La tête bien enfoncée dans son écharpe et protégé par l'épaisse fourrure de sa cape d’hiver. Drelall se baladait dans les couloirs du 2ème étage. Il régnait dans le château une atmosphère glaciale. C’était une période de l’année où il n’était pas raisonnable de traîner dans les couloirs. Sauf si on avait envie d’attraper un bon rhume.
Les murs de l’école suintaient légèrement, leurs donnant un aspect brillant. Ils avaient absorbé une partie de l’humidité ambiante. Dû aux fortes chutes de neige de ces derniers jours.
Drelall frissonna un instant. Il rencontra un courant d’air, qui avait réussi à se faufiler à travers les parois du vielle édifice. Le long du couloir, de nombreuses affiches contenaient des demandes de services et des petites annonces. Certaines d'entre elles avaient jauni avec le temps.
Un souffle d'air frais s'engouffra à nouveau dans l'allée. Cette fois-ci, il remonta l'étoffe de laine rouge et jaune, jusqu'à que l'on ne voit plus que ses yeux.
Au même moment, une affiche se décrocha. Puis, elle s’envola pour se plaquer directement sur son visage.

- mffmf! Il arracha tout de suite le parchemin qui l'empêchait de voir, là où il mettait les pieds. N’importe quoi… On peut plus se balader tranquillement... Sans se prendre un truc en pleine poire dans cette école ! Il fit un rapide tour d'horizon pour voir si personne ne l’avait vu. Et, il jeta un œil au contenu de l’affiche.
- En plus, l’annonce est dépassée depuis le 19 janvier 2038 !?
Le gryffon se rapprocha du mur tout en pliant le morceau de papier entre ses mains. Un détail retenu son attention, il observa dans l’espace entre deux affiches, précisément celui où elle c’était décollé. Un petit dessin imprimé sur la pierre qui luisait légèrement. Il arrivait à peine à le distinguer.
(Pensée) - Le dessin... On dirait un enfant avec des ailes ? Je crois qu'il est sur le point d’utiliser un arc et de décocher une flèche... Je ne vois rien du tout avec cet éclairage.
Afin de mieux distinguer le motif. Il monta sur le banc en bois qui lui barrait le passage. Et par la même occasion, il put atteindre une hauteur idéale. Puis, il se planta devant, bien décidé à l'analyser.
(Pensée) - Voyons voir ce que ça dit ? Il dégagea un peu son écharpe, et il prit une bonne inspiration. Drelall souffla de toutes ses forces, pour épousseter un semblant de saletés qui obstruaient la peinture. Puis, il frotta la pierre du bout des doigts, pour enlever le reste.
Il tressaillit subitement. Car le personnage ailé commença à s’illuminer au contact de sa main.
(Pensée) - Mais... Sur quoi je suis encore tombé ?
Ces lignes bien dessinées étaient tintées d’une couleur pourpre. Comme des morceaux de braise qui était sur le point de s’éteindre. Quant à son arc, sa flèche était pointée vers le sol du couloir. Et le chérubin fit un clin d’œil en direction du jeune écossais. Surpris, il perdit l’équilibre.
Quand le garçon vit la gravure bouger, il se rattrapa en s’appuyant sur le mur. Comment c'était il mis dans cette situation ? À présent, il se tenait en mauvaise posture, sur un banc qui était sur le point de basculer.

Drelall s'était littéralement cramponné au mur. Ses doigts plantés dans des interstices granuleuses. Il sentait qu’il n’allait pas tenir bien longtemps. Péniblement, il exerçait encore une pression sur le banc avec la pointe des pieds. Tout en observant le petit être ailé en train de se trémousser. Le visage du garçon laissait paraître un mélange de peur et d’agacement.
- Stupide dessin… Tu vas voir !
Soudain, il entendit quelqu’un arriver. Puis les bruits de pas cessèrent rapidement. Drelall voulut tourner la tête pour voir de qui il s’agissait. Mais ce fut un mouvement de trop qui rompit l’équilibre, déjà très précaire.
Le souffle coupé, il sentit immédiatement le banc se dérober sous ses pieds. Ses mains gelées se décrochèrent du mur, et il tomba en arrière.

Les yeux fermaient et le visage crispaient. Par reflex, il anticipa le moment du choc contre la surface en grès. Mais par chance, au dernier moment. Il sentit quelqu’un l’agripper, pour amortir sa chute.
Étendue sur le sol, et un peu sonné. Le jeune écossais ouvrit péniblement les yeux.
- Drelall, mais qu'est-ce que tu fous là ? C'est quoi ce…
Le jeune sorcier, qu'il connaissait bien, tourna immédiatement la tête en direction du présentoir. Juste après que le banc en chêne se soit renversé dans un vacarme assourdissant.
- …bordel.
Ses cheveux bouclés en pagaille, masquant son visage. Drelall essaya péniblement de se redresser.
- Ma tête… Il se frotta l’arrière du crâne. Désolé Lyam, c’est ce foutu dessin de Cupidon qui m’a surpris, pendant que je l’examinais. Il se releva aussi tôt, pour décrire à son camarade de maison comment il avait découvert cette inscription.
- Voilà, tu sais tout... Maintenant, regarde bien... La pointe de sa flèche est orientée vers le sol du couloir. Il marqua un silence... Cupidon est aussi appelé Éros. Et en général, il n’est jamais loin de son frère Anteros. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais une autre marque similaire doit être gravée quelque part dans l’allée. À une différence prêt, celui-ci porte des ailes de papillon.
Il eut un sourire moqueur, trouvant le fait d’avoir des ailes de ce type complètement ridicule.

Drelall se leva du banc aussi sec. La curiosité était plus forte que tout. Il prit la direction indiquait par la pointe de la flèche. Il scruta minutieusement, chaque parcelle du couloir. Ce penchant sur les dalles usaient depuis des centaines d’années. Il cherchait le moindre indice. On pouvait lire sur certaines parties du sol des initiales dans la pierre. Gravés par d’anciens élèves. Ou de plus récentes, qui se différenciaient par des traits blanc et net.

Les premières qu’il vit, été un R et un X entouré d’une étoile. Une autre représentée deux W enchevêtrés. Mais pour la plupart, c’étaient de jeunes amoureux qui avaient inscrit la première lettre de leur prénom à l’intérieur d’un cœur. Tous les recoins de ce long couloir étaient parsemés d’empreintes d’élèves qui avaient séjourné à Poudlard. Drelall n’en finissait plus de lire toutes les inepties parsemées dans chaque espace de pierres gelées.

Il regarda en direction de Lyam qui était toujours de mauvaise humeur. Il valait mieux le laisser tranquille. Il ne comprenait pas comment il avait pu se blesser avec la marque de Cupidon. Alors que lui non. Mais si ça brûlure était grave, il serait déjà allé à l’infirmerie. Puis il fit demi-tour, quand il s’éloigna un peu trop de la zone de recherche.
Les mains gelées, et le bout du nez complètement endolori. Il tournait en rond depuis une bonne vingtaine de minutes.

La tête levée pour scruter les voûtes qui soutenaient l’étage du dessus. Sa chaussure buta sur un morceau de gré.

- Tiens, c’est quoi ça ?

Il appuya de tout son poids sur la pierre, et il vit qu’elle avait du jeu. Drelall s’accroupit, et il constata en appuyant dessus, qu’une partie de la dalle sortait du sol. Il s’orienta de manière à voir ce qui se dissimulait dessous. Le côté de l’ouvrage était parsemé d'informations liées aux techniques de construction du château.
Son regard figé, le visage impassible du jeune garçon se transforma. Et ses yeux s’illuminèrent.

- J’ai trouvé Lyam !