Elle aurait voulu être montée la veille, avant le cour d'Astronomie. Se retrouver seule, même pour une demi heure face aux étoiles. Mais le temps était passé plus vite que prévu et elle avait à peine eu le temps de rassembler ses affaires après le dîner qu'il était déjà l'heure de monter à son cours d'Astronomie. Et malgré tout ce qui s'était passé, elle avait fait de son mieux pour suivre et participer en cours comme à son habitude. Et comme elle s'y attendait, elle avait passé la nuit dans la salle commune, à lire, en attendant que tout le monde soit monté dormir. A ce moment là seulement elle avait ressorti la lettre de sa mère. Elle était montée dormir vers trois heures du matin.
Mais ce soir là, elle avait vraiment besoin de voir le ciel nocturne. Son immensité et ses mystères la passionnaient. Depuis qu'elle était enfant, tous les ans, elle allait voir les Perséides avec son père et son frère Nathan, qui aimaient les étoiles tout autant qu'elle. Tous les trois s'allongeaient dans l'herbe, en Pologne ou en Écosse, admirant le spéctacle. Andzej le rompait parfois pour donner à ses enfants des informations sur ces astres célestes. Le ciel était souvent pollué de quelques satellites moldus, mais ils n'enlevaient rien à la magie de l'espace. Lever la tête vers les étoiles lui permettait de relativiser, de se rappeller qu'elle n'était qu'une poussière dans ce vaste Univers. Que tout ce qui lui arrivait n'avait, en soit, pas beaucoup d'importance.
Juste après dîner, donc, elle monta chercher manteau, bonnet, écharpe et gants dans le dortoir avant de continuer sa route vers la tour d'Astronomie. Arrivée en-haut, bien au chaud sous ses multiples couches de vêtements, elle s'asseya contre le murret et leva la tête vers les étoiles. Oh, qu'elle adorait être là, perdue dans l'immensité de l'espace, loin des problèmes que sa mère avait apporté. Comme à son habitude, elle commença par identifier étoiles et planètes. Ce soir là était une nouvelle lune. Une nuit parfaite pour observer les étoiles. Elle rentrerait avant le couvre-feu, mais pour le moment, elle profitait du ciel sans nuages.

Après le dîner, Nyxis se balada dans les couloirs.
Elle n'avait pas vraiment envie de retourner dans la salle commune tout de suite.
Elle voulait être un peu seule, au calme, pour recharger ses batteries. Il faut dire que les derniers jours ont été plutôt éprouvants pour la blonde.

Elle eu l'idée d'aller dans la salle d'astronomie, pour observer les étoiles qui devaient scintiller distinctement dans le ciel à cette heure de la soirée, et elle en profiterait sûrement pour prendre des notes en vu de son prochain devoir.

Elle se alta donc dans les couloirs, monta les multiples marches qui la séparaient du dernier étage, et, au bout d'une dizaine de minutes, et arriva devant le porte en bois de la salle.

Avant d'entrer, elle revêtit sa cape en fourrure ainsi que son écharpe aux couleurs de sa maison. Tout le monde savait que la température d'hiver ici n'était que très peu agréable.

Une fois prête, elle poussa la petite porte, entra dans la pièce et referma derrière elle.

Là où elle se trouvait, elle ne voyait pas encore la jeune rousse, qui était assise contre le petit muret.

Nyxis regarda tout d'abord les quelques cartes lunaires qui étaient accrochées sur un des murs, puis s'appuya sur la barrière afin de contempler la beauté du ciel. D'ici, on pouvait voir des milliers d'étoiles, tel des petits diamants accrochés dans la voute céleste.

Mais quelque chose détourna son regard.
Quelques mètres plus loin, Anastasia était assise, observant elle aussi les astres dans le ciel.

- Oh excuse moi, je ne t'avais pas vu.

Nyxis réfléchit rapidement, puis continua :

- Ça va ? Enfin je veux dire, est ce que ça va vraiment ? Hier tu ne semblait pas dans ton assiette....

Elle sursauta en entendant la porte s'ouvrire. Elle paniqua un peu, avant de se rappeller qu'elle avait normalement le droit d'être là. Le couvre-feu n'était pas encore passé. Elle plissa des yeux pour essayer de reconnaître qui était monté. Et quand elle reconnu Nyxis Calderon, elle roula les yeux au ciel. C'était la deuxième fois en deux jours qu'elle se croisaient quand la jeune fille avait besoin d'être seule. A croire que Nyxis la suivait. Avec un petit soupire, elle releva la tête vers le ciel.
— Oh excuse moi, je ne t'avais pas vu. Ça va ? Enfin je veux dire, est ce que ça va vraiment ? Hier tu ne semblait pas dans ton assiette...
Si il y avait bien une chose qu'Anastasia détestait, c'était qu'on s'occupe de ses problème. Elle est triste? Aucun problème, laissez la seule quelques jours et elle ira mieux. Elle est malade? Laissez la tranquille avec un accès à des tisane et des médicaments et elle ira vite mieux. Et ce soir là, elle n'était pas vraiment triste. Elle était surtout déçue d'elle même. Dans cette situation, il fallait la laisser seule avec les étoiles et un livre. Donc Nyxis qui lui demandait comment elle allait, ça n'allait pas l'aider. Au contraire même.
— Je vais bien, ne t'inquiète pas. J'ai juste eu... des problèmes familiaux mais rien de grave.
Elle voulait juste que l'autre parte. Qu'elle lache un "ok" puis qu'elle fasse demi tour pour descendre dans les sous-sols du château. Dans sa salle commune qu'Anastasia aurait dû pouvoir appeler sienne aussi. La rousse n'était pas jalouse, elle ne connaissait pas Nyxis pour juger. Mais elle trouvait juste que le fait que deux fois de suite ellle tombe sur la jeune Serpentard était étrange. C'était comme si l'univers la narguait. Comme si Nyxis était juste là pour remuer le couteau dans la plaie.

- Ah, je vois. Je suis désolée que ça arrive. Je sais ce que ça fait. Tu n'as sûrement pas envie d'écouter mon piètre discours sur tout ceci, donc je vais te l'épargner.


Elle était là, assise, seule.
La jeune rousse lui rappela elle même, 5 ans plus tôt, quand son oncle avait quitté le pays. Ses premiers pouvoirs n'était pas encore apparu, alors il avait dit qu'elle était un déshonneur pour la famille.
Depuis ce jour, elle n'a plus de nouvelles.
Ce qu'elle sait, c'est que dans ce genre de situation, rester trop longtemps sans parler, c'est une mauvaise idée.
Mais elle n'était pas à sa place, donc elle ne pouvait pas savoir.

Elle la regarda, et entreprit de partir.
Elle ne voulait pas la déranger, si elle a besoin d'être seule.
Mais elle ne voulait pas non plus la laisser réellement seule.

- Bon, j'y vais
Elle dit en mentant. Nyxis fit semblant de partir, claquant la porte d'entrée. Elle s'était installée discrètement à côté d'un placard, que Anastasia ne pouvait voir de là où elle était.
Elle allait l'attendre, et rentrerait ensemble.

La jeune blonde mourrait d'envie de lui poser tout plein de questions, mais elle ne voulait pas la forcer, la mettre mal à l'aise, ce qui avait été sûrement le cas aujourd'hui et les jours précédents.
Elle ferma les yeux un moment, profitant un moment de son moment de solitude à elle aussi. Elle se remémora son entrée à Poudlard, les quelques mois qu'elle y avait passé, les rencontres qu'elle avait faite.


Une vingtaine de minutes plus tard, la cloche sonna, indiquant que c'était l'heure de rentrer dans nos maisons.
Maintenant, elle avait honte d'être restée là. Elle avait été mal polie de faire semblant de s'en aller, et de l'attendre ici.

Comment Anastasia allait-elle réagir ?

— Ah, je vois. Je suis désolée que ça arrive. Je sais ce que ça fait. Tu n'as sûrement pas envie d'écouter mon piètre discours sur tout ceci, donc je vais te l'épargner.
Anastasia avait baissé la tête vers son interlocutrice. Première décision sensée que Nyxis prennait depuis leur rencontre, la veille. Ces deux petites phrases révélaient que la blonde avait eu des problèmes familiaux, comme elle "savait ce que ça faisait". Ce n'était pas pour être méchante, mais la rousse ne pensait pas qu'elle "savait ce que ça faisait", pas à propos de ça. Pas quand elle, qui était sensé être la fièrté de sa mère se retrouve à Gryffondor.
— Merci.
Le visage impassible, Anastasia fixait toujours Nyxis. Puis, comme l'autre ne dit rien, elle releva la tête vers les étoiles. Elle reconnaissait les étoiles, les constellations. Savoirs qu'elles étaient là, savoir les repérer en fonction des saisons, savoir qu'elles seront là pendant toute sa vie, tout ça la rassurait. C'était quelque chose de stable, de constant et de prévisible.
— Bon, j'y vais.
— D'accord.
Elle entendit la porte claquer et elle soupira de soulagement. Enfin vraiment seule. Après un coup d'oeil à sa montre, elle se rendit compte qu'il ne lui restait que quize minutes avant qu'elle doive redescendre. Elle repensa à son père, au fait qu'il ne porte pas importance à la maison de ses enfants, lui étant allé dans une école sans maison. Elle repensa à lui, à ses cours d'Astronomie, dans l'herbe, à regarder les étoiles fillantes. Elle sourit. Puis elle repensa à sa mère, aux mots qu'elle avait pu écrire, à l'importance de la famille. Oui, la famille était importante. Non, elle ne voulait décevoir personne. Et quand elle y pensait, même si elle était déçue de la décision du Choixpeau, Gryffondor était tout de même une maison préstigieuse. Certes, souvent favorisée pour une raison inconnue - excepté le fait que c'était la maison des "héros" - mais une bonne maison quand même. Ce n'était pas pour autant qu'Anastasia était contente d'être à Gryffondor, au contraire. Mais elle n'y pouvait rien à présent.
Une cloche sonna. Il était l'heure pour la jeune fille de rejoindre le dortoir bien rouge qui l'empêchait souvent de dormir. De rejoindre ses camarades de dortoir, qu'elle ne connaissait pas vraiment. Anastasia passait le moins de temps possible dans l'espace réservé aux Gryffondors. Elle était soit en cours, soit dans le parc, soit au foyer, soit dans ses endroits préférés: la biliothèque et la tour d'Astronomie. La salle commune et le dortoir, ce n'était que des lieux de passages, où elle dormait et rangeait ses affaires.
Son visage était redevenu de marbre lorsqu'elle se leva, prête à rentrer dans le froid un peu moins froid du château. Elle ouvrit la porte, entra et referma la porte derrière elle et regarda une dernière fois la salle avant de partir. Ses yeux passèrent devant un placard lorsqu'elle s'arrêta net. Nyxis. Elle était restée. Elle s'était caché. Elle avait attendu. Le visage d'Anastasia se ferma encore plus, passant de "de marbre" à "absolument aucune émotion visible appart peut-être l'irritation. La rousse n'avait pas envie de se battre. Mais elle voulait comprendre pourquoi Nyxis était restée. Donc, sans crier, sans perdre son expression, elle lança d'une voix aussi dépourvue d'émotions que son visage.
— Je te fais pitié, c'est ça? T'as vu que je n'allais pas bien hier, par hasard - ou pas - tu te retrouves ici, avec moi et quand tu me dis que tu t'en vas, tu restes. C'est quoi ton problème Nyxis?
Voilà pour moi, tu as le droit à l'inspi de minuit

- Je... Non pas du tout... C'est pas ça....

Elle ne trouvait plus les mots.
Elle regrettait déjà.

Nyxis s'était levée, et se tenait à quelques mètres de la rousse.
Elle ne savait pas ce qui l'avait poussé à rester, à se mêler de ce qui ne la regarde pas. Elle ne comprenait pas pourquoi, elle avait cru que rester ici aurait arrangé les choses.

- Écoute on s'est mal comprise j'en suis sûre....

Elle avança doucement vers Anastasia, mais s'arrêta, pensant que ça ne servait à rien de continuer à mentir et de cacher la vérité.

- Je m'en veux. Je suis vraiment désolée

Elle se lança dans de longues explications.

- Je... dès notre rencontre au terrain d'entrainement, j'ai compris que quelque chose n'allait pas. Je suis et j'étais bien consciente que ça ne me regardait pas. Pourtant j'ai essayé de comprendre. J'ai voulu savoir ce qui n'allait pas.
On s'est rencontrées il y a seulement quelques jours, mais ça ne change rien. Ton comportement m'inquiétais. Lorsque tu m'as dit que tu avais des problèmes familiaux, j'ai tout de suite compris. Nous avons sûrement pas vécu les mêmes choses, pas les même expériences et sans doute pas avec la même intensité mais je me disais que je pouvais quand même faire quelque chose.
Je voulais te laisser seule, parce que je sais que c'est important. Pour recharger ses batteries, pour se retrouver seul avec soi-même, pour réfléchir et surtout, pour faire une pause. Pour prendre le temps de contempler le monde, la beauté de ses paysages, de ce ciel et de la nature.
Comme tu as voulu le faire aussi aujourd'hui.
Mais je ne voulais pas que tu sois seule non plus. Alors je suis restée. Juste pour être là. Même si tu ne le savais pas.
Je voulais rester à tes côtés si tu en avais besoin....
Je suis vraiment désolée.... Je n'aurais pas dû....

Elle se sentait coupable. Coupable d'avoir fait du mal à une personne qui n'avait rien demandé. À une personne qui avait déjà des problèmes et des préoccupations importantes.
Elle baissa la tête et se tourna, pour partir. Elle ne voulais pas embêter la jeune fille une seconde de plus. Elle ravala rapidement les quelques larmes qui s'étaient formées au coin de ses yeux.

Nyxis cherchait des excuses. Elle s'était levée et elle cherchait à s'excuser. Anastasia, aucune émotion sur le visage, se tennait droite, les bras croisés. Elle n'avait pas bougé et elle prennait longues inspirations. Dans la demi-obscurité, ses cheveux roux prennaient la même couleur que son bonnet aux couleurs de Gryffondor. La blonde semblait paniquer. Elle s'avança un peu. Elle commença à s'expliquer. Un monologues d'excuses plus stupides les unes que les autres. Anastasia ne dénigrait pas ce que Nyxis avait pu vivre. Mais ce n'était probablement pas la même chose. Ce n'était pas la même chose.
— Quatres choses. On s'est rencontrées hier, parce que tu m'es rentrée dedans. Je ne voulait parler à personne de tout ça, sauf peut être à mon frère mais tu m'as forcé la main. On n'a pas tous les mêmes techniques pour aller mieux, donc tu n'avais aucun droit de rester. Et non, tu n'aurai pas dû.
La blonde sortit alors de la salle, les larmes aux yeux. Anastasia n'avait pas voulu la faire pleurer, mais c'était son problème. Ce n'était absolument pas la faute de la rousse si Nyxis était restée, si elle avait essayé - sans succès - de l'aider. A nouveau seule, et pour de vrai cette fois-ci, Anastasia sortit à son tour de la salle et se dirigea vers les escaliers. Elle comptait tout de même rentrer à son dortoir avant le couvre feu. Elle espérait ne plus revoir Nyxis, qui était très irritante. elle lui avait fait comprendre plusieurs fois qu'elle ne voulait pas de son aide. Et qu'est ce que Nyxis avait fait? Essayé tout de même. Elle avait essayé jusqu'à ce qu'Anastasia s'énerve, lui dise de partir.
— Tant pis pour elle murmura Anastasia en arrivant devant sa salle commune.

Nyxis ne lui en voulait pas. À vrai dire, elle n'avait aucune raison de lui en vouloir, et elle devrait plutôt s'en prendre à elle même.

Anastasia a raison. La blonde l'avait collé pendant plusieurs jours, en s'immiscant dans la vie privée de la jeune fille. En la forçant à lui parler. En lui posant des questions. En se cachant dans un coin pour l'attendre. Bien sûr, ce n'était pas intentionnel, et elle ne voulait que comprendre ce qu'elle avait.
D'un air maussade, triste et d'un pas traînant, elle se dirigeait vers les cachots.
Pourquoi avait-elle fait cela ? Elle avait dû penser qu'elle pourrait arranger les choses.
L'obscurité de la nuit la fit frissonner.
Pouvait-elle de faire pardonner ? Elle avait été stupide. Et elle comprend que la rousse en ai eu assez d'elle. Beaucoup de signe le montrait. Elle ne lui adressait la parole que pour répondre à ses questions, elle ne la regardait pas, et surtout avait l'air fatiguée de sa présence. Pourquoi Nyxis avait forcée ? Elle aurait pu la laisser tranquille et faire comme si cette rencontre n'avait jamais eu lieu. Les paroles de Anastasia résonnait dans sa tête. Elle était calme et sa voix sans émotion. Elle a toujours admirée les Gryffondor pour leur sagesse et leur jugement. Elle regrette ce qu'elle a fait, elle s'est comportée comme une sotte.

Elle n'allais rien faire. Du moins pour l'instant. Elle essuya ses joues mouillées - je ne suis pas si émotive à l'ordinaire - se dit elle. Elle allait patienter. Attendre quelques jours et laisser du repos à la jeune fille. Elle allait s'excuser. Lui dire à quel point elle regrette et qu'elle a mal réagi. Ensuite, elle la laisserai s'en aller. Anastasia n'a pas besoin de voir Nyxis. Elle ne le voudrait pas de toute façon.

Des milliers de questions lui venait à l'esprit. Des remords, des pensées quelconques. Elle paniquait. Elle était perdue avec elle même.

Arrivée devant la porte de la salle commune, elle releva la tête, afficha un visage de marbre, prononça le mot de passe et entra dans la pièce, comme si de rien n'était.


@Anastasia Wiśniewska