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12 déc. 2023, 03:56
Elle qui fend les cieux  Privé 
Début octobre 2048
Quelques jours avant le match opposant Gryffondor à Serdaigle
Oscar, douze ans, deuxième année

C'était un dimanche et il était tôt, si tôt que la nuit enveloppait encore les esprits des petits Gryffondor confortablement pelotonnés dans leurs lits. Oscar ne dormait pourtant plus depuis une heure et observait, les pensées vagues et imprécises, le jour se lever au travers des rideaux de son dortoir. D'un seul coup il lui sembla que le ciel était un peu plus clair qu'avant et il quitta son lit aussi discrètement qu'il le put, c'est-à-dire bruyamment.

Il se dirigea vers la Grande Salle presque vide où se trouvaient déjà sur les tables quelques mets pour les lève-tôt. Il mangea sans appétit car il était tracassé.

Avant d'arriver à Poudlard il était persuadé d'être un génie du vol sur balai. Il n'avait jamais monté que des balais pour enfants, des jouets, mais il pressentait chez lui comme un don naturel et il avait longtemps rêvé de son premier cours de Vol, s'imaginant impressionner toute sa promotion et son professeur en multipliant les prouesses dès qu'il aurait décollé du sol pour la première fois. La réalité avait pourtant été bien différente ; il n'était pas ridicule et n'avait pas peur mais il ne s'était démarqué que par son imprudence. Personne ne l'avait repéré pour intégrer l'équipe des Griffes Ardents à un âge record, son enseignant ne lui avait pas promis de lui trouver une place dans une équipe nationale de Quidditch, bref, Oscar avait compris avec horreur qu'il était un garçon banal, et cela lui était insupportable.

Sa première année d'apprentissage du vol s'était entièrement déroulée dans cette médiocrité impétueuse dont le souvenir le travaillait et qui expliquait le triste nœud qu'il sentait se tresser dans son ventre quand il assistait aux matches de Quidditch dans les tribunes. Lui qui était fait pour briller et être admiré, il était relégué au banc des admirateurs. Il méritait mieux, et il le leur prouverait.

Décidé, il quitta d'un bond la Grande Salle presque déserte pour se diriger vers le terrain d'entraînement, seulement réchauffé en cette heure glaciale par son gros pull en laine blanche et sa détermination. Oscar avait espéré qu'il était trop tôt pour qu'une équipe ait déjà réservé le terrain et il constata avec bonheur qu'il avait eu raison : de loin, il n'y vit personne. Il pourrait exercer tranquillement toutes sortes de prouesses qui finiraient par enfin convaincre Poudlard qu'il avait sa place dans l'équipe de Gryffondor.

Il s'avança confiant vers le lieu de sa libération promise et peu à peu sa confiance s'ébranla car il lui semblait que... il tordit le cou... oui, il y avait quelqu'un, il y avait une silhouette là-haut qui s'agitait dans le vent froid avec une aisance qui déplut à Oscar. Quitte à ce qu'il y ait quelqu'un, il aurait préféré que ce soit un novice, quelqu'un qu'il puisse impressionner, pas un sylvain des vents qui lui donnerait l'air tout ridicule. Tandis qu'il s'approchait encore (car cela ne suffit pas à le faire reculer, quand même ! on est à Gryffondor ou on ne l'est pas), il reconnut avec une joie mêlée d'effroi la sorcière aux vêtements orange si distinctifs. Ces boucles éclatantes, ce gabarit sportif, cette façon de se mouvoir dans le ciel comme s'il lui appartenait... C'était elle, c'était Leo Ginger.

Oscar ne confessait pas facilement son admiration pour autrui mais il ne pouvait qu'être fasciné par la capitaine de sa maison. Il l'observait, immobile, lui si bas, planté dans le sol, elle si haut, dansant comme une fée, lui qui n'avait rien, mauvais partout, et elle prodige, faiseuse d'exploits. Elle n'avait que quelques années de plus que lui et elle avait presque mené les Griffes Ardents à la victoire l'an passé. Où en serait-il, lui, quand il aurait son âge ?

Elle ne l'avait pas vu et il se dirigea vers le stock des balais de l'école, en attrapa un qui ne semblait pas en trop mauvais état, hésita quelques instants, puis l'enfourcha et décolla trop vite, comme toujours.

« Leo ! »

Il fonça vers elle un peu imprudemment. Le reconnaitrait-elle seulement ? Ils ne s'étaient jamais parlé, quelques bonjours au hasard en salle commune, tout au plus.

« Leo, cria-t-il encore, la capitaine ne devant entendre que les sifflements du vent. »

Quand enfin elle se tourna vers lui et s'approcha, il fut un peu gêné et il était difficile de savoir si le rouge qui colorait ses joues lui venait du froid ou d'une timidité toute nouvelle. Maintenant qu'il avait son attention, il ne savait plus quoi en faire, alors il murmura :

« Comment tu fais... »

Et d'un ton plus bas encore, si bas qu'elle ne l'entendrait peut-être pas :

« ... pour voler si bien ? »

Devant mon ordi j'attends le chaos

13 déc. 2023, 21:15
Elle qui fend les cieux  Privé 
"C'était un dimanche et il était tôt, si tôt que la nuit enveloppait encore les esprits des petits Gryffondor confortablement pelotonnés dans leurs lits." En réalité, ce ne sont pas seulement les petits Gryffondor qui dorment encore à une heure si matinale un dimanche d'octobre... les grands Gryffondor tout autant. Sauf que voilà, comme on dit : il y a toujours une exception à la règle et pour le coup, cette exception s'appelle Leo, cette exception est capitaine des Griffes Ardentes, joue le premier match de la saison dans quelques jours, et cette exception a donc rejoint le terrain d'entraînement à une heure où d'habitude, même elle – qui pourtant est prête à faire des efforts sur le réveil pour le Quidditch – aurait ronchonné et rabattu son oreiller sur son visage pour ne pas être dérangée. C'est que pour espérer avoir un terrain d'entraînement vide et entièrement libre, en particulier à l'approche d'un match, la tendance va vers la course à qui se lève le plus tôt.

Enfin... il faut être honnête : Leo n'a pas héroïquement bravé la tentation de rester confortablement enfouie sous les couvertures, s'arrachant à l'agréable chaleur de son lit à la sonnerie d'un réveil réglé volontairement aussi tôt. Non, la réalité est surtout que la rousse a bénéficié d'un grand coup de bol, ce matin – d'ailleurs le réveil, elle l'a complètement oublié et probablement que bientôt, des camarades de dortoir en feront le vrombissant constat. Peut-être que la faute va à la Gryffonne enrhumée qui a passé la nuit à tousser à l'autre bout du dortoir, peut-être que son sommeil a simplement été plus léger que d'ordinaire, cette nuit-là, ou peut-être que Merlin sait quoi. Toujours est-il que Leo s'est naturellement réveillé tôt aujourd'hui – et en pleine forme par dessus le marché. Alors un tour au terrain d'entraînement, bien que les Griffes Ardentes auront leur entraînement habituel à 10h30 ce matin, a semblé l'option tout à fait naturelle pour profiter de ce réveil d'exception.

La malle contenant les balles de Quidditch est posée dans l'herbe, bien que toujours fermée. La batte de la rouge et or repose à côté de la malle, elle aussi intouchée. Leo compte s'en servir plus tard, pour l'instant, elle se contente de fendre l'air au-dessus du terrain en guise d'échauffement. Ensuite, elle ne sait pas encore... peut-être qu'elle mettra à l'épreuve son endurance. Ou alors, elle pourra perfectionner certaines des figures auxquelles elle et son équipe se sont entrainés la semaine passée. Avec un terrain vide, les choix qui s'offrent à la batteuse semblent sans fin !

Terrain vide... vraiment ? Perchée sur son Comète 260, Leo croit tout d'abord qu'il s'agit simplement du vent. Mais non, une bourrasque qui souffle son prénom deux fois d'affilée, même dans l'enceinte d'une école de magie, cela semble plutôt improbable. Et en tournant la tête, elle en a la confirmation : le "Leo" qu'elle vient d'entendre semble de toute évidence provenir de la bouche du jeune sorcier qui fonce tout droit dans sa direction. Sans trop de difficultés, l'anglaise reconnait son camarade de maison, Oscar il lui semble. Leo lui lance un regard bienveillant, attendant de voir ce qu'il peut bien vouloir d'elle.

Comment je fais pour... ? la rousse fronce légèrement les sourcils de concentration, essayant de déchiffrer la suite des paroles du jeune lion. Enfin, en réalité, elle peut s'en douter : ça doit être en lien avec le Quidditch.

"Voler t'as dit ?"

D'un vague geste de la main, Leo désigne le terrain l'espace autour d'eux pour illustrer sa réponse.

"Je m'entraîne. Depuis plus de cinq ans, maintenant."

Plusieurs fois par semaine, parfois presque quotidiennement. Réalisant que citer un tel espace de temps peut potentiellement sonner pharamineux aux oreilles du garçon – elle à son âge, ça aurait certainement été le cas –, elle ajoute avec un air encourageant :

"Mais la clé pour progresser c'est la persévérance et la détermination."

Leo adresse un léger sourire au Gryffondor. Ça répond à ta question ?

ˈli(ː)əʊ ˈʤɪnʤə
Flash McQueen, Flash McWin

18 déc. 2023, 18:45
Elle qui fend les cieux  Privé 
Il n'avait pas cinq ans devant lui. Il avait bien plus, en réalité, mais pour ce qu'il voulait vraiment, cinq ans d'attente lui étaient inimaginables. Il lui fallait tout, tout de suite ; jamais il ne songeait à la perspective de devoir construire, patienter, ou pire encore de construire patiemment. Il n'avait pas cinq ans. Il voulait voler comme elle et il n'espérait de sa part rien de moins que le secret qui lui permettrait de le faire dans l'heure.

Donc cinq ans d'entrainement, non, ça ne l'intéressait pas, c'était trop long et puis il avait d'autres choses à faire de ses journées (principalement trainer dans son dortoir et goûter tous les desserts préparés en cuisine). La détermination et la motivation, ça en revanche, ça lui parlait ! Pas la motivation nécessaire pour établir un projet à long terme, naturellement, mais la motivation pour se dépenser comme un fou ce matin et prouver à la capitaine qu'il avait les capacités pour intégrer son équipe, oui, il en débordait !

Sa timidité jalouse avait laissé la place à l'excitation de réaliser qu'il était dans une situation rêvée pour faire ses preuves auprès de la bonne personne au bon moment. Au fond, qu'importe ce que son professeur de Vol pensait de ses performances ! Était-il à la tête des Griffes Ardentes, lui ? Alors comme ça, il allait "trop vite" ? Tant mieux, c'était le but quand on filait après le vif d'or, et Leo Ginger le savait sans doute mieux que personne.

Oscar planta son regard bleu dans les yeux de Leo, ne la regarda qu'une seconde seulement, mais avec un intérêt si profond qu'il eut l'impression que le temps avait été suspendu et qu'il l'avait fixée durant des heures. Il la regarda et il voulut être son ami, il voulut qu'elle l'admirât, elle modèle de force, si grande, louée parmi les Gryffondor, si souvent applaudie, cœur de toutes les attentions passionnées quand elle volait au-dessus du terrain pendant un match, triomphante sans le savoir, concentrée, héroïne. Elle courait après le ciel comme poursuivant son destin. Il voulut être elle. Il voulut sa gloire et il la voulut tout de suite.

Apprends-moi, apprends-moi maintenant, mais non, elle ne lui apprendrait rien, elle ne pensait pas que c'était un don, elle pensait que c'était une question d'entrainement. C'était pourtant un don, ne se voyait-elle donc pas ? Tous les doués croyaient être des méritants.

« Regarde. »

Sans prévenir il fila à l'autre bout du terrain aussi vite qu'il le put, dangereusement, se faisant même un peu peur. Il passa dans le plus grand des anneaux, puis se tourna brutalement, un peu déstabilisé, et il revint vers elle comme il était parti, comme une flèche. Il ne savait pas qu'il était ridicule.

« Alors ? »

Comment lui dire ?

Devant mon ordi j'attends le chaos

07 janv. 2024, 21:23
Elle qui fend les cieux  Privé 
Et viouuum, c’est une fusée Feuxfous Fuseboum qui s’élance sous ses yeux. Le premier réflexe de la capitaine est de s'élancer à la suite du Gryffondor qui fend l’air à toute allure – question de sécurité, question de responsabilité – mais finalement Leo ne bouge pas, elle le laisse faire. Le vol du blond lui rappelle justement un peu celui des projectiles de feu d’artifice magique : le feu qui crépite d’impatience au fond de l’estomac, démarrer sans trop réfléchir, la trajectoire pas très assurée mais peu importe, tant que c’est rapide, c’est cool, vitesse plutôt que sécurité, audace plutôt que raison, gogogo, sensations fortes avant tout et c’est partiiiiiiiii !

Avec une petite inquiétude sur le visage, elle le regarde s’éloigner. Elle grimace en voyant son maladroit virage. Avec un grand soulagement sur le visage, elle le regarde revenir dans sa direction. Elle soupire en le voyant finalement non loin d’elle, à l’arrêt. Toujours sur son balai. Oscar. Oscar comme les petites statuettes dorées du monde du cinéma moldu, Oscar du plus insouciant, ouais. Oscar et sa chevelure blonde un peu ébouriffée par la vitesse, Oscar avec ses grands yeux bleus, son visage d’enfant et son « alors ? » plein d’attentes.

Leo soutient son regard pendant quelques secondes, le visage neutre, ne sachant pas comment réagir. Effectivement : comment lui dire ? Comment lui dire que s’il continue à voler comme ça, la probabilité qu’il finisse à l’infirmerie est grande comme est faible celle que le professeur Charleston ne coupe sa sacro-sainte moustache ? Comment lui dire que voler ainsi, c'est idiot et le chemin le plus rapide pour ne plus voler du tout ?

Mais la batteuse ne dit rien de tout cela. Certainement parce qu'il faut regarder la réalité en face : Oscar n'est pas le seul téméraire Gryffondor, par ici. Leo respecte l'audace. Leo estime l'absence de peur. Leo partage le goût pour la vitesse. Et derrière le vol dangereusement maladroit d'Oscar, Leo descelle des qualités qui lui parlent. Alors plutôt que de le réprimander, plutôt que de se moquer ou de jouer les moralisatrices, la capitaine gratifie son camarade de maison d'un doux sourire.

"J'vais t'expliquer un truc, Oscar."

Elle s'approche de lui, positionnant son balai parallèlement quoiqu'à l'envers : le manche de son Comète 260 du côté des brindilles du balai d'Oscar. Leo passe deux fois ses jambes par-dessus le bois, se retrouve assise à l'envers et continue en désignant les brindilles (joliment taillées) de son balai, qui se trouvent dans le champ de vision du garçon :

"Un balai, c'est pas juste une brindille. Il en faut tout un tas, tout un tas de différentes. Voler c'est pareil. Tu sais voler vite, c'est une brindille. Mais pour vraiment voler bien, il faut ajouter autre chose. L'assurance, la sécurité, l'équilibre, la maîtrise, le discernement, la réactivité... etc. Tu vois ce que je veux dire ?"

Elle lui lance un regard interrogateur pour être sûre de ne pas l'avoir perdu avec sa métamorphose de balai de joueuse de Quidditch.

ˈli(ː)əʊ ˈʤɪnʤə
Flash McQueen, Flash McWin