Ceci est un RPG libre.

Le premier post se suffit en lui même et me permet de préparer un autre RP. N'importe qui peut donc venir embêter mon personnage de diverses manières.

Évidemment, envoyez moi un petit hibou pour confirmer vos intentions avant

8ème heure.




C'était un très studieux jeune élève qui se tenait là. Ayant rempli la petite table au fond du rayonnage de plusieurs gros grimoires et manuels. Sa petite tête aux cheveux corbeaux dépassait à peine derrière tout le papier relié et la pointe de sa plume s'agitait énergiquement. De temps à autre, un oeil de jade profond se relevait, regardant les rayonnages vides et le couloir central une vive seconde avant de revenir à sa tâche, comme pour vérifier la présence d'un intrus à cette heure bien trop matinale pour être honnête.

Morgan travaillait dur. Ses yeux passaient d'un livre à l'autre, sa plume griffonnait nerveusement des consignes, son cerveau comparait, sélectionnait, résumait. Un nombre intéressant de parchemins raturé trainaient entre le jeune Serdaigle et ses livres, couverts de formules et de notes. Quelques miettes trainaient, signe d'un petit déjeuner vite préparé, vite ingéré. Du sucre pour le cerveau certainement. Le jeune garçon avait pris toutes les armes pour faciliter sa concentration.

La plume s'arrêta enfin. Et l'élève se redressa avec le sourire. Un coup d'oeil dans le rayonnage, pas le premier, personne en vue. Le parchemin devant lui disparu dans les tréfonds de ses vêtements. Le jeune garçon poussa un soupir satisfait et s'octroya cinq secondes de repos.

Puis l'une de ses mains tourna la page d'un grimoire, l'autre celle d'un manuel. Après avoir trouvé les informations nécessaires, Morgan attrapa un parchemin non encore couvert de ratures. La plume s'activa de nouveau, traçant lignes et préparations, alors que le cerveau s'agitait derechef sous la tignasse du jeune garçon.

En s'approchant, une ombre furtive pouvait voir en détail le travail dispersé. Un parchemin non raturé reprenait une sorte d'alphabet particulier, écrit en lettres fines. Des signes d'actions alchimiques se tenaient bien en rang, auprès de leurs définitions. Les parchemins alentours étaient couverts de formules traduites et cryptées par ce même alphabet. Morgan semblait s'entrainer à l'écrit très particulière des potionnistes, ce qui en soit était intéressant pour un jeune garçon. Cela expliquait beaucoup des ratures et corrections alentours, ce language n'était pas le plus facile à écrire.

Mais un examen plus poussé pouvait voir une étrange disposition des livres et parchemins. Au premier regard, rien de particulier : Le grand livre des potions, bien sur, un classique des débuts de cycle. Le livre était usé et avait, semble-t-il, était recouvert des notes de plusieurs générations. Un ruban particulier sortait du bouquin, aux initiales T.C argentées. Certainement le grimoire de l'étudiant.

Les autres livres n'étaient pas en reste, un herbier, un grimoire sur l'usage particulier des chaudron et ustensiles. Un parchemin sur le devant, avec plusieurs listes d'équipements. Le chaudron en étain de taille 2 avait été entouré plusieures fois, ainsi que la cuillère en bois. Rien de particulier encore. C'était l'équipement standard recommandé.

Morgan releva l’œil vers le fond de la rangée. Le champ était libre et il poussa l'herbier vers le fond de la table. Un nouveau grimoire apparu, plus conséquent, plus ancien. La couverture était sur la table, il était difficile de la lire. Un œil omniscient aurait pu distinguer : "Création de Potions Avancées". L'étudiant tournait les pages avec le sourire, comparant ses notes à chaque formule, avant d'en trouver une correspondant à ses critères. Puis méthodiquement, il remis l'herbier en place, ne laissant dépasser que la partie qui l'intéressait. Enfin, avec concentration, la plume se remis à frémir, les formules recommencèrent à être tracés. Une nouvelle potion intéressante à étudier.

Début novembre, l'aiglonne aimait bien cette période. Bientôt quinze ans. Assez fou rien que d'y penser. Elle se rappelait comment elle voyait les gens de quinze à son arrivée au château. Ils lui semblaient immenses, si matures, comme s'ils avaient déjà tout comprit de la vie. Maintenant qu'elle y arrivait bientôt à cet âge vénérable, elle se rendait compte que non. On ne comprenait pas autant de choses que ça à quinze ans. Oui bien évidemment, plus qu'à douze ans. Mais pas tout. Elle ne comprenait pas encore les adultes. Ne comprenait plus les plus jeunes. Et à vrai dire, ne comprenait pas grand chose de ses congénères de classe non plus. Non, en fait elle n'y comprenait pas plus qu'avant, l'adolescente avait juste perdue sa naïveté.

Cependant, la brunette s'était mise d'accord avec elle-même: il lui fallait devenir plus sage plus douée, meilleure que l'année d'avant, où elle n'avait que peu briller. Et quoi de mieux que de s'instruire dans son domaine de prédilection depuis le premier jour? Cela expliquait pourquoi elle s'était décidée à arpenter le rayonnage de potion. Avec le temps, et la filière science, les cours de cette matière devenaient plus denses, plus poussées, et ô combien intéressant. Et puis son stage de cet été avait finit de la convaincre que son futur se trouvait au milieu des fioles, des ingrédients, devant un chaudron bouillonnant. La soif d'apprendre depuis c'était faite que plus grande. Noémie voulait aiguiser ce sens commun des potions. Cette intuition des ingrédients, qui lui sera bien nécessaire quand il sera l'heure qu'elle invente ses propres potions. Non pas tout de suite, elle le savait. Elle était certes fière, et avec une haute estime de son esprit, elle en connaissait les limites évidentes. Mais les faits étaient là: il lui fallait apprendre plus.

Alors qu'enfin elle arriva dans la section qui l'intéressait, la jeune sorcière posa son sac à une table vide, se débarrassa de sa couche supérieure, et partie à l'exploration des livres qu'elle avait remarqués depuis quelques années mais n'avait pas le niveau pour les lire. Elle en aurait ricané si un de ses camarades de maison, plus jeune n'était pas là, en repensant à la fois, où dans toute son orgueil en première année elle avait essayé de lire un livre avancé et n'avait absolument rien comprit. Ça avait été cuisant. Mais justement, elle voulait se venger de cette leçon de vie. Cette fois je pourrais le lire, en comprenant tout.

Cependant, son regard fut attiré par la drôle d'organisation du garçon, de ses parchemins gribouillés, et sa curiosité invasive eut le meilleure d'elle-même. Tandis qu'il semblait dans une bulle de concentration, qui était familière à Noémie, sans un bruit elle se mit derrière lui, et commença à tenter de déchiffrer ce qu'il écrivait à l'instant.

La table de Morgan était remplie de notes, raturées, anarchiques, désordonnées :



"Qu'est-ce que tu fais ?"

C'était un jeune Morgan blasé qui penchait et retournait la tête, sans même vraiment se tourner vers elle, pour regarder dans les yeux cette vilaine guetteuse. Il découvrit une fille d'années supérieures, qu'il avait peut être remarqué en salle commune, il ne se rappelait pas trop. Les étudiants des années supérieures se ressemblaient encore tous pour lui.


Il l'avait vu venir depuis le début de la rangée. Ayant pris entièrement possession de la seule table en fin de travée, il n'avait pas pu la rater. Elle avait semblé se désintéresser de lui pendant quelques courtes minutes, mais il avait vu son sourcil se relever. Et quand il l'avait vu reposer son grimoire, puis détourner le regard pour aller chercher des livres derrière son bureau... D'un soupir, il pris sa meilleure forme de travail, son poignet entrainé repoussant le livre avancé à l'abri de prochains regards. Puis le temps qu'elle arrive, il rajouta une dernière petite note. Le piège parfait.

Il griffonnait sans hâte, tournant le dos à l'espionne, écoutant avec attention ses faits et gestes. Froissement, frémissements, ouverture d'ouvrage, tournage de page, silence... Non, tournage de page à nouveau...

De mémoire, il écrivait les dernières informations glanées sur l'utilisation de l'argent dans les outils magiques, une littérature adaptée à un premier cycle, ennuyante comme souvent, pratique lorsqu'on se focalisait réellement sur autre chose. Il se demandait quel goût pouvait avoir un loup garou. C'était pas vraiment un humain, pas vraiment un loup. C'était peut être sympathique en ragoût ?

Silence... Quelques secondes de trop... Voici venir l’œil du spectateur... Un petit sourire en coin, il laissa l'ombre de la jeune fille passer au dessus de ses mains, jusqu'à distinguer du bord du regard, les petits traits de lumières qui traversaient les cheveux de l'espionne.

Quelques secondes plus tard, une respiration. La main était dans le sac !


"Alors ?"

Il avait le regard noir, ce petit bout d'homme. Et l'impatience qui allait avec. Sa plume tapotait sur son parchemin, avec tension, battant la cadence, alors qu'il toisait Noémie de toute sa non hauteur.

Cramé. Soit. C'est pas bien grave. Surtout si ça voulait dire qu'elle allait pouvoir en savoir plus sur ce qu'il se tramait sur le parchemin. Elle pouvait y voir quelques bribes. "Je te vois.ಠ_ರೃ" Ce message lui était peut-être adressé, et ça la fit sourire. Il était marrant celui là. Et aussi passionné des potions qu'elle, une qualité qu'elle ne pouvait qu'apprécier.

Manifestement il avait aussi le même complexe de supériorité que Noémie au vu de son regard. Elle lui haussa un sourcil, regardant son bazar, et sa dégaine. "J'essaye de comprendre ce que tu gribouilles." Pas ce qu'il écrivait, pas ce qu'il faisait, n'appréciant pas son regard l'adolescente avait décidé de réduire les activités de son camarade de maison à de la gribouille. Après tout il n'y avait aucune organisation dans ses notes, ça n'avait ni queue ni tête, il allait falloir faire mieux pour impressionner l'aiglonne que d'écrire des bouts de phrases sur un parchemin et sortir trois livres de leur étagères. Ça tout le monde pouvait le faire, et ça ne faisait pas gagner le droit d'un tel regard noir. Alors ça lui semblait justement mérité.

Reprenant un peu ce qu'il avait écrit plus en détail, elle continua, après tout il y avait de quoi dire pour l'esprit parfois étriqué de la quatrième année. "Bon courage pour avoir un arbre anti-apesanteur sur ton étagère, ces trucs peuvent faire plus d'une centaines de mètres. T'as une étagère de géants chez toi? Et je doute que tu puisse trouver du bundunium quelque part dans le château. Au vu des infestations et des dégâts que ça peut provoquer je pense que les adultes font bien gaffe."

Mais d'un coup elle vit quelque chose de plus intéressant. Ne s'asseyant pas pour autant, voulant continuer à pouvoir le regarder littéralement de haut, son esprit chauffa. Il l'intriguait et elle ne voulait pas juste partir comme ça.

Il avait besoin de quelqu'un de plus vieux que lui, manifestement même cette énergumène qui faisait comme s'il valait mieux que tout le monde avait besoin de quelqu'un. "Et puis je remarque que tu as besoin d'un aîné pour quelque chose, ce n'est pas comme ça que tu vas les convaincre." Après tout cette attitude rebuterait tout le monde à l'aider. C'est pas bien grave de ne pas être chaleureux, Noémie l'était rarement, mais à contrario elle demandait jamais de l'aide, préférant au contraire galérer seule. Question de fierté. Son honneur n'aime pas aller voir ailleurs pour des conseils. À chaque fois ça lui laissait un sentiment cuisant, quand bien même ce fut toujours formateur. Miss Priddy l'avait bien aidé par deux fois, Miss Miller aussi bien que c'était pas une joie pour l'adolescente les séances avec elle. Ça l'empêchait de tout enfouir, faire comme si de rien n'était, mais avec le recul ça avait été nécessaire.

Le rictus inversé de Morgan resta là. Piquée, l'aiglonne montrait les serres. C'est qu'elle répondait en plus ! Du haut de son âge vénérable, elle le toisait lui, ses notes, ses livres, sa place, sa personne. De toute sa fausse supériorité, elle le jaugeait, la vieille. Et voila qu'elle prenait ses aises dans ses grib... Ses notes ! De vraies notes, pèle mêlées certes, mais complètes et pleine d'autres écriture que ce qu'elle voyait.

Mais Morgan ne dit rien. Qu'elle se fourvoie autant que possible, la vieille. Son dessein était bien caché et elle n'arriverait pas à s'échapper de l'épais piège qu'était cet écran de fumée. Caché sous son regard couroucé, le jeune sorcier se délectait. Qu'elle regarde, qu'elle fouille. Elle ne ferait que s'enfoncer d'avantage !..

Elle l'attaqua sur l'arbre anti apesanteur. Que donc ? N'avait elle jamais entendu parler des bonzaïs ? Avec suffisamment d'entretien, le Serdaigle était certain (certain !) d'arriver à garder l'arbre petit et lévitant. Il lui suffisait juste de subtiliser une bouture, une graine, rien de bien sorcier ! Qu'en savais t elle vraiment ? Elle avait essayé ? Pah !..

Il se crispa a la remarque sur le bundunium... Certainement qu'il y avait des infestations dans ce château. Tellement de recoins, tellement de zones vermoulues... Tellement de magie... Forcément qu'il trouverait du slime quelque part. Les toilettes abandonnées, tiens ! Vingt bonnes années et jamais une seule rénovation qui n'ait tenu ! Si ce n'est pas l’œuvre de slimes dans les canalisations, qu'était ce donc ? Sinon les cachots ? Sinon la cabane du garde chasse... Et au pire des cas, il en trouverait parmi les ingrédients en salle des potions... Mais peut être qu'il devait quand même un peu plus réfléchir à la question... Non ! Elle essayait juste de rentrer dans sa tête !

Et voilà qu'elle se posait comme sauveuse désormais. Morgan n'avait pas besoin d'un ainé... Enfin si... Mais pas de leur "sagesse"... Il était bien plus doué en potion qu'ils le croyaient tous ! Son papa était potionniste ! Que crois tu m'apprendre, la vieille ! Rien, c'est tout. La seule chose que tu as de différent de moi, c'est l'âge, la taille... Le matériel... Les cheveux... L'expérience du château... Bref, rien du tout !

Morgan se força à sourire. Un sourire bien factice, bien exagéré. Il ne pouvait pas montrer de faiblesse ici.

"Je n'ai pas besoin de toi." Voilà, prends ça. "Tu lis mes notes sans mon consentement et tu te poses comme une grande connaisseuse alors que tu n'arrives même pas à lire entre les lignes ?"

Il leva les yeux au ciel, exaspéré.

"Si tu arrives à me dire ce que je compte fabriquer, peut être daignerais-je écouter ta proposition..."

Il détourna le regard, sans oublier de médire une dernière fois.

"Mais je doute que tu y arrives. Je ne vois en toi que mauvaises manières et arrogance... On croirait voir une Gryffondor tombée dans de la peinture..."

Le garçon continua à "griffonner". Elle avait osé... Et maintenant il était tout émotionné !.. l'Audace, vraiment !