répondre à toutes ses questions en même temps :

- Ch'ais pas. Et toi ?

Le Serpentard, quoi que pas très sociable au premier abord, m'avais toujours parut très sympathique. Mais le courage d'aller parler aux gens me faisait souvent défaut. Malgré le manque de luminosité, j'apercevais la couleur de ses yeux. Verts. Et pas n'importe lequel. Le vert était sans hésitation ma couleur préférée. Mais j'étais à Gryffondor. Rouge.

235 mots
@Ezra Waite

Je reconnus Lyam Coyle, un Gryffondor de ma classe, quand ce dernier se releva. Dans le couloir, bien que faiblement éclairé, je distinguais nettement les traits de mon camarade qui m'apparaissait également bien plus petit que je ne l'avais perçu. Ses yeux notamment, semblaient fouiller mon visage avant de s'arrêter pour scruter mon regard. Je soutenais en me demandant ce qu'il pouvait bien se dire dans sa tête.

Dans l'ensemble, le petit rouquin me paraissait plutôt sympathique. Bien que je ne sache pas grands choses sur lui en dehors du fait qu'il passait plus de temps dans les livres qu'à papoter avec tout ceux qu'il trouvait et qu'il dessinait quelques fois dans la Grande salle pendant son temps libre. Mais à part ça, rien de plus. Et là, pour le coup, aucun livre ni carnet à croquis. C'était un peu étrange de se trouver là dans les couloirs à ne rien faire, surtout que lui non plus n'avait pas l'air de savoir.

" J'étais en train de réviser mes sorts dans une des salles d'étude et je n'ai pas vu le temps passé. D'ailleurs, on ne devrait pas rester là si on ne veut pas se faire chopper."

J'inspectais les deux extrémités du couloir. Malgré mes chuchotements, le son de ma voix ricochait sur les murs en amplifiant les S comme si je baragouinais un truc en fourchelangue.

@Lyam Coyle

Ezra soutint mon regard. Je ne lâchais pas. J'acquiesça à se justification. En soit sa proposition de partir m'aurais bien plu. Mais je n'avais pas envie. Une fois de plus, ce fut comme si une force me poussait à rester. Je lui répondit donc avec sarcasme

- T'as si peur que ça de t'faire gauler ?

Bien sûr s'il partait, je n'aurais aucune raison de rester tout seul ici et finirais par m'en aller moi aussi. Mais tant qu'à faire autant profiter au maximum.

- On risque plus grand chose à cette heure ci. Tout le monde dort en théorie.

Continuais-je bien plus gentiment que précédemment. Il est vrai que nos paroles se répétaient bien trop à mon goût sur les murs de pierres. Si quelqu'un décidait de sortir pour aller au toilettes ont était dans la crotte. Sans mauvais jeux de mots. Je n'vais jamais commis de "bêtises" à Poudlard avant cette année. Si cela pouvait faire réfléchir, la seule chose qui me venait à l'esprit est que je voulais continuer. C'était tellement plus drôle que tout ce que j'avais pu faire d'autre ici. Trop pour que je m'en prive. De toute manière, je n'arrivais pas à dormir. Autant lancer la conversation.

- Tu compte renter tout de suite dans ta salle commune ou tu reste un peu ?

C'est quoi cette question ? Dans la catégorie débile de première me voici ! Enfin, je verrais bien ce qu'il me répondra. Même si je doute que rester avec un Gryffondor un peu taré ne doit pas être génial.

259 mots
@Ezra Waite

Peur ? Bien sûr que j'avais peur. Seul un imbécile n'aurait pas peur de se faire pincer. Et l'heure n'y faisait rien. Mr Kohler avait une tête à ne changer dormir. Par chance, je ne l'avais jamais croisé auparavant dans les couloirs après le couvre feu mais j'étais prêt à parier que le concierge se faisait un malin plaisir à roder à n'importe quelle heure.

"Je peux rester, mais il faut que ça en vaille la peine."

J'allais quand même pas lui montrer que j'avais la trouille. Personne n'était assez rusé pour me coincer. Je n'avais d'ailleurs jamais encore été puni. Mais à deux ce n'était pas la même histoire. On était plus repérable, plus bruyant, plus lent. Lyam, lui, me donnait l'impression d'en avoir rien à foutre. Ok. Mais que dirait il si Kolher lui tombait dessus ?

"Alors, tu m'expliques ce que tu fiches ici à attendre je ne sais quoi. D'ordinaire les gens sortent pour explorer le château ou retrouver quelqu'un. Toi tu t'assis dans un couloir et ne fais rien. Ca t'arrives souvent ?"

Tirer les vers du nez n'était pas trop mon truc et faire la conversation encore moins. J'aimais mieux me trouver en face d'un bavard, au moins je n'avais pas à lancer les sujets. Mais j'étais néanmoins curieux et paradoxalement, les solitaires se révélaient toujours plus surprenant. Lyam avait surement des tas de choses intéressantes enfouies au fond de lui, j'espérais qu'en restant un moment avec lui, il m'en livrerait quelques unes. Il allait devoir m'aider.

@Lyam Coyle

Je ne pu que répondre spontanément aux question d'Ezra. Pour une fois que j'étais sincère.

- Ce que je fait ici ? Bonne question. Pour tout te dire, j'en sais trop rien. Mais oui ça m'arrive souvent. Trop souvent.

Ce n'était pas terrible comme explication. Mais c'était tout ce que je pouvais lui donner. J'aurais aimé pouvoir en dire plus. Impossible malheureusement. Je comprenais parfaitement l'improbabilité de se trouver là à cette heure. Et encore plus de croiser quelqu'un. J'aurais aimé comprendre moi aussi.

"Fais ce que tu veux, pas ce que tu peux" m'aurait dit ma grand-mère si elle avait été présente. En l'occurrence, je voulais rester dans le couloir, même si je ne pouvais pas. Donc je resterais. Je lança au Serpentard

- Et toi, ça t'arrive souvent ?

Je n'aimais pas trop que le conversation soit uniquement portée sur moi. Et puis, Ezra devait avoir des secrets lui aussi. Pour tout dire, je lui aurais bien dit quelques uns des miens. Mais ils fallait "que ça en vaille la peine" pour reprendre ses mots. Je n'allait quand même pas tout lui dévoiler sans pouvoir, moi, apprendre quelque chose de lui. Ca n'aurait pas été équitable. Depuis quand ça m'intéresse que ça soit juste moi ? Peut importe. Je ne répondrais à ses question uniquement si il répond aux miennes.

222 mots
@Ezra Waite

Trop souvent. Hum...

Voilà qui était sincère au moins. Même si Lyam n'avouait pas pourquoi il se trouvait ici plutôt que dans son lit, il n'inventait pas au moins de fausses excuses. Un geste appréciable, alors, quand il me retourna la question, je décidais de jouer franc jeu.

"Non. J'essaie en général de respecter le couvre feu. Je suis bien sorti une ou deux fois alors que c'était interdit mais d'habitude, je préfère rester dans le petit salon de notre salle commune."

Pourtant, l'ambiance du château la nuit quand tout le monde dormait avait quelques choses d'enchanteur. A la lumière des torches tout prenait un autre aspect et le fait de se savoir tout seul pouvait vous donner le sentiment que l'édifice vous attendait, prêt à vous livrer ses innombrables secrets. Malheureusement, vous déchantiez vite car, s'il était certain que des mystères peuplaient bien ses couloirs, ces derniers étaient bien difficiles à débusquer. Malgré mes efforts, je n'avais trouvé aucun passage secret, la seule chose que j'avais fini par découvrir, c'était que la nuit venue le château devenait très souvent le terrain de jeu de nombres d'élèves.

"J'ai bien cherché quelques secrets dans ses couloirs mais rien... Je n'ai rien trouvé de bien intéressant alors finalement je me suis dit que prendre autant de risque pour si peu, cela n'en valait pas la peine."

Il y avait dans cette vérité, un autre et triste constat de ma part. J'avais le sentiment que Poudlard n'était pas si magique que ça en réalité.

"Et toi, as tu trouvé quelque chose d'intéressant. Parce que si c'est le cas, cela m'intéresse de savoir."

J'étais donc bien le seul à me trouver ici régulièrement. Et sans raison en plus. Si un adulte me trouvais là maintenant, qu'est ce que je lui dirais ? J'étais au château depuis trop longtemps pour faire croire à une perte de chemin et je pense que certains profs avaient fini par capter que je ne foutais que des conneries. Aucune excuse possible donc.

Les mots du Serpentard me tirèrent de mes pensées. Des secrets ? Bien sûr que j'en avais vu. Mais pas au sens où il l'entendais. Pour moi, les secrets des lieux incluaient les couchers de soleils depuis la tour d'astronomie, les annotations dans les manuels et les créatures fantastiques.

- Non désolé, je n'ai rien vu de tel. Mais si jamais ça arrive je t'avertirais

Malgré mon apparente assurance, les paroles du garçon me taraudaient. Il faut que ça en vaille la peine . On m'avais dit toute ma vie que je n'étais qu'un pauvre gamin raté, que je serais un cracmol que ça n'étonnerait personne. Je voulais vraiment prouver aux gens que je n'étais pas ce qu'ils pensaient. Que j'en valais la peine. Le vert avait lance ces paroles sans l'intention d'être méchant, ou tout du moins je le pensais. Mais cela remettait en question tout ce pour quoi je me battais. Ce pour quoi j'vais fait tant de bêtises, prouver que j'existais. J'avais l'impression de devoir tout recommencer à zéro. Mais je refuserais. J'en avais trop fait pour pouvoir recommencer.
Je ne réfléchi pas aux paroles que je prononçais.

- Moi aussi je cherche quelque chose. D'encore plus difficile à trouver.

267 mots
@Ezra Waite désolé pour le retard

J'écoutais sa réponse. Plutôt laconique dans le genre. Lyam n'était vraiment pas très loquace pour le coup. Je n'allais pas apprendre grand chose de plus surtout s'il s'obstinait à se montrer peu prolixe. D'un clin d'œil, je le remerciais néanmoins pour sa proposition. Puis à ma grande surprise, alors que je pensais en resterait là, il reprit la parole de la manière la plus mystérieuse possible.

J'allais passer mon chemin en lui souhaitant une bonne nuit avant de rejoindre ma salle commune mais j'eus tout à coup le sentiment qu'il cherchait à me parler de quelque chose d'important. Lyam faisait manifestement des mystères comme s'il tenait à ce qu'on lui tire les vers du nez. Cette manière aurait pu m'agacer mais le rouquin avait su attiser ma curiosité. Peut être aussi pensait il plus poli de ne pas imposer une discussion qui tournerait forcément autour de lui. Il me laissait ainsi le choix. Soit je le questionnais, soit je ne prêtais pas garde à son appel du pied. J'optais pour le premier choix :

"T'es bien mystérieux. Tu veux me parler de quelque chose ? Parce que si c'est le cas, ne tourne pas autour du pot, je déteste ça. Et puis, je sais tenir ma langue donc tu ne prends aucun risque."

C'était un peu notre dernière chance, soit il acceptait d'être plus clair, soit cette entrevue n'aura été qu'une autre anecdote. A lui de voir.

@Lyam Coyle