Installé dans la salle commune de Gryffondor, Azraël était en train de rédiger un devoir des plus ennuyeux. Un groupe d’élèves passa devant sa table en chahutant bruyamment, le sortant définitivement de sa concentration déjà bien fragilisée. Azraël releva la tête de son parchemin, jeta un coup d’œil perplexe autour de lui, puis s’enfonça dans son fauteuil.

Ayant oublié à quel point le soleil se couchait tôt en Décembre, il n’avait pas réalisé que la nuit était tombée pendant qu’il travaillait. Il lança un regard de dépit en direction de son devoir, qui était encore loin d’être achevé. À cet instant, un groupe d’élèves riant à gorge déployée fit irruption dans la salle commune, et Azraël se dit alors qu’il aurait mieux fait de travailler à la bibliothèque.

Perdu dans ses pensées, il se rendit compte au bout de plusieurs longues minutes qu’il fixait vaguement la salle commune sans la voir, et qu’il n’avait pas avancé d’un pouce sur son devoir. Il décida alors qu’il avait suffisamment travaillé pour aujourd’hui. Après tout, son devoir n’était pas urgent, et il sentait bien qu’il n’arriverait plus à faire quoi que ce soit de productif pour le moment.

En temps normal, Azraël aurait rejoint les autres et se serait amusé avec eux, mais la salle était pleine à craquer, et pour sa part, il ressentait le besoin de prendre l’air. Il prit ses affaires et rejoignit son dortoir pour les y ranger. En passant devant la fenêtre, il constata que le ciel était bien dégagé, ce qui n’était pas arrivé depuis des jours. Il n’en fallut pas plus pour réveiller son âme d’explorateur.

La journée avait été très froide, alors Azraël s’empressa d’enfiler un pull, une grosse écharpe, ainsi qu’une paire de gants, puis il s’emmitoufla dans une veste en laine qui était deux fois trop grande pour lui, mais qui lui tenait particulièrement chaud. Il redescendit dans la salle commune, franchit le trou dissimulé par le portrait de la Grosse Dame, puis entreprit son périple vers la tour d’astronomie. Heureusement, le couvre-feu était dans plusieurs heures, il pourrait donc y rester un bon moment s’il le souhaitait.

La salle de classe de la tour d’astronomie était de loin le meilleur endroit du château pour contempler un ciel nocturne de la meilleure façon possible, car il s’agissait du point le plus haut de Poudlard. De plus, elle disposait d’un pont d’observation dédié spécifiquement à cet usage, sans oublier que la position isolée du château en faisait un lieu sans pollution lumineuse, d’où l’on pouvait ainsi observer un nombre impressionnant d’étoiles et de constellations lorsque la météo le permettait.

Azraël ne s’était jamais rendu dans cette salle tout seul, ni en dehors des cours d’astronomie auxquels il avait déjà assisté, mais l’idée ne l’effrayait pas le moins du monde, bien au contraire. Au moment où il arriva devant la porte de la salle, il retint son souffle. Tout était si calme qu’il avait l’impression de ne pas avoir le droit d’être là, même s’il savait pertinemment que c’était faux.

Il se décida finalement à actionner la poignée, mais dès l’instant où il ouvrit la porte, un vent glacial l’assaillit, le faisant se réjouir intérieurement de s’être habillé si chaudement. Il traversa la classe, balayant du regard les globes et les télescopes dispersés un peu partout, le grand tableau noir immaculé, ainsi que les pupitres aux chaises vides. Il régnait une drôle d’atmosphère dans la pièce silencieuse, qui était habituellement si animée. De la magie semblait planer dans les airs, mais ce n’était pas le genre de magie qu’on pouvait faire avec une baguette, c’était nettement plus abstrait.

Azraël grimpa l’escalier qui menait au pont d’observation, traversa le planétarium en l’observant avec intérêt, puis atteint finalement le pont, avant de s’appuyer contre la rambarde qui lui faisait face tout en levant la tête vers le ciel. Il ne put alors se retenir de pousser une exclamation d’émerveillement face au spectacle qu’il avait sous les yeux, et pour cause : pas un seul nuage ne parsemait l’horizon, et la voûte céleste scintillait de milliers d’étoiles resplendissantes.

Le sourire aux lèvres, Azraël inhala une grande bouffée d’air frais. Il se sentait déjà beaucoup mieux que dans la salle commune surpeuplée. Il resta là pendant de longues minutes, à contempler le ciel étoilé, si bien qu’il finit par s’asseoir, le dos appuyé contre une colonne en pierre, les yeux toujours rivés sur ces astres qu’il admirait tant. Le vent soufflait moins fort à présent, et tout en lui faisant l’effet d’une caresse sur le visage, il soulevait délicatement ses cheveux dorés sur son passage. Azraël se sentait apaisé.

Soudain, un bruit provenant de la salle en contrebas le tira brutalement de ses rêveries. Trop absorbé par sa contemplation des étoiles, il n’avait pas pu le distinguer nettement, et avait donc du mal à faire des hypothèses sur sa source. Il décrocha à contrecœur ses yeux de la voûte céleste afin de mobiliser tous ses sens sur l’origine du son inconnu. Son corps entier était en alerte, et son cerveau tournait à toute allure.

D’où ce bruit pouvait-il bien provenir ? Était-ce un professeur, ou alors le concierge, venu pour lui faire des remontrances ? Tout bien réfléchi, l’heure du couvre-feu était loin d’être dépassée, ce ne pouvait donc pas être ça… Peut-être était-ce un autre élève qui avait eu la même idée que lui ? Ou bien Peeves, qui se ferait une joie de l’importuner ? Ou même des lutins, sur le point de commettre un énième méfait ?

Une bouffée de panique monta en lui. Devait-il se cacher ? Essayer de s’éclipser ? Azraël respira profondément pour se calmer et retrouver ses esprits. En réalité, il n’avait aucune envie de fuir comme un voleur. S’il avait fait une bêtise, il l’assumerait, d’autant qu’il ne voyait vraiment pas ce que l’on pourrait lui reprocher. Il décida donc de rester immobile, assis par terre avec les yeux fixés sur les dernières marches de l’escalier menant au pont d’observation, en attendant de découvrir la source du bruit mystérieux.

EDIT Neven : / Pas d'intervention du professeur Pearce.

Elle fixait la pointe de sa plume, plantée dans le parchemin, déversant son encre en une tâche d'un épais bleu nuit qui mangeait les quelques lignes écrites. Lasse, la jeune sorcière était affalée sur un bureau, au fond d'une salle trouvée au hasard d'un couloir. Sa tête blonde retenue par son bras, avachie par ennui, elle écoutait le silence à peine troublé par les murmures des tableaux.

Un faible soupir et elle rompit cette attitude amorphe, se redressa, nettoya sa plume et vissa d'un coup de poignet le pot d'encre. La Serdaigle rassembla ses affaires, poussa sa chaise et abandonna la salle en fermant la porte derrière elle.
Par la fenêtre, elle avait vu la lumière décliner au fil des minutes. En décembre, la nuit tombait tôt, ça ne servirait à rien de s'acharner sur son parchemin alors qu'elle n'y verrait goutte.

Retrouvant rapidement son chemin, Acuti nota que la salle où elle s'était installée avait peu de passage. Elle qui aimait le calme, elle s'était vite habituée à travailler dans une salle du château qu'elle trouvait lors de ses explorations.
La bleue et bronze s'étira rapidement - les chaises de classe n'étaient pas des plus confortables - en se demandant ce qu'elle pouvait faire maintenant.

Presque inconsciemment, elle rejoignit sa salle commune et décida de poser ses affaires, puis repartir ensuite pour remplir le temps restant avant le couvre feu. Rester dans le dortoir était exclu, elle ne voulait pas être dérangée. Grimpant quatre par quatre l'escalier, elle vida sa sacoche dans un tiroir, y glissa son carnet, de quoi écrire et un livre, et réparti.
Deux pas en arrière, elle prit sa cape et une écharpe, avant de tourner les talons.

Une fois dans les escaliers, la Caligo enroula l'écharpe autour de son cou après avoir passé la cape sur ses épaules à la va vite, plongeant le bout de son nez dans l'épais tissu réconfortant par sa chaleur. Elle était peu frileuse, mais c'était tout de même mieux d'être couverte là où elle se rendait. Acuti poussa sa tresse blonde dans son dos, rangeant ses mains dans ses manches pour anticiper le froid.

D'un pas silencieux comme à son habitude, elle montait vers la tour d'astronomie sans trop prêté attention à autre chose que le sol. Elle se glissa dans la pièce par la porte entrouverte, mais elle frémit tout de même en sentant le vent frais se faufiler sous sa cape. Avec un sourire, elle sortit le nez de on écharpe, replaça sa cape, goûtant au silence.

Ici, tout était si calme qu'on entendait le vent qui sifflait là haut. . Elle s'avança dans la classe, observant les divers outils et globes disposés autour des bureaux. Cet endroit lui rappela la scène auquel elle avait assisté pendant un des cours. Chassant les questions qui venaient avec ce souvenir d'un coup de tête, elle ne fit pas attention et tapa dans une chaise.

Le raclement arracha une grimace à la jeune sorcière, déçue d'avoir rompu le charme qui flottait dans l'air. Elle s'immobilisa, cherchant à savoir si l'on avait entendue. Étrangement, elle crû entendre autre chose, mais s'était sans doute le vent. Elle sentait pourtant qu'elle n'était plus seule.
Contournant la chaise, elle posa le pied sur la première marche en douceur.

Acuti aimait marcher le plus silencieusement possible, aussi ne fit elle aucun bruit en montant les marches. Grâce aux étoiles, elle vit la silhouette de ce qu'elle avait cru entendre : un garçon aux cheveux blonds, son visage tourné vers elle, pâle sous la lueur des astres.
La jeune fille préféra le silence aux mots, lui adressant un signe de tête lent avant de s'approcher de lui, s'asseyant a quelques pas.

- Salut. lâcha t'elle dans un murmure.

Elle leva le menton pour poser ses yeux bleus froid sur le ciel sombre. Sans aucun nuages, la nuit s'était parée d'un noir d'encre qui semblait avoir envahi le ciel sous son manteau opaque. Toujours au rendez vous, les étoiles parsemaient la nuit comme autant de poussières scintillantes. Un léger sourire releva le coin de ses lèvres, alors que son souffle se faisait plus lent, s'adaptant au rythme de la nuit.

Contemplant la voûte céleste, elle se rappela que quelqu'un d'autre se trouvait à côté d'elle. La nuit la fascinait, elle voulait gravé dans son esprit cette image d'une vaste étendue obscure et peuplée de lumière, du haut de la tour d'astronomie.
Elle ramena sa tresse sur son épaule, tandis que la brise jouait avec ses mèches rebelles.

@Azraël Aquila, c'est beau comment tu décris le ciel

Le souffle court, le cœur battant à tout rompre, et les yeux rivés sur ce qu'il pouvait voir des escaliers, Azraël dut attendre pendant ce qui lui sembla être une éternité, même s'il ne s'agissait en réalité que de quelques secondes. Pourquoi n'entendait-il plus rien ? Normalement, si quelqu'un était en train de monter les escalier, son ouïe l'aurait déjà détecté... Mais aucun bruit, rien à signaler.

Alors qu'il commençait à penser qu'il avait halluciné, ou bien que le vent avait fini par faire tomber un objet au sol, ce qui semblait par ailleurs être la théorie la plus plausible, Azraël vit une fillette faire son apparition en haut des marches. Rassuré, il poussa aussitôt un soupir de soulagement, et ses muscles se détendirent instantanément. Il n'aurait pas d'ennuis ce soir, du moins pas pour le moment.

La fille, qu'il avait déjà aperçue à plusieurs reprises sans avoir pour autant pu discuter avec elle, s'avança vers la rambarde du pont d'observation, après lui avoir adressé un signe de tête poli. Elle finit par s'asseoir auprès de lui, en le saluant d'une voix à peine audible. Elle avait l'air dêtre vraiment discrète, à en juger par la façon dont elle avait réussi à emprunter l'escalier sans faire le moindre bruit.

Azraël l'observa l'espace d'un instant. S'il avait dû imaginer quelqu'un le rejoignant pour contempler les étoiles lors d'une froide nuit de Décembre, le personnage qu'il aurait crée dans son esprit n'aurait pas été très différent de la fillette, bien réelle pourtant, qui lui faisait face. Sa pâleur, ses yeux d'un bleu glacé, ainsi que ses longs cheveux blonds joliment tressés, lui donnaient un air étrangement pur. Elle évoquait à Azraël l'image d'un flocon tombant lentement du ciel pour finir par se poser délicatement sur un lac gelé.

« Salut. » répondit Azraël d'un ton si calme qu'il en fut lui-même surpris.

Il releva alors la tête vers le ciel, et pendant quelques instants, laissa ses pensées vagabonder à nouveau parmi les astres. Fermant les yeux, il prit une grande bouffée d'air frais. L'odeur de la nuit était vraiment unique... Lorsqu'il rouvrit les paupières, l'image mouvante de toutes ces étoiles scintillantes lui parut presque irréelle. Quelle chance il avait de pouvoir contempler ce spectacle !

« C'est magnifique, pas vrai ? J'aurais dû venir ici plus tôt... Je crois que c'est la première fois que je vois autant d'étoiles. » dit-il à voix basse.

En cet instant, Azraël se sentait plus paisible que jamais, aussi essayait-il de savourer cette sensation autant que possible. Il voulait tout graver dans sa mémoire, des constellations accrochées à la voûte céleste au vent qui faisait danser ses cheveux dorés comme il l'aimait tant, en passant par la compagnie de la mystérieuse fille assise à ses côtés. Il lui semblait d'ailleurs que cette dernière était, en plus des étoiles, en partie responsable de la quiétude du moment. C'était comme si une aura de sérénité flottait tout autour d'elle, en imprégnant au passage quiconque s'en approchait. C'était agréable.

Il était tellement inhabituel pour le Gryffon de se sentir si calme qu'il avait le sentiment d'être en train de découvrir une nouvelle facette de sa personnalité. Peut-être que finalement, grandir pouvait aussi avoir de bons aspects... Ce qui était sûr, c'était que ce moment hors du temps lui plaisait énormément, et que si c'était ça d'être paisible, alors il aimait la paix.

@Acuti Caligo, merci beaucoup ! J'aime aussi ta plume

Le vent repoussa sa mèche contre sa joue, et elle la recala derrière son oreille, percevant le regard du garçon. Lorsqu'elle était apparue en haut des marches, elle avait senti ses yeux la suivre alors qu'elle venait s'asseoir a ses côtés. Sa tête blonde aux mèches agitées par la brise qui sifflait du haut de la tour, et son attitude qui s'était relâchée quand il l'avait vue.

Elle reçu une réponse à son faible salut, énoncé d'un ton si calme qu'il sembla se surprendre.
Acuti l'avais déjà croisé lors des cours, ou dans les couloirs. Elle avait le vague souvenir du portrait d'un élève attentif, sans pour autant se taire. Il lui semblait l'avoir également aperçu près de la Volière, sans jamais vraiment lui parler.
Un élève parmi tant d'autres.

La jeune fille releva la nuque, observant ce qui l'avait menée jusqu'ici. Les astres au dessus de leurs têtes, peignant la nuit sur une toile de bleu obscur, formant un tableau mouvant. Si proches et si loins, tel un mirage disparu au matin.
Elle délaissait volontiers ses songes pour ce spectacle changeant a travers chaques nuits.

Il engagea la conversation naturellement, d'un ton feutré qui pouvait se perdre dans le vent, laissant ses mots tentez de d'écrire l'immensité. Magnifique... Un mot si faible pour ce sentiment effacé, si ténu qui englobait le ciel nocturne. Un écho qui se répercutait a l'intérieur.

Elle tourna les yeux vers lui, vers son regard doux, scintillant par le reflet de la voie lactée qui miroitait dans son iris.
La sorcière ne ressentait pas le besoin de le contredire, aussi laissa elle couler quelques secondes de plus avant de parler a son tour, sur le même ton qui s'accordait a la nuit.

- J'aurais dû venir dès les premiers jours... Le silence n'a pas la même saveur ici.

Le ciel était silencieux, mais d'un silence imparfait, déchiré par le bruit du vent qui soufflait dans la tour. La nuit n'a pas d'odeur, mais l'endroit lui en donnait une. La voûte était paisible, et ce sentiment état presque palpable autour d'eux. L'atmosphère qu'on pourrait brisé d'un mot de trop, fragile, et pourtant si sereine.

Le dôme du ciel auquel étaient accrochées les étoiles, la noirceur douce de la nuit... Acuti aurait aimé figer l'instant, si simple, l'imprimer dans sa rétine, ne jamais l'interrompre.
Ce n'était pas là même chose qu'une salle de classe vide.
Ici, le vide prenait une autre dimension, un autre aspect. Plus vaste, palpable, prenant toute place sans être là véritablement. Criblé d'étoiles, si présent et pourtant si loin.

La présence familière d'une autre personne lorsqu'elle levait la tête, cet air réconfortant des souvenirs du ciels qui remontaient de l'enfance... Et le sentiment de plénitude qui prenait place dans l'âme. Une place qu'il n'avait jamais perdu, sans qu'on l'ai remarqué.

Merci @Azraël Aquila, si on continue comme ça on aura plus les mots pour décrire

Le regard toujours fixé sur la voûte céleste, Azraël se tut après avoir laissé échapper quelques mots. Le calme dans lequel il était plongé le surprenait véritablement, lui qui était d'un naturel plus qu'énergique. Par ailleurs, même l'idée de lancer une conversation ne lui apparaissait pas comme primordiale en cet instant. Pour une fois, il pouvait se contenter d'observer les astres en silence.

L'immense majorité de son entourage le percevait comme un garçon excessivement curieux, agité et bavard, aussi trouva-t-il amusant que la première impression que la fillette devait s'être faite à son sujet soit en réalité si différente de son comportement habituel. Quelque part, il était étrange qu'une inconnue ait immédiatement accès à une facette d'Azraël que lui-même connaissait encore mal, et dont très peu de gens avaient pu être témoins jusqu'alors.

La petite blonde semblait tout autant absorbée que lui par le ciel qui les surplombait, mais il finit par sentir son regard se poser sur lui, et c'est alors qu'il se rendit compte qu'elle n'avait pas encore répondu à ce qu'il avait dit auparavant. Peut-être n'allait-elle tout simplement pas du tout rebondir dessus ? Azraël savait qu'il y avait des gens qui, contrairement à lui, n'étaient pas très friands de conversations animées, et qui préféraient ne parler que pour dire des choses qu'ils estimaient réellement essentielles. Était-elle l'une de ces personnes ?

Pour sa part, en général, il n'appréciait pas énormément les longs silences lors des discussions avec de nouvelles personnes, mais cette nuit-là, les choses étaient différentes. Rester ici aussi longtemps qu'il le souhaiterait, assis aux côtés de cette inconnue dans l'obscurité et le silence de la nuit, était probablement ce qu'il avait le plus envie de faire en cet instant. Bien sûr, cela ne signifiait pas non plus pour autant qu'il était opposé à une discussion avec la fillette, au contraire même puisqu'elle l'intriguait, mais ce n'était tout bonnement pas une nécessité.

À peine s'était-il fait cette réflexion que la petite blonde prit la parole, d'un ton doux s'accordant à merveille avec le calme ambiant. Azraël eut une petit sourire face à cet amusant synchronisme. Il releva qu'elle soulignait elle aussi la particularité du silence qui régnait sur la tour d'astronomie, semblant l'apprécier tout autant que lui. De fait, il supposa que sa compagnie n'était pas un élément perturbateur aux yeux de la fillette, ce qui le rassura car il avait conscience que son trop-plein d'énergie pouvait parfois importuner les autres, ce qu'il tenait particulièrement à éviter dans un tel contexte.

« Oui, je suis d'accord.. J'étouffais dans ma salle commune, alors je me suis dit que venir ici serait une bonne idée, et j'ai bien fait car je pense qu'il n'y avait pas de meilleur endroit pour m'apaiser. »

Très étrangement, leur échange se révélait si paisible, que ce soit en termes de mots, de débit de parole, ou encore de ton, que le précieux silence qu'ils étaient venus chercher ne s'en voyait pas rompu. Le Gryffon constata également, sans pouvoir non plus se l'expliquer, que son langage habituellement familier était devenu légèrement plus soutenu, comme pour s'accorder avec la tonalité posée de sa voix. C'était un phénomène vraiment curieux qui ne s'était encore jamais produit auparavant, un peu comme si l'endroit ou le moment - ou était-ce plutôt dû au ciel étoilé lui-même ? - impactait son esprit tout entier, jusqu'à en modifier sa manière de s'exprimer.

« Je trouve qu'il y a vraiment quelque chose de magique ici, et je ne parle pas de la magie qu'on apprend en cours, mais plutôt d'un autre type de magie, plus profond en quelque sorte... Tu ressens ça toi aussi ? »

Il était curieux de connaître la réponse que lui donnerait la mystérieuse fille assise à ses côtés. Était-il le seul à ressentir se propager dans son corps tout entier un sentiment d'apaisement absolu, si intense que son comportement s'en voyait radicalement impacté ? Les astres pouvaient-ils avoir un tel pouvoir sur les êtres humains ? Ou bien était-il simplement quelqu'un de particulièrement sensible à l'air frais de la nuit ? Tout bien considéré, n'était-il pas en train de devenir plus ou moins fou ?

Les interrogations qui commençaient à s'insinuer en trop grand nombre dans l'esprit d'Azraël avaient le potentiel de nuire à la paix dont il profitait, aussi secoua-t-il la tête pour les chasser. Après tout, discuter avec la fillette lui apporterait sûrement les réponses qu'il cherchait, alors il n'avait qu'à attendre quelques secondes et il serait fixé. Sa curiosité prenant le dessus, il décrocha un instant son regard du ciel étoilé pour le poser sur la petite blonde, en attente de sa réponse. L'intelligence qu'il décelait dans ses yeux bleus et la sensibilité qu'il avait sentie émaner d'elle promettaient une discussion aussi intéressante qu'enrichissante.