Aucun des trois ne le faisait exprès, pourtant, depuis septembre 2048, Marilya ne comptait plus les fois où elle les avait retrouvé par hasard à la volière, soit l'un, soit l'autre, soit les deux. À force, elle pouvait même assurer qu'Acuti et Azraël faisaient partie intégrante de sa routine postale. Ne pas les voir serait... étrange à présent.

Gardant des séquelles des premiers mois à Poudlard, Archimède hulula violemment en la voyant arriver dans la tour malodorante, avant de s'envoler plus haut et de lui tourner le dos. La tristesse envolée, de s'être fait recadrer par ses parents, Marilya devait bien reconnaître qu'elle n'avait pas épargné le pauvre volatil en l'envoyant si souvent jusqu'à Old Leake et avec de si nombreuses lettres. Il se faisait vieux, porter toutes les semaines 14 lettres -une par jour pour ses parents et une autre par jour pour ses grands-parents-, ne lui avait pas fait que du bien.

"Vieux grognons va !" s'amusa-t-elle en lui tirant affectueusement la langue. "Je n'ai qu'une toute petite lettre."

Petite... Peut-être pas tant que ça, mais elle restait de taille raisonnable. Archimède claqua du bec avec mécontentement, refusant obstinément de tourner le regard vers elle. Il semblait la gronder, mais Marilya savait qu'il finirait par descendre de lui-même.

"J'me suis déjà excusée et tu dois reconnaître que j'ai fait de gros efforts !" tenta-t-elle toute de même de l'amadouer. "Et j'suis sûre que t'as hâte d'être au chaud."

Le vieil hibou tourna la tête vers elle avec envie avant de se reprendre et de s'enfoncer dans son perchoir. Il faisait toujours froid dans la volière, à cause des grandes ouvertures sans vitre, qui permettaient aux hiboux d'aller et venir faire leur travail. Cependant, Archimède s'était habitué au confort de la maison et aux sucreries faites mains par sa maîtresse, Arianna, la mère de Marilya.

Azraël était déjà passé à la volière dans la matinée, où il avait été heureux de croiser et de pouvoir aider Elena, mais il s'était également rendu compte qu'il avait oublié dans son dortoir la lettre destinée à Zachariah, son petit frère. Après avoir déjeuné, il remonta donc dans la tour de Gryffondor pour aller récupérer la le parchemin en question, puis il reprit une nouvelle fois le chemin de la volière.

Comment avait-il pu oublier la lettre de Zach ? Il était pourtant sûr de l'avoir glissée dans sa poche en même temps que celle pour ses parents, et pourtant... Mais bon, "quand on n'a pas de tête, on a des jambes", comme le disait si bien son grand-père. À cette pensée, il eut un sourire. Il faudrait qu'il lui écrive aussi à l'occasion, car cela faisait déjà un moment qu'il n'avait pas eu de nouvelles de lui.

Alors qu'il approchait d'un pas vif de la volière, Azraël aperçut non loin de lui la silhouette d'une fillette aux longs cheveux blonds, qui lui parut familière. Il plissa les yeux tout en pressant le pas, cherchant à reconnaître la personne qui marchait devant lui. N'était-ce pas Acuti ? Une telle chevelure, ce n'était pas commun...

Il s'approcha encore davantage, jusqu'à être certain qu'il s'agissait bien de la jeune Serdaigle. À présent, la volière n'était plus qu'à quelques dizaines de mètres, et il paraissait donc peu probable qu'Acuti ne s'y rende pas, mais Azraël préférait en avoir le cœur net. Peut-être pourraient-ils envoyer leur lettre ensemble et, par la même occasion, discuter un peu ?

« Salut Acuti ! Tu vas à la volière toi aussi ? » demanda-t-il avec un sourire amical en apparaissant aux côtés de la fillette.

Tournant et retournant entre ses mains l'enveloppe cachetée de cire bleue nuit, la fillette avançait de son pas de silence sur le chemin qui menait à la haute tour des volatiles. La lettre était adressée à Emily, et elle avait déjà bien trop tardé pour l'envoyer. Si celle de la jeune Lock lui était parvenue en retard, elle avait elle même prit son temps pour lui répondre.

Le parchemin accueillait de plus en plus de vide lors des envois, aussi Acuti ne voyait elle pas vraiment quoi raconter de plus. C'est sur cette pensée mélancolique de leur éloignement qu'un pas vif interrompit sa déprime, l'abordant d'un salut énergique.

Elle tourna la tête vers son interlocuteur en envoyant valser sa tresse dans son dos, reconnaissant le timbre de voix du jeune sorcier. Un sourire venant relever le coin de ses lèvre, elle s’arrêta pour laisser Azraël la rejoindre, captant ses mots dans le vent.

- Salut Azraël. J'ai une lettre a poster. répondit elle en agitant sur ladite lettre.

Bien contente de pouvoir parler à quelqu'un, et par là de sortir de ses pensées, elle lui emboita le pas vers la Volière. Peut être y croiseraient ils la dernière acolyte, Marilya. Même si elle ne le montrait pas, la bleue et bronze aimait ces rendez vous aléatoires, ils apportaient un peu de vie dans son quotidien rythmés par les chuchotis des tableaux et les couloirs vides.

Poussant la porte de bois qui coupait l’extérieur de cet environnement remplit de plumes virevoltantes et de piafs, elle s’effaça pour laisser passer son camarade.

Finalement, Archimède ne semblait pas plus disposé à acheminer du courrier jusqu'à Old Leake qu'à son arrivé dans la volière et Marilya su qu'elle devrait faire prendre son mal en patience aujourd'hui. Elle se cala donc derrière un mur avec l'espoir vain que cela la protégerait un peu plus du froid hivernal tout en resserrant sa cape autour d'elle.

"Aza ! Acuti ! Ça faisait longtemps !"

Pas du tout. La volière, c'était davantage ça leur "deuxième maison" plus que Poudlard ou leur salle commune. Il faisait partie du décor, aucun volatil ne s'étonnait jamais de les voir débarquer. Bientôt, mais prions pour que ce moment tarde encore looooongteeeemps à arriver, l'odeur de fiente finirait par imprégner leurs vêtements, leurs cheveux, plus leurs âmes tout entières ! Mouahahah ! Tremblez, petits sorciers, et inclinez-vous devant le POUVOIR du caca de hibou !

"Vous venez envoyer des lettres d'amour ?"

Marilya sentit son sourire s'élargir sans raison. Tout le monde était bizarre ces derniers temps et si la décoration de la Grande salle, à base de cœurs et de roses, lui plaisait beaucoup, elle avait hâte que tout redevienne comme avant.

Elle se sentait mieux à Poudlard depuis quelque temps, mais l'impression d'être à côté de son chaudron restait bien présente dans son esprit. Même les filles de son dortoir parlaient du fait d'être tombé amoureuse ! Aux yeux de Marilya, pourtant, l'amour restait un truc de grandes personnes. Était-ce parce qu'elle manquait de connaissances en matière de "garçon" ? Rappelons tout de même qu'avant d'embarquer sur le lac noir, elle n'avait jamais parlé à un garçon, ce qui ne semblait pas être le cas des autres.

Acuti sembla contente de retrouver Azraël, qui lui-même se réjouissait de chacune de ses rencontres fortuites avec la petite Serdaigle. En effet, puisque tous deux envoyaient plus que régulièrement des lettres à leurs proches, il était très fréquent qu'ils tombent l'un sur l'autre dans la volière, ou bien sur le chemin qui y conduisait. L'autre personne que le Gryffon croisait le plus souvent lorsqu'il envoyait du courrier était sans aucun doute Marilya, qui paraissait elle aussi passer un temps considérable à la volière. De fait, il était arrivé de nombreuses fois que tous les trois se retrouvent à solliciter un hibou au même moment, ce qui rendait toujours le moment plus sympathique.

« J'en étais sûr ! T'as écrit à qui aujourd'hui ? » demanda-t-il avec curiosité alors qu'ils arrivaient aux abords de la volière.

Une fois à destination, Acuti poussa la porte dans un grincement et laissa passer Azraël qui la remercia tout en lui souriant. Dès qu'il eut mis un pied à l'intérieur de la tour, il constata que quelqu'un s'y trouvait déjà et sans surprise, qu'il s'agissait de Marilya. La petite Poufsouffle les remarqua aussitôt et s'empressa de les saluer avec enthousiasme.

« Salut Lya ! Oh oui, ça fait super super longtemps... » répondit-il avec un rire.

Pendant un instant, le Gryffon chercha du regard le vieil hibou de Marilya, jusqu'à finir par l'apercevoir plus loin, posé sur son perchoir avec une mine renfrognée. En entendant soudain leur amie les questionner d'une drôle de façon sur la raison de leur présence à la volière, Azraël eut un sourire amusé.

« Haha perso j'ai plutôt une lettre à envoyer à mon petit frère, et toi ? Dis, Archimède il fait la tête ? » demanda-t-il quelques secondes plus tard, après avoir jeté un nouveau coup d’œil en direction du hibou.

Azraël eu une exclamation victorieuse, demandant à qui s'adressait sa lettre du jour d'un air curieux. La fillette lui répondit tout en s'effaçant pour le laisser entrer, recevant un sourire en remerciement.

- Mon amie d'enfance, Emily.

Emboîtant le pas de son camarade, elle repéra très vite la petite troisième du trio, Marilya. Un courant d'air frisquet l'avait mener dans un coin partiellement abrité, et son visage s'éclaira à l'apparition des deux élèves, les saluant d'un air enthousiasme. Longtemps ? Azraël renchérit sur la blague avec un petit rire.

- Salut Marilya ! C'est sûr que ça fait belle lurette que'on s'est pas vu... ajouta Acuti, un sourire en coin.

Elle se tourna vers les volatiles, attirant un des oiseaux avec une friandise. La question de la sorcière lui fit tourner la tête alors que le piaf prenait place sur son bras, attendant sa mission. Marilya était plantée dans son coin, un grand sourire aux lèvres. Levant les yeux aux ciels, Acuti se demanda si elle faisait partie de ces filles qui prennent leurs amies à partie dès qu'une rumeur cour.
Sans doute pas, au vu de son air plus amusé que rougissant.

Se contentant de rigoler, Azra' lui répondit qu'il devait envoyer une lettre a son petit frère. Il eu un regard vers l'antique hibou de Lya, ce qui fit lever les yeux à la Serdaigle qui écoutait en silence, un demi sourire aux lèvres tandis que le piaf finissait sa friandise.
Quasiment à chaque fois qu'elle le voyait, cet Archimède avait un air boudeur plutôt amusant.

- S'il fallait envoyer une lettre d'amour, j'enverrai une beuglante. Mais j'ai une lettre pour Emily à la place. rétorqua t'elle, son ton narquois laissant comprendre qu'elle se fichait bien de cette Saint Valentin.

@Marilya Sowell et @Azraël Aquila

« Oh, c'est une moldue cette Emily ? » s'intéressa Marilya.

Elle s'enroula davantage sa cape pour se protéger du froid piquant de la volière, sans se rendre compte que sa question était à côté de son réel intérêt : les amis d'enfances. C'est quelque chose que Marilya, trop isolé par sa famille, n'avait pas. Elle observa ses amis avec une affection sincère, se réjouissant de ces rencontres régulières, presque rituelles, qui donnait de la stabilité son quotidien mouvementé à Poudlard.

« Moi j'écris à mes parents, comme d'hab ! » Elle se tourna vers Archimède, qui continuait de bouder sur son perchoir. « Et oui, Archimède m'en veut de trop le solliciter, du coup il ne veut pas descendre de son perchoir. Pourtant tu remarqueras que j'me suis vachement améliorée ! » cria-t-elle à l'intention du hibou. « Allez viens, vieux grognons, tu sais bien que tu es le meilleur des postiers ! »

Elle tendit sa main, sur laquelle elle avait placé une petite friandise. Après un moment d'hésitation, Archimède se laissa convaincre et sauta agilement sur son bras, claquant doucement du bec en signe de réconciliation.

Se tournant de nouveau vers Azraël et Acuti, elle les interrogea : « Quelles sont les nouvelles ? Des histoires croustillantes dans vos maisons ces temps-ci ? » Tout en parlant, elle attacha sa lettre à la patte d'Archimède, qui semblait maintenant prêt à accomplir sa tâche avec une dignité retrouvée.