Cela faisait plusieurs jours que cette boîte aux lettres était posée devant la serre Méditerranée. Une boîte aux lettres qui avait été disposée à l'occasion de la Saint-Valentin. Mais si Cheryl s'en approchait ce jour-là, ce n'était certainement pas pour envoyer une lettre d'amour. C'était bien trop ringard pour elle. La jeune fille tenait bel et bien une lettre entre ses mains, destinée à un garçon. C'était simplement une lettre d'encouragement à ce joueur de Quidditch, rien d'autre. Il ne fallait pas que les autres élèves ne se mettent à croire que Cheryl Styles avait le béguin pour quelqu'un.

Vêtue d'une robe rouge d'hiver avec un serre-tête rouge sur les cheveux, la troisième année était sortie de son dortoir ce samedi pour déposer la fameuse lettre qu'elle avait écrite au préalable dans son dortoir. D'ailleurs, quand elle l'écrivait, elle la cachait chaque fois qu'une camarade passait à proximité. Autant dire que la jeune sorcière avait pris une bonne heure pour écrire ces quelques phrases.

C'était enfin le moment de la déposer. La Serpentard ne savait même pas pourquoi elle était anxieuse. C'était simplement une lettre d'encouragement. Tout simplement. Elle tenait fermement la lettre dans ses mains, et fixait la fente de la boîte aux lettres. Allez, dépose-cette lettre, se répétait-elle intérieurement. C'est ridicule, une lettre. Je pourrais la jeter, se mit-elle à penser.

Lorsque j'avais du temps libre, j'avais mes endroits préférés qui changeaient selon l'avancée de mon travail scolaire. La bibliothèque était l'un de ses lieux lorsque j'avais des recherches à faire, mais dès que j'étais à jour, je profitais des extérieurs, enfin quand la météo le permettait. Hors de questions de mettre le nez dehors lorsqu'il pleut ou qu'une tempête faisait rage.
Si le lundi, je restais en général une petite heure dans la zone de soin après mon cours avec Mr Dawson, le reste de la semaine, c'était plutôt vers les serres que j'allais. Les différentes zones hébergeaient de nombreuses plantes et j'aimais les mettre sur le papier, noter quelques observations. Et c'était sans compter que dans la serre réservée aux élèves j'y avais mes deux plantes. D'ailleurs, la petite dernière que j'avais déposé en septembre commençait enfin à pointer le bout de ses feuilles hors de la terre et ne devait pas tarder à fleurir. J'allais enfin découvrir de quelle plante il s'agissait puisque ma meilleure amie me l'avait offerte sous forme de bulbe, trois petits bulbes dans un joli pot.

C'est donc rassurée sur le développement de mes petites bulbes que je quitte la serre n°6, traversant la serre Méditerranée pour rejoindre la sortie du bâtiment.
C'est alors que je tombe sur Cheryl, une camarade de classe de la maison Serpentard. Celle-ci se trouve à côté de la boite aux lettres installées depuis quelques jours à l'occasion de la Saint Valentin qui aurait lieu demain.
- Ca alors ! T'as un amoureux, Cheryl !, m'exclamais-je.

Alors que la rouquine était toujours en plein questionnement devant cette fichue boîte aux lettres, une voix la fit presque sursauter. Non ! Il n'y avait quand même pas quelqu'un qui l'avait reconnue à cet endroit ? Cheryl se tourna par réflexe vers la voix en question, l'air surpris. C'était Erin. Elle allait sûrement lui poser un tas de questions, à moins qu'elle ne soit pas aussi curieuse que la Serpentard. Mais depuis l'incident aux trois balais avec Steven, et vu comme la jeune Styles l'avait charriée, la Serdaigle n'allait sûrement pas lâcher sa camarade.

La troisième année cacha rapidement son enveloppe derrière elle et sourit à son amie :

— Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Ça va pas ?

Elle avait rigolé en prenant un air détendu, alors qu'elle était loin de l'être. Par Merlin, pourquoi ce genre de chose lui arrivait ? N'empêche, c'était quand même mieux de tomber sur Erin plutôt qu'un professeur ou encore le destinataire de cette lettre.

— Qu'est-ce que tu fais là, toi ? demanda-t-elle.

Cheryl était à deux doigts de la charrier de nouveau avec Steven, en lui demandant si elle était venue déposer une lettre pour lui, mais dans cette situation aussi délicate, elle préféra s'abstenir. Tout ce qu'elle voulait, c'était disparaître en un claquement de doigt et atterrir dans son dortoir.

Lorsque j'avais vu Cheryl, une lettre à la main, debout à côté de la boite à lettres, je n'avais pas pu m'empêcher de lâcher cette petite phrase. Après tout, c'était tout à faire logique de faire le rapprochement. Et puis, ça n'aurait rien d'étonnant. Cheryl était toujours bien habillée, enfin, habillée avec soin. Non pas que je me ballade avec des vêtements troués ou quoi que ce soit. Mais j'avais eu l'occasion de découvrir quelques mois plus tôt, qu'il valait mieux pas faire les boutiques d'habillement avec la Serpentard. A moins d'accepter le fait qu'on n'en sortirait pas sans au moins un achat, avec l'aide éclairée de la vert et argent. J'étais bien placée pour le savoir. Et puis, ma camarade ne s'était pas gênée pour participer à la théorie collective que Steven et moi étions un couple. Ce qui n'était pas le cas. Enfin, à l'époque, parce que maintenant... Je ne voyais peut-être plus le rouge et or comme un simple ami... Mais hors de question de l'admettre à haute voix.
- Ben, tu fais quoi alors ? Tu voles les lettres ? Ou alors, tu fais le hibou pour une amie ?, proposais-je. Parc'que si c'est pas "TA" lettre, j'vois pas d'autres explications., terminais-je en mimant des guillemets en prononçant le ta.
La vert et argent essaya de détourner la discussion sur ma présence ici.
- Moi ? J'viens d'm'occuper de mes plantes., commençais-je en désignant la porte de la serre que je venais de franchir. Tu veux faire leur connaissance, p'être... On sait jamais, si j'raconte des bêtises..., terminais-je en haussant les épaules.

Des centaines, que dire, des milliers de mots se bousculaient dans la tête de la jeune fille dans le but de former une phrase qui servirait d'excuse concernant sa présence ici, devant cette boîte aux lettres, mais elle se trouvait dans une situation si délicate que les phrases qui se formaient dans sa tête n'avaient ni queue ni tête.

— Oui ! Je fais le hibou pour une amie ! s'exclama-t-elle en prenant un air convaincant.

Sans le savoir, Erin lui avait sauvé la vie. Dès lors que la Serpentard avait entendu cette phrase, son air complètement dépité s'illumina soudainement.

— Je sais même pas qui est le destinataire mais elle tenait absolument à ce que je la dépose pour elle. Et, serviable comme je suis, j'ai évidemment accepté.

Ne me pose pas d'autres questions, criait intérieurement Cheryl. Elle avait beau bien jouer la comédie, elle ne pouvait pas paraître confiante éternellement alors qu'elle était complètement en détresse. Et si elle lui demandait de voir la lettre ? L'auteure de la lettre ?

— Oui... Ouais ! Fais voir !

La troisième année s'accrochait à toutes les perches que lui tendais la Serdaigle, ça en devenait trop suspect. Bon, le plan était que dès lors que Erin se retournait pour se rendre à la serre, Cheryl dépose la lettre dans la boîte aux lettres et pouf, sauvée !

Ben voyons... Prends moi pour un Nifleur qui vient juste de naître. Son "oui" m'avait semblé bien trop rapide, comme un soulagement d'avoir une réponse fournie pour expliquer sa présence ici.
J'avais quand même du mal à imaginer Cheryl jouant le rôle du hibou, j'aurais presque vu l'inverse.
Si ce n'était pas sa lettre, pourquoi l'avait-t-elle encore en main. C'est comme si elle était collée, qu'elle ne pouvait pas la déposer dans la boîte, peur que quelqu'un la trouve et puisse la lire.
Et à présent, elle s'intéressait à mes plantes. Non, j'avais du mal à la croire.
- Allons... Tu vas pas me faire croire qu'il y a personne qui t'intéresse. , repris-je, un petit sourire taquin aux coins des lèvres. T'es capitaine des Cheerleaders de Serpentard, t'es plutôt une bonne élève, toujours à la pointe de la mode. Les garçons de Serpentard sont aveugles ou quoi ?, poursuivis-je, décider à la taquiner, comme une petite vengeance par rapport parce qui était passée lors de la sortie au Trois Balais début octobre. Ce n'était pas très gentil, mais la situation était trop tente pour résister.
Je m'interromps, portant mon index tendu à mes lèvres pour qu'il les tapote légèrement, comme un signe d'une intense réflexion.
- Cheryl... Me dit pas que est une lettre de rupture ou un truc comme ça , dis-je en portant mes mains à ma taille, décidée à prolonger un peu le jeu des questions.

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Et merde. Erin avait senti la supercherie. Pourtant la Serpentard savait bien mentir, mais on dirait bien que cette fois-ci, elle n'avait pas été assez convaincante. Il fallait bien avouer que son amie n'était pas naïve. Pas le choix, Cheryl devait faire affaire à l'interrogatoire. C'était donc ça que ressentaient ceux qui avaient déjà eu affaire aux questions de la jeune sorcière.

— Ils m'arrivent pas à la cheville, c'est tout, fit la rouquine en passant la main dans ses cheveux et en prenant un air faussement convaincant.

Puis de toute façon, ce n'était pas l'amour qui l'intéressait. Son but premier était de devenir une des sorcières les plus puissantes du monde et de pouvoir partager son savoir à des élèves. Et l'amour c'était trop risqué. Elle ne doutait pas du fait que cela rendait les gens heureux. Peut-être un peu trop. Et le jour où l'autre nous blesse, notre monde s'effondre. La jeune fille n'avait pas envie d'avoir affaire à ça. Elle s'estimait forte mais si quelque chose de la sorte lui arrivait, il n'était pas certain qu'elle soit assez forte pour passer outre.

— Depuis quand t'es aussi curieuse ma chère Erin ? demanda-t-elle en souriant malicieusement. Me dis pas que tu te venges de la fois où je t'ai charriée avec ton p'tit amoureux ?

À son tour de poser des questions à présent.