Plus de doute possible, l'hiver était bien présent. Il suffisait de regarder où on mettait les pieds en marchant à l'extérieur du château ! l'herbe verte avait laissé place à un manteau blanc. Les premières chutes de neige avaient eu lieu quelques jours plus tôt et cela avait été l'occasion de déclencher les premières batailles de boules de neige. Jusqu'à présent, j'avais réussi à échapper aux projectiles glacés et mon cou était donc bien au chaud grâce à mon échappe, comme le reste de mon corps qui était enveloppé dans ma cape fourrée.

Comme chaque lundi depuis le début d'année, je restais dans la zone de soin aux créatures magiques après mon cours avec le professeur Dawson. Un petit rituel durant lequel j'observais, dessinais les créatures présentes. Et chaque semaine presque, il s'agissait d'une différente.
Si la volière et le grand bâtiment hébergeaient des créatures à demeure, certaines étaient là juste le temps nécessaire à leur étude par les élèves des différentes années. Mon carnet entamé en septembre s'était donc enrichi de nombreuses esquisses, plus ou moins détaillées, certaines uniquement au crayon, d'autres avaient reçu quelques touches d'aquarelle.

Installée devant l'enclos, la créature du jour avait l'allure d'un cheval à une différence prés. Il y avait une corne au milieu du front. Une licorne dont le pelage avait la même couleur que la neige.
Tentant maladroitement de garder ma cape fermée pour me protéger du froid, mon carnet sur les genoux et mes mains gantées, je sentais mon crayon m'échapper, glissant contre le lainage du gant.
- Flute..., marmonnais-je en voyant mon crayon tomber dans la neige à mes pieds.

Se frottant les mains l'une contre l'autre pour se réchauffer, Jae pressait le pas pour rejoindre l'enclos où se trouvait la Licorne qu'il avait présentée aux quatrième année le matin même. Le cours c'était très bien passé et il semblait au professeur que la créature n'avait été ni trop anxieuse et ni trop stressée. Le métis ne tenait toutefois pas à allonger inutilement sa présence dans le parc. Sa place était dans la forêt interdite avec les siens après tout.

C'est pour cette raison qu'il se dirigeait vers l'enclos en l'instant. Il avait rapidement déposé dans son bureau les affaires qu'il avait utilisées pour le cours avec les troisièmes année et comptait profiter de sa pause avant son cours dernier cours de la journée donné aux cinquième année pour la raccompagner où il l'avait trouvé la vieille. Trois heures étant largement suffisant pour faire l'aller-retour. Il avait griffonné un petit mot à la hâte, pour prévenir qu'exceptionnellement, il n'y aurait pas de permanence ce jour-là, avant de se préparer à son excursion dans la forêt interdite aux élèves.

Arrivé devant l'enclos, le professeur ne put manquer la présence d'une de ses élèves, de sa maison de surcroît, qu'il avait en cours il y avait encore quelques minutes. « Re-bonjour Miss ! » Déclara Jae tout en se baissant pour ramasser le crayon tombé. « Magnifique créature n'est-ce pas ? » Demanda le professeur tout en lui tendant l'objet pour que la jeune fille le récupère.

Mon petit rituel du lundi était long d'être facile aujourd'hui. Non pas que la créature du jour était difficile à dessiner à cause de sa taille ou autre, mais simplement en raison du froid de ce mois de décembre. Impossible de maintenir correctement mon crayon qui glissait au contact de mes gants.
- Oh ! Re-bonjour M'sieur !, saluais-je à nouveau l'enseignant auprès duquel je venais d'avoir cours. Merci., repris-je en récupérant mon crayon qui était tombé sur le sol hivernal et que mon directeur de maison venait de ramasser pour moi. J'espère que j'dérange pas... J'ai l'habitude de rester après l'cours pour observer et dessiner les créatures. Mais bon, aujourd'hui, ça veut pas., terminais-je en plaçant le crayon dans mon carnet que je ferme et pose sur mes cuisses recouvertes de ma lourde cape d'hiver.

Les dernières paroles du professeur m'avait faire tourner la tête en direction de la-dite créature.
- Oui... Et avec la neige, elle semble presque... irréelle..., dis-je d'une voix rêveuse.
Et pourtant, elle était bien présente devant moi, et un petit bout de cette créature - enfin, pas de celle-ci précisément, mais d'une de ses congénères - était inséré dans ma baguette.
- C'est bizarre... J'suis devant l'une des créatures qui a donné l'cœur d'ma baguette., pensais-je à voix haute. M'sieur, c'est vrai qu'elles sont pas tout l'temps blanches ?, questionnais-je l'adulte proche de moi.

À la première question de la jeune fille, Jae répondit sans la moindre hésitation et dès qu'elle eut terminé de parole afin de la rassurer. « Aucun problème Erin, tant que vous ne dérangez pas la tranquillité des créatures, vous pouvez venir les observer. » De son côté, le froid ne dérangeait pas vraiment le métis. Une bonne cape, des gants, des bottes fourrés et rester actif, cela lui permettait de ne pas trop souffrir des températures basses hivernales. Bien évidemment, c'était plus difficile de se motiver le matin et de sortir de sous la couette, mais c'était davantage dû au manque de luminosité qu'au froid à proprement parler. La neige apportait d'ailleurs plus de lumière, ce qu'appréciait le professeur.

Ce dernier resta songeur à la mention du cœur de la baguette se la Serdaigle. La sienne était faite avec un ventricule de dragon, mais n'avait jamais pensé à cela les quelques fois où il avait la chance de pouvoir observer cette créature qui est tout aussi incroyable que la Licorne. Erin rompit le silence pour lui poser une nouvelle question, le tirant hors de sa réflexion. « C'est exact ! Enfin, à l'âge adulte, elles sont et restent blanches. Mais les poulains ont une robe dorée, qui devient progressivement argenté à l'âge de deux et s'éclaircit jusqu'à devenir blanche une fois que la Licorne devient adulte, à sept ans. » L'étudiante n'en demandait peut-être pas autant, mais tant qu'à lui fournir des explications, autant être complet, même si elle aurait le temps de découvrir tout cela en quatrième année.

- Oh, vous inquiétez pas, j'ai bien écouté c'que vous m'aviez dit l'année dernière., dis-je en hochant la tête pour donner plus de poids à mes propos.
C'était peut-être la première année où j'avais Mr Dawson comme enseignant, mais je le connaissais depuis ma rentrée en deuxième année lorsqu'il avait remplacer le professeur Featherstone comme directeur de la maison Serdaigle. En effet, ce-dernier avait laissé son poste de responsable de maison lorsqu'il avait été nommé sous-directeur de l'école et quelques mois plus tard, il avait laissé son poste de professeur de Botanique à Mr Charleston. Un drôle de bonhomme, cet homme-là, avec sa moustache et sa proportion à distribuer des bombons aux élèves. Gentil, trop gentil diraient surement certaines personnes.

- Doré ? Sérieux ?, répondis-je avec étonnement. Comme un galion ?, m'arrivant pas imaginer un jeune poulain d'une telle couleur. Et vous en avez déjà vu ? Un qui vient juste de naitre ?, poursuivis-je avant de m'interrompre un court instant. Désolée, j'suis trop curieuse... Mais bon, pas étonnant que j'ai fini à Serdaigle !, repris-je avec un petit haussement d'épaules, on me changera pas.
Surtout que je reprends la parole presque aussi tôt.
- Elle vient d'la Forêt Interdite, c'est ça ? Mais comment elle a fait pour traverser le Lac Noir ?
Chasser le naturel, il revient au galop.

Jae sourit à la remarque de la troisième année qui assurait suivre les recommandations, ce dont il ne doutait pas. Il n'insista donc pas sur ce point-là, écoutant simplement la jeune fille qui changeait de sujet. Il avait à peine fini de répondre à ses questions qu'elle lui en posait de nouvelles. Le métis commençait à la connaître, si bien qu'il n'en fut pas surpris. Il laissa toutefois échapper un petit rire à la remarque d'Erin sur la curiosité digne des protégés de Rowena Serdaigle tout en hochant de la tête.

« Il n'y a aucun problème, posez les questions que vous voulez. Et oui, ils sont entièrement dorés, comme leurs sabots » répondit le professeur avant de répondre à la deuxième question. « J'ai eu la chance d'en apercevoir quelques-uns, mais au loin seulement. Je ne pense pas qu'ils venaient de naitre cela dit. Ils restent dorés pendant 2 ans, les poulains tout juste nés doivent rester probablement caché pendant quelques semaines avec leur mère. Les licornes sont des créatures très réservées vous savez, elles évitent le contact des hommes. Les mères encore plus lorsqu'elles protègent leur poulain. Quand bien même je ne leur veux aucun mal, je préfère garder les distances, je n'ai aucun intérêt à les déranger ni de les stresser. Et oui, elle vient de la forêt interdite. Il existe un passage, que j'ai emprunté avec elle. Ne m'en demandez pas plus, je ne vous direz pas où il est, ni comment l'emprunter. C'est bien trop dangereux et la forêt encore plus. »

Pour ne pas rester sur une notre trop négative, il proposa à Erin, se doutant fortement de la réponse qu'elle allait formuler : « vous voulez vous approcher d'elle ? Je dois aller justement à sa rencontre pour la ramener d'où elle vient. Ce pourra être long par contre, je compte bien lui laisser le temps qu'il lui faut pour accepter notre présence et que je lui passe une longe autour de son coup pour la guider à travers le parc en toute sécurité. »

J'écoutais les paroles de l'enseignant avec attention avant de rouvrir mon carnet pour y griffonner quelques chiffres et mots pour garder en note les informations qu'il venait de dire à propos du changement de couleur des licornes en fonction de leur âge.
C'était plutôt étonnant, une créature passant d'une robe dorée puis argenté pour finir à celle d'une blancheur égale à celle de la neige juste tombée du ciel.
- C'est assez fréquent, non, les mères qui protègent leurs petits. C'est l'instinct maternel., commentais-je.
Puis, mon directeur de maison confirma ma supposition à propos de l'origine de la licorne.
Un passage ? Mais comment s'était possible. Poudlard était à présent une île, le lac noir l'entourant complétement. Et la forêt était de l'autre côté, on pouvait apercevoir les cimes des arbres. Il y avait un tunnel ? Je savais que les moldus en avait fait un sous la Manche pour rejoindre la France. J'avais quand même du mal à imaginer une licorne tranquillement installée dans une barque. Mon esprit cherchait à comprendre. A tel point que je faillis ne pas entendre la proposition lancée par le professeur de soin aux créatures magiques.
- Hein ! Sérieux ?, m'exclamais-je en me levant d'un bond. Désolée..., réalisant que si je ne me calmais pas, j'aurais peu de chance de m'approcher de la créature équine.
- L'hiver dernier, j'avais donné des pommes aux chevaux ailés pour m'en approcher. Vous pensez que ça fonctionnerait aussi ?

« Oui, c'est vrai que c'est très fréquent, » confirma le professeur en hochant de la tête à la remarque de la troisième année concernant le comportement des mères envers leurs petits. La réaction d'Erin à sa proposition arracha un sourire au métis qu'il n'arriva à pas masquer. « Oui, sérieux ! » Déclara-t-il un peu taquin alors qu'elle s'excusait. Sa moue amusée ne laissait que peu de doute, il ne s'était pas formalisé par la réponse directe de la jeune fille. « Vous pouvez essayer, vous avez une pomme sur vous ? Je ne sais pas si cela aidera cela dit, les licornes se basent surtout sur les émotions et ce que dégagent les gens. Si elles ont confiance, elles se laissent approcher et accepteront sans doute un cadeau. Mais si elles ressentent des mauvaises ondes ou mauvaises intentions, la nourriture n'aura pas d'effet sur elles j'ai bien peur. »

Tout en terminant de parler, le professeur déverrouilla l'entrée de l'enclos et tenant le portail, invita Erin à entrer avec lui. « Pas de mouvement brusque. Essayez aussi de contenir votre voix, de ne pas parler trop fort ou vite. Un ton posé et doux est à privilégier. » Alors qu'il refermait la porte derrière le métis appliquait ses propres recommandations, adaptant son débit de paroles et ralentissant ses mouvements. Il fit ensuite quelques pas en direction de la licorne avant de s'arrêter. « Faisons une pause, laissons lui le temps de s'habituer à notre présence, qu'elle puisse se rassurer sur le fait qu'on ne lui veut aucun mal. »

J'avais presque peur d'avoir mal compris les propos de mon directeur de maison. Mais celui-ci confirme ses dires. J'allais pouvoir approcher une licorne. C'était... Wouah ! Y'a pas de mots pour le dire, en fait.
- Une pom... , commençais-je à dire avant de m'interrompre pour saisir mon sac et me mettre à fouiller à l'intérieur. Euh... non, j'en ai pas..., repris-je. J'ai que des friandises pour Boursouflets, mais y'a peu d'chance que ça l'intéresse.
Mr Dawson expliqua alors que les licornes étaient plus à l'écoute des émotions que de l'appel du ventre. Tout le contraire de Raidho ou presque.

Le professeur de soin aux créatures magiques se dirigea vers l'enclos puis ouvrit le portail d'entrée. J'aligne mes pas sur lui, pénétrant dans l'espace réservé aux grandes créatures qui étaient de passage à Poudlard.
L'adulte me donne alors quelques conseils pour approcher la créature à la robe entièrement blanche.
Immédiatement, je ferme les yeux, je prends une inspiration et je relâche l'air lentement, essayant de calquer ma respiration à mon rythme cardiaque. C'était une méthode appris auprès de Miss Mia lors d'une séance de thérapie sur le stress. Ca ne ferrait surement pas de mal pour calmer mes émotions.

Puis, à l'invitation de l'enseignant, j'approche de quelques pas, lentement, puis m'arrête, bloquant presque mon souffle dans mes poumons.
Une phrase tourne en boucle dans mon esprit : *approche toi, s'il te plais...*

« Pas grave » commenta sobrement le professeur à la réponse d'Erin au sujet de l'absence de pomme. Ce n'était pas indispensable après tout, comme il l'avait dit. La jeune fille écoutait scrupuleusement ses consignes et s'il n'en avait pas douté, cela rassura quand même Jae. Il ne tenait pas à affoler la créature, ni la stresser un peu plus. La licorne les observa pendant de longues minutes avant de s'approcher de quelques pas. Elle était encore bien trop loin, mais au moins, elle n'avait pas fait demi-tour pour aller se cacher ce qui était plutôt encourageant aux yeux de Jae.

« Avançons un petit peu, tout doucement. » Déclara donc le métis tout en se mettant en route. Ses pas étaient lents et il n'en fit qu'une petite dizaine avant de s'arrêter à nouveau pour laisser la créature s'habituer. L'anglais ne quittait pas des yeux la licorne, essayant de lui envoyer toutes les bonnes ondes et intentions qu'il avait à son égard. L'animal, quant à lui, dirigeait son regard tantôt dans ses yeux tantôt sur le visage d'Erin. Le manège continua ainsi pendant de longues minutes. Quelques pas de l'un ou l'autre pour se rapprocher doucement ponctué par des minutes d'attentes immobiles.

Arrivé à deux mètres de la créature, Jae leva lentement sa main droite, paume tournée vers le haut. « Tu viens ? » Proposa l'anglais à la créature tout en bougeant tout aussi doucement sa main gauche qui tenait la corde. « Je te passe la longe et je te ramène dans la forêt, auprès des tiens. » Toujours aussi doucement, le métis explicitait ses intentions à la créature, espérant la convaincre qu'il ne lui voulait aucun mal et de combler la distance entre eux.