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15 déc. 2023, 11:16
 OS  Ma vie part en fumée  3 
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Lundi 14 décembre 2048
Dans la salle d'entrainement de DCFM, 8h45


Arrivé devant la salle d'entraînement, je plaque ma main contre une porte qui cède et s’ouvre. Un infime espoir renaît et je balaye aussitôt la pièce du regard, un léger sourire en coin, pour trouver la femme en noir. Mon sourire est prêt à l’accueillir, prêt à s’agrandir, prêt à enchaîner sur des rires, mais il n’y a rien de tout cela, car la pièce est atrocement vide. Mon dernier sourire s’efface. Mes pieds s’avancent et l’écho de mes chaussures contre la pierre m’assure que je suis seul. Aucun talon aiguille ne résonne avec mes pas. Le ballet est terminé et ma poitrine reprend son rythme inhabituel. Il me faut me rendre à l'évidence, elle n'est pas là. Elle est bel et bien partie, me laissant seul avec des mots qu’elle n’a pas jugés bon de me dire en face.

Je continue d’avancer vers le mannequin du fond, en essuyant machinalement mes yeux à nouveau brillants. Le mannequin qui m’a vu lancer des dizaines de sorts est bien là, lui. Sait-il qu’il vient de perdre une sorcière de ce château ? De ma main gauche, j’extirpe ma baguette de ma robe. La main crispée dessus, je pointe mon catalyseur sur lui. Il se fiche bien du sort que je pourrais lui lancer. Il se fiche bien du départ de Valerion ! Ma mâchoire se crispe à nouveau. Il s’en fiche parce qu’il ne ressent rien, lui !

Expelliarmus !

Mon seul poing libre se ressert. Ma poitrine se soulève, encore, puis plus vite. Je fixe le mannequin qui n’a pas bougé. Elle non plus n’aurait pas bougé. Si c’était elle, ce mannequin, je sais qu’elle attendrait que je me calme en tendant sa main. Mais je ne vois aucune main tendue. L’objet métallique est aussi statique que Valerion, aussi imperméable aux sorts, à ma colère et à ma tristesse. Tout monte d’un coup. Les entraînements, les promesses, les paroles, les conseils. Tout s’envole.

Vous aviez promis !, m’écrié-je en direction du mannequin. Le bras à nouveau tendu, la baguette toujours pointée, la main tremblante. Expelliarmus !

Ce nouvel échec m’enrage et c’est un coup de poing que je viens asséner au mannequin. Un coup empli de colère qui le fait tanguer puis s’écrouler au sol, faisant résonner le métal dans toute la pièce. Mes phalanges accusent le coup et la douleur n’atteint même pas mon cerveau. Je fixe ma baguette. Impossible de visualiser quoi que ce soit, quand tout ce que je vois c’est elle. Je veux qu’elle soit partout où je regarde. Je veux entendre encore une fois mon nom dans sa voix, mais il n’y aura plus aucun son. Ma respiration ne prend aucune pause. Ma main récupère la lettre et l’ouvre une dernière fois.

Je n'oublierai jamais ton visage, ton sourire, ton rire et ta détermination


Mais moi ? Et si j’avais envie d’oublier ?! J’ai pas envie de rester, pas envie d’essayer, pas envie de regarder ma vie partir en…

Fumos !

La fumée se fait plus grande qu’elle ne l’a jamais été. Je suis encerclé, protégé une dernière fois par un sort qu’elle m’a appris à maîtriser. Je l’imagine alors présente. Je veux l’imaginer dans ce sort, je veux penser que cette fumée si grande est en fait la sienne. Je maintiens le sort, je puise dans mon corps pour ne plus rien voir d’autre. Je veux être aveugle au reste, sourd aux autres voix, imperméable à toute émotion. Mon corps se laisse tomber. Ma baguette tombe de ma main. Mes jambes se recroquevillent et mes bras les encerclent. Ma tête posée contre mes genoux, je hurle alors que la fumée se dissipe. Mes ongles s’enfoncent dans mes cuisses et je ne sens ni n’entends rien.

Si l’on écoutait mes pensées, on n’entendrait que des cris. Si l’on écoutait ce que ces cris me disent de faire, on me retirerait ma baguette. Comment distinguer le bien du mal sans elle ? Ma main gauche vient rechercher ma baguette à tâtons. Une fois trouvée, mon corps se relève une dernière fois et je veux extraire toute ma magie. Je veux qu’il n’y ait plus rien ! Tout ce qu’elle a implanté en moi, je le veux en dehors de corps ! Baguette pointée vers le mannequin, je m’essaye à tout ce que je maitrise et tout ce qui n’est pas de mon niveau pour m’épuiser plus rapidement.

Flipendo ! Diffindo ! Expelliarmus !

Ma main tremble, ma poitrine se soulève encore. Elle en demande encore. Il me reste toute l’énergie colérique à effacer. J’avance pour me rapprocher de ma cible qui s’est éloignée sous la puissance de mes coups. Je sers de toute ma force ma baguette et recommence.

Repulso ! Propulso !

Mon corps semble comme aspiré en arrière par une énergie extérieure. Je me sens épuisé, vidé, mais pas encore suffisamment. Je jette alors la lettre au sol, pointe ma baguette dessus et crie un dernier sort.

Incendio !

Les flammes s’emparent de la lettre aussi vite que ses mots se sont emparés de ma joie. Mon corps s’écroule enfin, ma tête rebondit sur le sol et mes yeux, après avoir lutté encore une fois, se ferment, enfin.


Ne laisse jamais la haine te consumer comme elle l'a fait avec moi, tu mérites ce que la terre a de plus beau à offrir.


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Fin.

Fiche PR - 2e année RP - Obscurial en devenir