Elle n'avait pas réfléchi. Il faut dire, son esprit était complètement obnubilé par ce "cours" qui venait de se terminer, cet espère de simulacre de rentrée. Alors elle n'avait pas réfléchi à où elle allait. Elle n'avait percuté que lorsqu'elle avait sentit le vent dans ses cheveux: visiblement elle n'était pas partie pour retourner dans sa salle commune. Serrant ses lèvres entre elle, ses doigts entrecroisés autour de sa baguette tenue fermement au niveau de son cœur, elle avait lancé un regard perdu autour d'elle. Il y avait encore des élèves dans le coin à cette heure-ci, ou déjà peut-être?, aussi elle reprit sa marche pour s'éloigner rapidement de ceux qui pourraient risquer de la voir. Elle ne voulait pas qu'on commence à dire qu'elle était qu'un bébé ou juste une intello, tout ça. Et que ça arrive aux oreilles des autres de sa promo. Le où ne lui importait pas, tant qu'il n'y avait pas d'autres élèves, et surtout pas d'autres élèves qu'elle connaissait.

La tête baissée, pour cacher ses yeux humides, elle marchait aussi vite qu'elle le pouvait, sans pour autant se mettre à courir. Ses pas la menèrent à un ensemble de constructions qu'elle ne connaissait pas plus que ça, mais qu'elle n'eut aucun mal à resituer, surtout grâce aux enclos extérieurs. Ce n'était pas complètement étonnant qu'elle se soit dirigée par ici. Elle avait déjà vu dans des films ou autres vidéos que parler à un animal ça pouvait aider parfois. Et comme elle n'avait pas l'intention de se confier à un camarade, c'était sans doute le plus simple. Sans trop y réfléchir, elle se dirigea vers le plus grand des bâtiments, dans lequel elle entra en reniflant. Déambulant sans trop savoir où, elle finit par s'arrêter devant la maison des Boursouflets. Un cousin de Pinky réussirait sans doute à lui remonter le moral et lui faire oublier, au moins un moment, les pensées qui tournaient en boucle dans son esprit. Enfin, elle l'espérait.

L'année avait commencé depuis quelques jours et déjà le planning de Jae était chargé. Il avait vite retrouvé ses habitudes en tant que professeur et directeur de maison, mais il devait admettre que s'il était ravi des aménagements dans la zone de soin aux créatures magiques, cela perturbait encore un peu son organisation. Pourtant, il trouvait l'ensemble bien plus pratique et était très satisfait par ce qu'il avait modifié. Les créatures aussi, semblaient s'acclimater et se plaire. Sa permanence aux élèves dans son bureau terminée, le métis verrouilla la baie vitrée qui servait d'entrée à l'aide de sa baguette avant de prendre le chemin des enclos. Plus vite il commençait son petit tour, plus vite il pourrait gagner le château et surtout la Grande Salle. Encore une heure et demie à tenir avant de pouvoir dîner.

Le professeur s'arrêta d'abord à la réserve, pour remplir ses poches de friandises pour créatures. Puis il enchanta une caisse en bois qu'il remplit de foin, nourriture et bidon d'eau. Faisant léviter l'ensemble devant lui, le professeur gagna le bâtiment 10, décidant de commencer sa tournée par les Boursoufs et Boursouflets.

Il reconnut sans mal la jeune fille qui se trouvait devant la cage, pour avoir été celui qui lui avait annoncé sa condition de sorcière, il y avait déjà un an de cela. Ce n'était pas le genre de Jae d'avoir des préférences entre les élèves, mais cela aurait mentir que dire que la demoiselle n'en était pas un peu particulièrement malgré elle pour cette raison. Cela l'avait ramené des années en arrière, alors que lui-même découvrait qu'il était un sorcier par la venue d'un professeur de Poudlard à son domicile. « Bonjour Astrid ! » Salua le professeur tout en baissant sa baguette pour déposer sa cargaison. « Vous allez bien ? »

La fillette regardait les petites boules de poils s'agiter joyeusement, du moins il lui semblait que c'était de la joie. Ça devait quand même être beaucoup plus simple, la vie de Boursouflet. Est-ce qu'elle pouvait faire comme eux? Se rouler en boule et se contenter de piaillements expressifs? Elle ferma les yeux et déglutit. Non, ça ne lui plairait pas. Elle ne pourrait plus suivre les cours de Miss Lydon. Elle ne pourrait pas faire ses premiers pas au Quidditch. Et elle n'aurait aucune chance d'apprendre la magie. Là, elle avait encore une chance, malgré l'attitude injuste de Miss Valerion. Elle pourrait bien se rattraper en Sortilèges ou... ou... Elle trouverait bien? Non?

La voix de son Directeur de Maison s'éleva dans son dos et elle sursauta. Elle ne l'avait pas entendu approcher. Elle essuya ses joues humides de sa main droite, elle n'avait pas sentit les quelques larmes s'écouler, avant de se retourner. Elle aurait bien forcé un sourire, mais elle n'avait pas le cœur à ça. Est-ce qu'elle allait bien? C'était là qu'elle était censée répondre que oui, tout allait bien, que c'était sa famille qui lui manquait, ou la pression, ou qu'elle s'était disputée avec un ami? Elle ouvrit la bouche pour s'exprimer en ce sens, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Elle ne voulait pas mentir à un adulte. A cet adulte en particulier encore moins. Mais lui, il était gentil. Il était pas comme elle. Peut-être que lui il pourrait l'aider. Elle cligna des yeux pour retenir les larmes qui revenaient à l'assaut -elle n'était pas un bébé!- et prit une courte inspiration.


La plus jeune reprit son souffle. Une fois. Deux fois. Trois fois.


Voilà. C'était dit. Elle n'osa pas relever la tête vers l'adulte. Dès fois qu'il prenne un visage mécontent, qu'il se mette en colère, qu'il se range du côté de sa collègue.

Non, la jeune fille n'allait pas bien et cela se voyait à son visage défait qui n'avait rien avoir avec celui qu'elle avait quand il avait l'occasion de la croiser. Il lui posa néanmoins la question, espérant ouvrir la discussion avec elle. Jae n'avait pas la prétention de se dire qu'il saurait lui remonter à coup sûr le moral, mais il pouvait tout de même essayer. À la mention de sa collègue, le métis fronça les sourcils. Il s'attendait à ce que la jeune fille lui dise qu'elle m'avait engueulé pour une bêtise en classe ou qu'elle avait eu une mauvaise note, mais pas à ça. Si la directrice de Serpentard était connue pour être sévère et exigeante, elle n'était pas foncièrement méchante pour autant. Jae appréciait même la côtoyer et la compter parmi ses alliés au sein du mouvement Sang pour Sang.

« Elle ne veut plus vous faire cours ? » Répéta un peu bêtement l'anglais, clairement décontenancé. Il devait y avoir un malentendu. Sixtine avait des pratiques parfois un peu étrange en tant qu'enseignante, sûrement que la situation à laquelle elle avait confronté les élèves avait été mal compris pour la deuxième année d'où elle en venait à penser cela. « Je ne suis pas dans la tête de Miss Valerion, » reprit Jae d'un ton plus sur de lui. « Mais je doute fortement qu'elle vous déteste. Pourquoi dites vous qu'elle ne veut plus vous faire cours ? Est-ce qu'elle vous a proposé un exercice différent de d'habitude sans l'expliquer ? » Patient, Jae parlait calmement pour essayer de rassurer la jeune fille et l'inciter à se confier davantage. Il avait besoin de plus d'informations pour comprendre ce qu'il s'était passé, car en l'état, c'était assez confus.

La fillette secoua négativement la tête lorsque l'adulte répéta ses mots avec une certaine incrédulité. A dire vrai, elle avait eu le même genre de réaction lorsque l'enseignante avait fait comprendre à sa classe que c'était son intention. Et pourtant. Elle avait été claire: elle s'en fichait d'eux. Et elle n'avait pas l'intention de s'impliquer dans leur éducation. Mais son interlocuteur ne la croyait pas. Il lui cherchait des excuses, à elle. Bien sûr, c'était un adulte. Les adultes croyaient plutôt les adultes. Mais c'était la vérité pourtant. A nouveau, l'élève secoua la tête, avec un peu plus de virulence cette fois. Un exercice? Mais elle aurait bien aimé, elle, que la sorcière leur donne un exercice!


La Serdaigle ferma les yeux et baissa la tête en reniflant, avant de poursuivre d'une petit voix:


La pratique, c'était loin d'être le point fort d'Astrid, et elle aurait pu se réjouir de ne plus faire que de la théorie. Sauf qu'elle avait bien vu que la théorie sans pratique, ça ne servait pas à grand chose dans certaines matière comme la Défense contre les Forces du Mal. Et, surtout!, étant donné que Miss Valerion les détestait, elle était presque certaine qu'il y aurait de la pratique aux examens. Pratique qu'ils ne pourraient réussir, puisqu'elle ne leur aurait rien enseigné. Est-ce qu'elle risquait de redoubler à cause de ça?

Jae fronça une nouvelle fois des sourcils. Aussi bien pour les mots prononcés par Astrid que par sa réaction. La jeune fille semblait sincèrement touchée par ce qui s'était passé en classe et le métis en était d'autant plus décontenancé. Il croyait toutefois comprendre que sa collègue avait dû être poussée à bout pour réagir de la sorte. En tout cas, il ne voyait guère d'autres explications. Chaque professeur avait beau avoir son propre caractère et façon d'enseigner, ils œuvraient tous pour le bien des élèves et la direction veillait sans l'ombre d'un doute à ce que ce soit bel et bien le cas.

« Ça, ce n'est pas possible, rassurez-vous » commença par répondre doucement Jae pour essayer de la tranquilliser. « Vous avez besoin de pratique pour vous améliorer et apprendre. » Jae marqua une petite pause avant de reprendre : « est-ce que quelqu'un a dit ou fait quelque chose qui a énervé Miss Valerion ? Car cela me semble être des paroles prononcées sous l'agacement. J'irais en discuter avec elle. » Pour contrer une peur et un refus qui pourrait venir de la jeune élève, il ajouta précipitamment, « sans dire ce que vient de vous évidemment. » L'idée n'était clairement pas de mettre la jeune fille dans une situation plus délicate encore, elle semblait suffisamment peinée pour ça, mais bien de mettre les choses au clair. Le métis ne pouvait que faire des suppositions, discuter sa collègue permettrait d'apporter des vraies réponses à Astrid.

La Serdaigle releva la tête en clignant des paupières pour chasser l'humidité qui perlait en coin, une lueur d'espoir venant s'allumer dans le bleu de ses yeux. Alors il allait faire quelque chose? Il allait l'empêcher de les priver de pratique? L'adulte reprenait déjà, cherchant toujours à excuser ce qu'elle avait dit, mais la deuxième année ne se sentait plus aussi trahie que précédemment. Il allait faire quelque chose. Elle allait lui dire qu'ils n'avaient rien fait, et il la croirait, et il allait faire quelque chose. Elle répondit à sa question en secouant la tête sans la moindre hésitation. Après tout, comment auraient-ils pu faire quelque chose pour l'énerver, alors que c'était le premier cours de l'année, et qu'elle avait voulu prendre leurs baguettes dès le début? Si Astrid avait été au courant des projets rebelles de certains de ses camarades l'année passée, son avis aurait sans doute été différent, mais, étrangement, elle n'avait pas été de ceux que l'on avait convié à ce genre de réunions.

Alors que le professeur évoquait la possibilité de répéter à Miss Valerion ce qu'elle venait de lui dire, la petite ne put s'empêcher de se tendre par réflexe, son visage se figeant soudain. Elle se souvenait encore de la petite Serpentard qui avait osé se plaindre d'un simple exercice et qui s'était retrouvée cobaye du jour, elle redoutait ce que la directrice verte pourrait bien lui réserver si jamais... Elle se détendit en entendant les mots suivant du métis. Les commissures de ses lèvres frémirent en un semblant de début de sourire, et elle acquiesça doucement.


Elle sentait son cœur battre dans poitrine alors qu'elle attendait la réponse du professeur, suspendue à ses lèvres. Si elle refusait, il trouverait un moyen. N'est-ce pas?

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@Lavinia W. Campbell coucou, tu as traumatisé tes camarades

Jae ne savait vraiment plus quoi penser de la réaction de sa collègue. D'après la jeune Astrid, qui niait fermement, personne n'avait dit ou fait quelque chose qui aurait pu contrarier la professeur de défense contre les forces du mal. Il ne comprenait donc pas d'où venait la colère de Sixtine. Bien décidé à lui en toucher deux mots, non pas pour critiquer son enseignement, mais comprendre ce qu'il s'était passé, le directeur de la maison de Serdaigle explicita ses intentions.

Suite à cela, la jeune aiglonne semblait légèrement mieux, quoique pas totalement convaincue. Le métis tenta de moins prendre le parti de sa collègue pour essayer de rassurer une nouvelle fois la deuxième année. « Comme je le disais, ce n'est pas possible. Vous avez besoin de pratiquer pour vous améliorer. Je suis sûr qu'il y a une explication et que c'est temporaire, mais si cela n'est pas le cas, sachez que je remonterais l'information auprès de Miss Montmort et Monsieur Featherstone. Bien que nous sommes assez libres dans notre manière d'enseigner, comme je vous le disais, nous sommes tous très concernés par votre bien-être à Poudlard et par la qualité des enseignements qui vous sont dispensés. » En citant expressément la directrice et le sous-directeur, Jae espérait faire comprendre à la jeune fille qu'il la soutiendrait et n'hésiterait pas à faire remonter à la hiérarchie un quelconque problème. Il espérait bien sûr ne pas en arriver là et que Sixtine avait bel et bien une raison ou un intérêt pédagogique derrière son comportement pendant son dernier avec la classe d'Astrid. Après un bref moment de silence, Jae reprit la parole. « Vous savez que les portes de mes bureaux, que ce soit ici dans le parc ou bien dans la Tour Ouest sont toujours ouvertes, n'est-ce pas ? Il ne faut pas hésiter pas à m'envoyer un hibou si jamais vous avez envie ou besoin de prendre rendez-vous pour venir me parler. »