La rentrée .. enfin. Ça vous parait délirant venant de moi ? La réalité, c'est que j'ai passé les pires vacances de Noël de ma vie. J'ai même failli être interdit de diner avec les autres. Tout ça car je suis un sorcier, tout ça car je suis pas né comme les autres. Je déteste ça être un sorcier, j'ai pas voulu être ça. Surtout si c'est pour que maman se comporte comme ça avec moi. Je l'ai même pas reconnu, on dirait qu'elle a changé. Elle me faisait toujours ses cookies fétiches à Noël, c'est à peine si j'ai eu le droit de rester regarder la télé avant de devoir aller me coucher. J'arrive à peine à lui parler. A chaque fois que je lui raconte ce qu'il se passe à Poudlard, elle veut que j'arrête de parler de mes idioties, et que ça l'intéressait pas. Parfois, je me demande même si j'ai encore une mère à ce stade. Mon père, lui il change pas. C'est pas comme si on avait toujours eu une énorme relation, mais en ce moment, c'est pire.

Donc pour une fois, j'étais content de rentrer oui. J'avais pas le moral, mais ça je voulais pas le montrer. Un champion, c'était jamais triste. Puis ça ferait mauvais pour mon image et j'aime pas que les gens aie pitié de moi, ça a jamais été mon truc. Mais cette fois, je m'étais quand même mis à l'écart, histoire de profiter encore du calme avant de devoir reprendre ce que je sais faire de mieux, histoire de rester un peu avec moi même. Heureusement que dans ce compartiement, il y avait vraiment personne. Dehors, je pouvais voir toutes l'immensité des plaines enneigés qui commençaient à défiler à tout allure. Si j'avais pu, je l'aurais montré à maman ça aussi, mais elle m'aurait sûrement dis de me la fermer.

Soudain, je sens quelqu'un s'approcher de la porte du compartiment. Et si ma journée ne commençait pas bien, j'avais encore rien vu venir. Une silhouette que je connaissais bien venait d'apparaitre à travers la fenêtre, la silhouette perfide de Lukas Sharp, la balance de première, le bouffon de Poufsouffle. Si ma mine pouvait être basse avant son arrivée, mon visage se transforma du tout au tout, laissant apparaitre une certaine froideur qui trahissait mon appréciation du brun. Il pouvait pas poser ses fesses ailleurs celui-ci ? Pourquoi il venait se mettre ici ? J'espère qu'il passe juste son chemin car je me voyais pas passer le reste du voyage avec lui. Tu me diras, ça me permettrait de lui dire un peu ma façon de penser sur son numéro de fayotage de la dernière fois.

Retourner dans ce château en sachant que Valerion n'y sera pas me donne envie de fuir. Je ralentis au mieux que je peux pour louper le train, pour que les onze heures sonnent et que je n'aie d'autre choix que de rester à Portree, mais la main de ma mère sur mon épaule m'oblige à être à l'heure. Je lui en veux de me forcer à repartir, je lui en veux de ne pas chercher à tout prix où se trouve celle qui nous avait fait une promesse à tous les deux... Mais ce n'est pas à elle que je dois reprocher quelque chose. Ce n'est pas ma mère qui ne sait pas tenir sa parole. Et pourtant, ce sont mes reproches que ma mère entend, c'est mon soupire qui souffle sur son oreille lorsqu'elle se penche pour m'embrasser et c'est un au revoir sec qu'elle subit lorsque je monte les marches en lui tournant le dos plus vite qu'elle n'aurait souhaité.

Je traverse alors l'allée, tirant ma malle sans la moindre envie, observant rapidement les compartiments complets ou ceux qui accueilleraient ma mauvaise humeur, et finis par en trouver un vide. La porte s'ouvre. Non, clairement pas vide. Fausse joie, j'ai mal regardé. A mon désespoir de revenir au château s'ajoute la vision lassante de Ferrell qui se trouve assis là, dans mon compartiment. Pourquoi n'est-il pas avec Noah ou Sunday ? Ou n'importe qui d'autre, mais pas ici. Je soupire en levant les yeux au ciel, et m'avance sans le regarder. Je sens ses yeux me suivre à mesure que j'entre dans le compartiment et décide de briser ce lourd silence.

- Ecoute, j'ai pas plus envie que toi de partager ce compartiment, mais y a rien d'autre, donc j'me tais, tu te tais, et tout ira bien, lâché-je sèchement en m'accroupissant pour mieux soulever ma valise.

Une fois placée au-dessus des banquettes, je m'installe et ne peux m'empêcher de vérifier dans le regard du frisé si ma demande a été comprise. Je le déteste encore plus de me rappeler Valerion. Je déteste tout ce qui me rappelle Valerion. Je voudrais être aveugle, sourd et amnésique, mais l'univers a une drôle de façon de tester ma patience.

Ouais, en effet, j'ai pas envie que tu sois là. Celui-ci je l'avais dans le collimateur. J'avais réfléchis à je sais pas combien de façon de lui donner une bonne leçon depuis cette histoire avec Valerion. C'était une sacré balance, il avait failli faire tout foirer. Mais au final, j'avais atteint mon but, la prof était plus là pour s'en prendre à ses élèves, et mes cours allait être moins tendus maintenant. Mais vu que c'était le chouchou, et qu'elle était toujours là, maintenant il doit se retrouver bien seul. Tant pis pour lui, ça lui apprendre à se mettre les mauvaises personnes à dos.

Quand il ouvre sa bouche pour couper ce silence à couper au couteau, mes yeux se froncent instinctivement. Rien que sa voix m'insupportait, et pourtant j'avais Erin Fergusson dans ma maison. « Commence par la boucler toi même, tête de noeud, je t'ai pas causé. » S'il croit faire le petit chef avec moi, il allait redescendre tout de suite, t'as pas choisi le bon jour Sharp. « De toute façon, quand il s'agit de la boucler, t'as jamais été doué. Heureusement que Valerion s'est faite virée pour plus t'entendre chouiner. » Ouais, je sais pas c'était quoi l'histoire, mais je savais que c'était grâce à ce que j'avais fait. On avait fait plié les profs et il s'étaient rendus compte qu'elle avait rien à faire dans cette école. Autre chose que je savais, c'était que Valerion, ça le piquait, j'allais pas m'en gêner.

Je savais qu'il allait pas rester de marbre, et j'anticipais déjà la réaction qu'il allait m'offrir. Peut-être qu'il allait repartir en pleurant comme un bébé, ou p'têtre qu'il sera enfin un homme au lieu de faire des coups dans mon dos comme il sait les faire. Je me méfiais de tout et surtout de lui, et ça se traduisait assez bien dans mon regard qui se voulait assez hostile et particulièrement méprisant.

Je sens son regard sur moi. Je le sens et cela me fait crisper la mâchoire avant même qu’il n’ouvre la sienne. Son ton de gamin qui ne peut pas s’empêcher de la ramener me fait serrer le poings que j’espérais bien garder ouverts. Au moins, quelques minutes de plus. Avec violence, je tourne mon regard vers lui, je prends sur moi, j’inspire en redressant mes épaules. Je suis prêt à l’écouter, lui et ses fausses insultes. J’ai jamais été doué pour la boucler ? Mais de quoi il parle ? Est-ce qu’il sait que c’est moi qui ai tout rapporté à Valerion ses petites réunions contre elle ? Il n’y avait pourtant pas de.. Le nom de Valerion est prononcé. Dans sa bouche, tout cela sonne faux. Son nom a un goût amer, un goût qui n’a rien à faire ici. Mais l’association qu’il en fait me déplaît. J’ai beau lui en vouloir, lui reprocher tout ce que je trouve, à cet instant, c’est la défendre qu’il me faut faire ! Se faire virer, et puis encore !

— Elle s’est pas fait virer !, m’exclamé-je en me levant d’un bond et me rapprochant de lui, les poings toujours serrés. Elle est partie… Mon ton baisse à cette fin de phrase qui me fait du mal. Plus que je ne l’aurais souhaité. Surtout devant lui qui prendra un malin plaisir à l’utiliser. T’as pas intérêt à raconter ça dans le château ! Mes yeux sont plantés dans les siens, mes dents se serrent. Tout ce qui me retient de lui en coller une, c’est qu’elle n’apprécierait pas. Elle placerait sa main sur mon épaule en me demandant d’arrêter, qu’il n’en vaudrait pas la peine. Et c’est clair, ce Serdaigle n’en vaut pas la peine.