Ce que j’ai lu ne cesse de tourner en boucle dans ma tête. La noirceur d’une telle information ne peut pas rester seule au milieu de mes pensées. Il faut que je la partage et Éli doit savoir. A l’heure qu’il est, elle doit être en cours de métamorphose, et ne va pas en sortir avant un moment. Tant pis, la nouvelle est trop importante, il faut qu’elle sache maintenant. Je cours au milieu des couloirs vides, des couloirs qui ne sont pas encore au courant, encore vierges de la nouvelle, et arrive enfin devant la salle. Je reprends mon souffle en m’écroulant presque sur la porte, toque et entre une fois invité. Je déglutis en fixant Miss Crane, de grands yeux horrifiés implantés sur mon visage.

— Bonjour Miss excusez-moi d’interrompre votre cours mais j’ai quelque chose de super important à dire à Éli. Je scanne la pièce, repère mon amie et la désigne du doigt au cas où ma professeure ne saurait pas de qui je parle. Élisabeth Willis. S’il vous plait ça peut pas attendre je vous jure. Mon rythme cardiaque descend à peine et je plonge mes yeux dans les siens en l’implorant presque qu’elle ne me fasse pas attendre jusque la fin du cours.

Je la vois s’approcher de moi et me demander en chuchotant ce qu’il se passe.

— Je peux pas vous dire, Miss.. S’il vous plait, est-ce qu’elle peut venir ? J’en ai pas pour longtemps.

Sa tête acquiesce et je fais un signe de la main à Éli pour lui demander de me rejoindre. Je ferme la porte derrière elle et m’empresse de tout lui dévoiler.

— Éli ! Le concierge ! C’est un mage noir ! Je prends ses mains dans les miennes, comme pour accentuer le sérieux de mes mots. Tu te rends compte ? On a un mage noir dans l’école ! Faut en parler aux autres élèves, aux profs et à la directrice !

Rien que le nom pouvait effrayer n’importe qui. Un mage noir à Poudlard. Quel parent sein d’esprit laisserait son enfant si proche d’une telle personne ?

Je reprends mon souffle petit à petit et des visions de Valerion me revienne à l’esprit. Toutes les pièces du puzzle s’installent et je me demande encore quel rôle elle jouait.

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Actions vues avec Selah Crane.

Même si j'apprécies beaucoup la métamorphose, un long soupir souligne ma rêverie. La tête posée sur une main, le coude sur la table, mes yeux fixent la professeur sans l'entendre depuis le début du cours. Un très discret sourire parcourt mon visage, conséquence de cet état de flottement dans lequel Gideon m'a poussé avec sa demande enflammée de la veille, et dont je n'arrive plus à me défaire.

Pourtant, l'entrée de Lukas en classe, me fait directement atterrir.
Fronçant légèrement les sourcils, j'écoute avec attention son échange avec Miss Crane. Mais qu'est-ce qu'il vient faire ici ? La situation est tellement improbable, malgré tout, mon prénom répété à haute voix, et son doigt pointé dans ma direction ne me laisse plus aucun doute sur le fait que j'ai un rapport avec tout ça.

Qu'est-ce qui est si important au point de ne pas pouvoir attendre ce midi ? Visiblement, je ne vais plus tarder à le savoir puisque la demande d'extraction de ma personne vient d'être acceptée. Sans réfléchir, j'acquiesce au geste de Lukas, me lève et sors de la classe à sa suite, pleine de questions.

La porte fermée, il ne me laisse pas le temps de l'interroger, et vient combler ma curiosité en déversant l'information si cruciale à ses yeux . Je m'étonne de le voir si impliqué et survolté face à moi, mais son état n'est rien comparé à la nouvelle qu'il dépose entre nous.

Un mage noir, le concierge...

- Quoi ?! Surprise et un peu effrayée par cette annonce, je ne sais pas trop quoi répondre. Je l'observe, et je sais directement qu'il ne joue pas. L'adrénaline de la nouvelle me traverse, et tout un plan d'actions révoltées se met en marche dans ma tête. Comme par réflexe, je scrute à droite et à gauche le couloir pour anticiper une menace imaginaire, avant de continuer. Par Helga mais c'est oufff ! Un mage noir quoi !!! Mais ils sont cinglés de le laisser travailler ici... Faut l'dire à tout l'monde t'as raison ! Je réfléchi déjà au tsunami qu'une telle info va avoir sur l'école, et un léger doute me parcours d'un coup. Attends... Mais t'es vraiment sûr de ça ?

L'adrénaline clairement partagée entre elle et moi empêche finalement la mienne de redescendre. Evidemment que la nouvelle étonne, surprend, choque ; évidemment qu'elle veut s'assurer de la véracité de mes propos. Je me doute que ce n'est pas tellement qu'elle ne me croit pas, mais plutôt qu'elle s'interroge sur la source d'une telle information. Je repense alors au bureau, à la découverte illégale d'un carnet, à la lecture et à ces mots qui appartiennent à Valerion et que je m'apprête à balancer au château entier. Son intimité, ses mots pourtant secrets seront désormais à la vue de tous, et je ne vois pourtant pas le mal. Tout ce à quoi je pense, c'est à ce mage noir qui foule les couloirs chaque jour depuis la rentrée. Qui sait ce qu'il a pu mettre en place depuis tout ce temps ? Mon cerveau tourne à mille à l'heure et une nouvelle connexion vient se former dans mon esprit : et s'il empoisonnait ma professeure depuis septembre ? Et si l'infirmier était aussi indirectement touché par la magie noire du concierge en la consultant ? Je secoue la tête, tente de reprendre mes esprits et réponds à Eli.

- Oui, je suis vraiment sûr, je l'ai ... Je m'arrête dans ma lancée et réfléchis un instant à la pertinence de dévoiler l'exactitude de la source. Je l'ai lu, mais je peux pas te dire où. Mais tu dois me faire confiance, la personne qui l'a écrit ne pouvait pas mentir.

J'ai conscience d'en dire trop pour l'esprit d'Eli qui ne se contentera pas de si peu d'éléments, mais chaque minute compte.

- Je peux te raconter pendant la pause de midi si tu veux, mais là, parles-en à ta promo, je m'occupe de la mienne, ok ?

J'appuie alors ma main sur ma poche pour vérifier que le carnet s'y trouve toujours. Je pourrais bien évidemment lui montrer, mais encore une fois, le temps nous est précieux.

Sa réponse me laisse un peu dans le doute, je sais que ce qu'il me dit est vrai, mais pourtant une espèce de malaise me parcourt. Encore une fois j'ai le sentiment qu'il ne me dit pas tout, mais assez vite je comprends l'urgence de la situation, et je lui fais confiance. Une confiance aveugle, très vite rassurée par la promesse d'une explication différée.

Sa façon de donner ses instructions comme si nous étions au cœur d'une mission de la plus haute importance, raccroche directement un sourire sournois aux coins de mes lèvres. Ce genre de défi, même s'il n'a rien d'une blague cette fois, m'amuse beaucoup. En une seconde, tout dans mon attitude passe en mode guerrière, je redresse mon dos, le fixe en hochant la tête pour lui montrer que l'on est sur la même longueur d'onde, et baisse un peu le ton pour ne pas attirer l'attention. Le plus sérieusement possible, je lui tends mon poing serré pour un check de ralliement.

- ok, compris !

Sans même attendre son départ, j'ouvre de nouveau la porte de ma salle de cours déterminée, cherchant déjà une idée pour propager l'info le plus vite possible. En avançant vers ma place, j'observe la promo pour évaluer l'ampleur de la tache. Ok... impossible de tous leur dire un à un toute seule, il va me falloir de l'aide, et qui d'autre que la bande de la cabane pour ça ?!

Une fois assise à côté de Constance, je lui explique tout : le secret et l'idée qui vient de naître pour sa propagation massive. Liant le geste à la parole, j'écris mon message sur le parchemin vierge juste de devant moi :

Suileabhan Kohler est un mage noir !
Gardez vos distances, et dites-le à tout le monde.
C'est très sérieux.

Par chance, le cours porte sur un exercice pratique, ce qui me permet de ne pas me faire remarquer en pointant mon catalyseur en direction de mon parchemin, gardant bien dans le même champ de vision celui de mon camarade, assis un siège devant moi, et d'un - Translatio j'intervertis le sien et le mien. Maintenant, il ne reste plus qu'à espérer que l'information soit reçue pour ce qu'elle ai : une vérité.

Pour aller plus vite, je répète des - sponTE scriPTO, et renouvelle ma métamorphose sur le plus de parchemins autour de moi, en espérant obtenir l'aide de Constance et des filles, une fois mise au courant.

@Constance Nelson

Cours de Métamorphoses. Ah la Méta : trop, trop, trop intéressant. J'écoute avec attention Miss Crane, notre nouvelle prof depuis la rentrée. Elle nous parle en plus aujourd'hui d'un nouveau sort qu'on va apprendre pour cette fin de premier trimestre : Draconifors. Non mais vous vous rendez compte ?! La métamorphose du dragon ! Cette métamorphose que M'sieur Lynch nous avait fait miroité lors du tout premier cours en première année. Il nous avait mis des paillettes dans les yeux ce jour-là, y'a pas à dire ! Et depuis, on avait appris et nous étions entraîné sur tout plein d'autres sorts, tous de plus en plus sympathiques. Cette année, après le chien, le chat et le lapin, voilà qu'on arrivait enfin à cette invocation si badass !

Mais tout commençait par de la théorie et il fallait être appliqué. J'étais donc en train de prendre des notes en fonction de ce que Miss Crane disait et de ce qu'elle notait de temps à autre au tableau, mes yeux allant et venant entre son visage, le tableau et mon parchemin, lorsqu'une apparition aussi soudaine qu'improbable surgit à la porte. Lukas. Horrifié. Le visage blême, les yeux écarquillés, il demande d'une voix blanche à voir Eli, comme quoi c'est urgent.
Alors que la prof s'approche de lui, prudente et calme, pour lui demander de quoi il en retourne, je tourne un regard abasourdi vers ma voisine, l'interrogeant du regard.
Mais c'est quoi c'bazar ?! Qu'est-ce qu'il lui prend ? Il a vu un éruptif galoper partout dans les couloirs ou quoi ?

C'est vrai que le BFF de mon amie avait l'air secoué et comme venant de courir comme un lapin.
En même temps, s'il avait vu un éruptif, ou autre, le mieux serait d'aller voir un adulte non ? Pas d'aller déranger un cours entier pour voir sa BFF. Donc... cela impliquait que ce qui le perturbait autant concernait d'une quelconque façon Eli.

Pour une raison inconnue, Miss Crane accepte la requête du deuxième année et Eli se lève, traversant la salle comme une automate. Je la suis des yeux, aussi curieuse qu'une pie et la porte se referme.

Les quelques secondes qui suivent sont presque une torture. Il faut dire que la scène qui vient de se dérouler avait de quoi décontenancer plus d'un. J'avais beau me dire que Eli me tiendrait sûrement au courant, je ne pouvais m'empêcher de lorgner la porte du coin de l'oeil.
Finalement, la porte s'ouvre de nouveau sur une Eli déterminée. Elle a le visage grave et son regard parcourt notre assemblée. Sans un mot, elle se rassoit à mes côtés bien que mon regard la brûle sûrement de questions inaudibles.
Par Merlin, raconte !!
Et enfin, enfin elle m'explique à voix basse de quoi il en retourne. Par-don ?! Un mage noir ? Je suis choquée, tellement que je pense d'abord à une blague. Non mais n'importe quoi ! Miss Montmort n'aurait pas engagé un mage noir comme concierge, c'est complètement impossible. Il y a forcément une erreur ! Et c'est pas possible non plus qu'elle ne soit pas au courant, n'est ce pas ? On parle de la Directrice, là !
Mais Eli est formelle et précise que Lukas aurait une preuve tangible et indéniable. Le sentiment d'urgence dans sa voix, son regard confiant et la détermination concernant ce qu'il restait à faire d'une telle information me laissa pantoise.

C'était quand même une accusation grave ! Je reste quelques secondes silencieuse alors que ma voisine s'attelle à la rédaction du mot qu'elle veut faire passer. Je ne sais plus quoi penser. J'ai confiance en Eli et c'est vrai que si cette information est exacte, les gens ont le droit de savoir. Mais en même temps... est-ce vraiment notre rôle à nous de diffuser cette info ? C'est bien connu, les rumeurs causent toujours du tort.

Toute à mes pensées, je me sens comme un retrait de la réalité, observant avec effroi mon amie dégainer sa baguette. Heureusement, elle a attendu qu'on passe à la phase de pratique du cours. Je déglutis et l'entend échanger son mot avec un camarade assis devant elle. Machinalement, je me prend à hocher mécaniquement de la tête. C'est en marche. Et c'est sérieux. Et je fais confiance à Eli. Si elle n'était pas sûre à 1000%, elle ne ferait pas ce genre de chose.

Le concierge, un mage noir. Mon Dieu.

J'expire enfin, comme un ballon de baudruche qui se dégonfle et tandis que Eli s'attaque à un sortilège de multiplication pour étendre plus vite l'information, je dégaine ma baguette à mon tour, coulant subrepticement un regard vers Miss Crane qui est sûrement à mille lieux de se rendre compte de ce qu'il se cache sous la surface.
Je saisis l'un des bouts de parchemin multiplié, le tourne, le retourne, lisant une nouvelle fois son message. Allez, c'est parti.
- sponTE scriPTO, fis-je à voix basse, baguette brandie.
J'ai le coeur qui bat, et un sentiment d'urgence comprime mon diaphragme. Tournant mes prunelles vers le pupitre à côté du nôtre, je procède comme Eli à la propagation :
- Psst, chuchotais-je à l'intention du.de la camarade avant d'effectuer l'échange magique.

Cela fait, je lui fais un signe du menton à l'intention du reste de la classe, indiquant d'un regard urgent de faire passer. Puis je pose à nouveau mon regard vers mon manuel de Méta. Tout d'un coup, la métamorphose du jour était passée au second plan. Toujours ébranlée, je tâche de me reprendre et me concentrer de nouveau sur le cours.

@Élisabeth Willis, @Lukas Sharp, j'espère que cela vous convient
Miss @Selah Crane, je me suis inspirée du programme de Méta
Club 46, c'est parti ! Qui veut être celui.celle ayant reçu le mot de Constance peut continuer

Sérieusement, c'est quoi sa raison à celui-là pour interrompre le cours ? Il n'a rien d'autre à faire ? Parce-que nous si, en fait. Je roule des yeux lorsque Miss Crane accepte de faire sortir Eli : à la place de la professeure, je l'aurais envoyé balader, il n'a qu'à attendre la pause de midi comme tout le monde. Surtout que si c'était urgent à ce point, c'est un adulte qui serait intervenu, et non pas un enfant. Je fronce les sourcils et tente de me reconcentrer sur le cours, ne jetant même pas un regard à ma camarade lorsqu'elle revient dans la salle et se rassoit. Mais pourtant ça ne s'arrête pas là, voilà que je ressens de l'agitation près de moi. Curieuse de savoir ce qui mérite de perturber ainsi mon cours, je me tourne donc vers la responsable et aperçois le petit jeu : un mot commence à être répandu à l'aide de sortilèges. Intriguée, les lèvres pincées, j'attends sagement que celui-ci m'arrive. Et bouche bée, je le relis, une fois, deux fois, trois fois, lorsqu'il apparait sous mes yeux. Mister Kohler serait un mage noir. Je ne sais pas si ce que je lis est vrai ou pas. Je dirais que c'est plausible. Lors de ma retenue avec le dodo des Serdaigle, autrement appelé Melissandre Hyde, c'est vrai que je m'étais demandée où est-ce que la direction avait bien pu trouver cet homme... son comportement... je ne saurais pas exactement expliquer pourquoi, mais j'avais ce jour-là ressenti de la méfiance à son égard. Mais plus les rencontres s'étaient multipliées, plus celle-ci avait été remplacé par une espèce de sympathie. Je n'ai pas l'impression d'être en danger avec lui, et à vrai dire, je me contrefiche un peu de savoir ce qu'il fait de sa magie. Quoi que. Oui, quoi que ça pourrait m'intéresser : si jamais tout ça est vrai, je vois là une carte à jouer, une manière de me renseigner. Mais cette carte ne doit pas disparaître de Poudlard : il va me falloir du temps pour obtenir sa confiance. Je n'ai donc aucun intérêt à propager cette rumeur, bien au contraire.

Mes yeux précédemment rivés sur le mot se lèvent et se posent ensuite sur Eli. Je hoche la tête, lui faisant croire et comprendre que j'accepte de faire circuler l'information, alors que j'ai en réalité une toute autre idée en tête : la discréditer. La confondre avec une autre, ridicule, pour brouiller les pistes et laisser penser aux autres élèves que tout ça est une vaste blague. J'entre donc dans la danse, et imite discrètement les deux Poufsouffle avant moi, autant de fois et à autant d'élèves que possible.

- sponTE scriPTO

Sigmund Charleston est un mage noir !
Gardez vos distances, et dites-le à tout le monde.
C'est très sérieux.

Il y a un jeu comme ça, le Chinese whispers*, il me semble. On ne sait jamais vraiment à partir de quand le mot passé devient corrompu ; je ne crains donc pas que mes camarades me soupçonnent d'être l'initiatrice de ce détournement. Et au pire des cas, je m'en fiche aussi un peu. Par contre, il y a bien des personnes que je dois mettre au courant. Au moment où je lance le sortilège d'écriture immédiate sur le parchemin de Niks, j'ajoute "(fais passer cette information. Bellone)", espérant qu'elle me comprenne et me suive. Je lui donnerai des explications plus tard.


*Le jeu du téléphone arabe en Angleterre
@Sigmund Charleston notre nouveau mage noir, @Veronica Blackburn et tous ceux qui veulent recevoir ce mot plutôt que l'autre

Éli acquiesce, semble avoir compris l’ampleur de la tâche et repart dans son cours de métamorphose après m’avoir tendu son poing pour confirmer cette entente. Un vrai petit soldat. Je sais que je peux lui faire confiance sur la diffusion de l’information. Je sais aussi que si l’information se perd, elle n’hésitera pas une seconde à réparer le processus et à le relancer. Maintenant, il va me falloir élargir mon plan, enterrer ce carnet quelque part et diffuser l’information ailleurs. Je pense à des affiches un peu partout et surtout parler. Je sens que je vais avoir une petite discussion avec mon petit premier année préféré. La question que je me pose aussi, c’est : est-ce que je vais voir la directrice ou le sous-directeur maintenant pour leur annoncer que le concierge qu’ils ont engagé est un mage noir, ou est-ce que j’attends que les rumeurs fassent leur travail ?

Sur le chemin du retour, je réfléchis à ceux qu’il va me falloir trouver, quels serpentard aller voir. Après tout, nous avons un dessein commun : protéger leur directrice de maison. Ils doivent comprendre que si elle ne va pas bien, ce sera de la faute du concierge. Si elle se fait manipuler, c’est de sa faute. Et pire, si elle venait à se faire virer, ce serait forcément de sa faute. Voilà qui devrait les convaincre suffisamment de faire passer le mot.

Levant la tete de temps en temps pour vérifier que l'info circulait correctement, la poufsouffle fut plutôt satisfaite de voir quelques camarades prendre part activement à cette diffusion. Finalement la mission n'allait pas être aussi difficile que ce qu'elle aurait cru. Bien que la méthode soit assez longue pour son impatience légendaire, l'avertissement devrait avoir atteint toute la classe avant la fin du cours.

Rassurée et prête à lancer un nouveau sort d'écriture sur son parchemin, Éli fut cependant arrêté par la materialisation de son propre message à la place de sa feuille encore vierge deux secondes auparavant. Un léger sourire passa sur son visage, forcément tout le monde n'avait pas capté qu'elle en était à l'origine, et donc voulait sûrement l'informer comme les autres du message.

Impec', ça ferait un sponte scripto en moins à faire, très bien ! Tout en pointant le message pour l'envoyer de nouveau vers un destinataire ignorant, un détail accrocha son regard.
M.Charleston ? Quoi ? Mais... Ce n'était absolument pas le message qu'elle venait de transmettre ça !!!

Elle observa furtivement tout autour d'elle pour essayer d'évaluer l'ampleur qu'avait pu prendre la propagation de l'info erronée, la jeune fille fut soudainement prise d'une angoisse. Qu'est ce qu'elle avait fait ? Est-ce que le translatio aurait dévié peu à peu ? Est-ce que son sort, exécuté trop de fois aurait perdu de sa qualité, et aurait été mal compris ?

Elle ne pouvait pas laisser faire ça, mais recommencer tout du début prendrait bien trop de temps, temps qui n'avaient clairement pas !

Sans réfléchir elle se leva d'un mouvement sec, imposant à la classe un regard grave en évitant le plus possible celui de Miss Crane, déterminée pour la cause peu importe les conséquences qu'auraient son impertinence, elle prit la parole sur un ton qui n'autorisait personne à l'interrompre.

- hey ! Écoutez moi ! J'sais pas c'que vous avez reçu comme message, visiblement j'suis pas si douée en translatio, mais on s'en fou... j'vais vous l'dire ça s'ra plus simple. Elle pris une grande inspiration, monta sur sa table et scanna la classe.
- M.Kohler, notre concierge....c'est un mage noir ! Et c'est pas une vielle rumeur que j'essaye de faire passer, jme s'rais bien passé des pb que j'vais avoir avec tout ça, mais c'est trop grave ! Croyez moi ou pas, y a une preuve de tout ça ! Une VRAIE preuve. Maintenant vous faites s'que vous voulait, mais tout l'monde à l'droit de savoir au moins non ?

N'esperant aucune réponse à sa question rhétorique, Éli se rassit calmement en ayant la sensation d'avoir couru un marathon.

Ma baguette s'active sous la table, et peu à peu, j'ai l'impression que mon message se mélange et se noie dans l'autre. Lire "Sigmund Charleston", "mage noir", et "c'est très sérieux" dans la même phrase me décroche presque un sourire. Mais alors que je pensais vraiment que ça s'arrêterait à des petits mots, la situation prend d'un coup une dimension plus importante. Mes yeux se posent une nouvelle fois sur Eli lorsqu'elle prend la parole, surprise par cette impulsion, et deviennent ronds lorsque je la vois faire de la grimpette sur son bureau. Mais c'est quoi ce cinéma enfin ? Elle ne va quand même pas... ? Ah, si. Je l'écoute déblatérer son monologue et je tique lorsqu'elle évoque une "vraie preuvre". Mes sourcils se froncent : je me demande vraiment comment une petite élève de troisième année pourrait avoir une preuve tangible sur les pseudos activités sombres du concierge. Comme s'il avait fait une démonstration de magie noire en plein milieu du château, quoi. Et surtout, elle m'a l'air d'avoir été mise au courant à l'instant par l'intermédiaire de l'autre Poufsouffle, après à peine une minute passée devant la porte de la classe. Donc bon, une vraie preuve... personnellement, plus j'y pense et délaisse mon premier ressenti à l'égard de l'adulte, plus tout cela me parait absurde.

- Tes affirmations, elles se portent sur les trois secondes que t'as passées avec l'autre à l'instant ? T'as vu cette "vraie" preuve dans le couloir pour faire des allégations aussi graves en plein cours ? C'est absurde, Eli.

Je sais qu'en lui répondant de cette façon, je me crame auprès d'elle, mais ce n'est pas grave. Je me tais et regarde fixement la professeure. Normalement, en tant qu'adulte, elle devrait avoir un minimum de jugeote et remettre Elisabeth et les choses à leur place.

Le mercredi matin, c'est cours de métamorphose. Une matière que j'aime beaucoup. C'est aussi une matière pour laquelle je fais souvent des recherches. Pas sur la métamorphose en elle-même, mais si les animaux que l'on métamorphosait. Et j'avais une bonne pour cela : mettre toute mes chances de mon côtés pour devenir animagus.
C'est pour cela, qu'en plus du manuel de cours, il y avait toujours un épais carnet à la couverture de cuir posé sur la table. Celui-ci renfermait le fruit de mes recherches, de nombreux dessins, des schémas et des informations sur l'anatomie des animaux qui étaient intervenus lors des sorts appris depuis la première année. Bref, j'aime les cours de métamorphose.

Mais aujourd'hui, le cours n'allait visiblement pas se passer comme d'habitude.
En premier lieu, l'entrée du jeune Poufsouffle qui s'était fait remarqué quelques jours plus tôt lors de la cérémonie de Samain. J'hausse les sourcils en voyant Eli sortir et revenir quelques instants plus tard. Qu'est-ce qu'il avait à dire pour venir interrompre le cours.
Mais je n'aurais jamais imaginé ce que je lis quelques minutes plus tard lorsqu'un mot arrive sur ma table. Mr Kohler, un mage noir ? Si je n'avais pas été en classe, j'aurais surement éclater de rire. Quelle blague ! Et pourquoi pas la directrice tant qu'on y ait...
Je froisse la feuille et me concentre à nouveau sur le cours.
Mais cela ne dure pas. Eli venait de se lever, attirant tous les regards sur elle. Ma camarade de Poufsouffle affirme à nouveau ce qui était inscrit sur le mot.
- C'est de LUI que tu tiens tes infos ?, demandais-je en me levant et en désignant la porte d'un geste de la main. Je le connais pas vraiment, mais on peut pas dire qu'il m'a laissé une bonne impression. Constance, t'étais présente samedi soir. Tu as bien vu comment il a agit lors de la cérémonie qu'avait organisé Mr Kohler !, dis-je en me tournant vers sa direction. Et Onyx a raison. Tu l'as VU cette fameuse preuve ?