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26 févr. 2024, 00:08
 Libre   Souffle d’Ourania
VENDREDI 8 JANVIER 2049, 15h
[4e Γᾰμηλῐῶνος, Ol.706-4]
Entre les étagères de Runes, Divination & Astronomie,
Table de la Bibliothèque, Poudlard
Iphis, 1ère année, 12 ans


Entre étymologies et fragments d’œuvres, je trace mon chemin le long de l’histoire astrale. Muse me contant les évolutions du domaine d’Astéria, ses symboles et ses non-dits. La voûte céleste m’est familière, diurne comme nocturne. Des rayons illuminants de Celui qui voit Tout aux guides nocturnes incrustés dans les courbes de Nyx, passant par les douces nuances des Hespérides. Le monde de Zeus m’est si proche, j’étends les paumes et l’âme vers lui. Il est gravé derrière mes paupières closes, voûte tracée et retracée du regard. Songer au ciel n’est jamais songer à son essence même, si elle existe. Toujours la pensée passe par des représentations. L’imaginaire humain a donné son sens aux étoiles, impossible désormais de détacher le regard de la culture qui y transparaît. Observé à travers une carte ou de mes propres yeux, l’univers céleste demeure teinté de l’histoire. Son histoire, notre histoire. Comment observer les astres sans observer l’humanité ? Poser mon regard sur les constellations me renvoie irrémédiablement à la pensée que mes ancêtres l’observaient également, que nous partageons cette observation. Le temps est si lointain parmi les étoiles, dilué et altéré par l’immensité. La voûte peut contenir mon regard et celui des premiers êtres, simultanément, sans s’en retrouver absurde. Dans ce savoir, je trouve un réconfort infini.

Les livres d’astronomie accueillent aujourd’hui mon attention indivisée, mon index caressant les lignes pour marquer mon cheminement.
*Quelle beauté*, encore, toujours. Débute en ce mois le plus beau passage de l’année pour cette matière nocturne. L’arc historique. Si le cours en lui-même ne cesse d’être empli de découvertes, cet arc-ci sera différent. Cette voie a déjà été suivie, dès l’enfance. Je n’ai nul doute quand à mes compétences déjà affirmées ; ce qui sera vu correspond aux notions que j’ai intégrées il y a longtemps désormais. Une relecture rapide du manuel a confirmé cette certitude. Cela ne signifie pas pour autant que je me détourne du sujet si passionnant. Bien au contraire, je m’y enfonce toute entière, dédiant mon après-midi à la découverte des strates encore dissimulées. Étymologie ; celle des constellations et étoiles principales m’est plus que familière, nombre de noms prennent leurs racines dans mes Origines, en grec et latin, et les retracer est aisé. De même pour les instruments et notions. La tâche est alors la comparaison, entre surnoms donnés par diverses langues et appellations encore inconnues, vers des sources qui affleurent. Histoire ; si aisé de retracer les contes d’Ourania dans leurs grandes lignes, et même avec une certaine finesse. Vient alors le temps de m’y abandonner pleinement, de dénicher les cultures dont je suis moins proche. Jeux de constellations présents dans d’innombrables civilisations, dont bon nombre n’ont pas été étudiées par mes soins. Mes facilités face aux cartes et ma passion pour certains pans du passé permettent une avancée à un rythme soutenu, qui ne serait pas accessible à tous. Pour cela, les connaissances de Ma sont à remercier, tant elles m’ont été transmises. Même sans un mot. Ma a beau s’être spécialisée dans la branche divinatoire de son école, elle n’a en rien délaissé l’astronomie et ses secrets. Les cartes célestes parsèment un mur de la bibliothèque du Domaine, les ouvrages antiques sur les tréfonds des cieux y sont nombreux. Et l’observation des étoiles demeure un moyen certain d’être moi— en ancrant ou dérivant, tout dépend. J’y entre et la toile céleste se dessine, toile d’araignée me liant à des échos archaïques, toile de peintre me laissant entrevoir les motifs attribués aux étoiles par l’humanité, au fil de son existence. Une chronologie humaine, discernable dans le firmament.

Une demi-douzaine d’œuvres étalées devant moi, ma plume griffonnant incessamment dans mon carnet dédié à cette matière, casque anti-bruit sur les oreilles, je suis coupée de ce qui existe du monde en dehors de ces chemins de Muse astrale. Une seule mélodie résonne en moi, au rythme de ma détermination infaillible. Prendre de l’avance, moins par soucis des résultats académiques que par nécessité profonde et personnelle de progresser vers le savoir. Je ne sais prendre de pause. Je ne sais marquer de temps d’arrêt. Dans les mots et les images, je me perds. Impossible de respirer sans être plongée dans les recherches, alors jamais je ne fais surface. Et c’est enivrant.


Premier post réservé.

premier cycle
solit[air]e

26 févr. 2024, 04:09
 Libre   Souffle d’Ourania
8 Janvier 2049
Bibliothèque, Poudlard

@Iphis Diotimē
En ce début d'après-midi, la jeune Gryffondor se rendait à la bibliothèque. Elle voulait prendre de l’avance sur son devoir de potions et finaliser ses devoirs d’Astronomie. C'était la première semaine après les vacances, et Anastasia ne voulait surtout pas prendre de retard. Elle voulait garder cette petite avance qu’elle s'était faite lors de la première période. Alors, elle se rendait à la bibliothèque. Cette grande pièce était probablement la pièce préférée de la jeune fille dans le château. Une grande salle, pleine de livres. Un lieu pour apprendre, pour comprendre. Ou juste pour lire pour le plaisir. En entrant, elle se dirigea vers la section dédiée à l’Astronomie. Les potions attendraient.
Alors qu’elle arrivait devant sa table habituelle, elle vit que quelqu’un y était déjà installé. Plusieurs livres ouverts autour de lui - à moins que ce ne soit d’elle - la personne écrivait presque frénétiquement dans un carnet. Un détail intrigua Anastasia. Un appareil qui ne semblait pas sorcier se trouvait sur les oreilles et la tête de la personne. La griffonne n’avait vu cet objet que sur une seule personne jusqu’ici : une camarade de dortoir, Iphis quelque chose.
Cette fille - Iphis - intriguait beaucoup Anastasia. Comme elle, Iphis ne parlait pas à grand monde. Elle avait une canne alors qu’elle avait quoi? 11 ou 12 ans? Et surtout, elle avait cet objet qui lui couvrait les oreilles et qu’elle mettait assez souvent. Anastasia était curieuse, et elle voulait savoir quel était cet objet, et quelle était son utilité. Mais elle ne voulait pas paraître indiscrète, ou offensante, donc elle ne disait rien. Quelques soirs, Anastasia avait vu Iphis prier. Prier des dieux grecs. La rousse n’y voyait aucun problème, au contraire. Cela faisait maintenant quelques années qu’elle avait commencé à s'intéresser à la mythologie grecque et certaines histoires étaient tellement belles, tellement tragiques qu’Anastasia voulait en savoir plus.
Un pas, puis un autre, et la rousse se trouve devant la brune. Elle ne sait pas comment aborder l’autre. Un simple “bonjour"? Un “je peux m’asseoir ici"? Pour la première fois depuis un certain temps, Anastasia a vraiment envie de parler à quelqu'un. Elle a envie de rencontrer quelqu’un et ce quelqu’un est en face d’elle. Ses frères seraient fiers d’elle. Elle prit une profonde inspiration et se racla la gorge.
Euh… Iphis, c’est ca? Je peux m'asseoir ici?
Son sac en bandoulière à l'épaule, Anastasia avait les mains posées sur le dossier de la chaise qui faisait face à la chaise d’Iphis. Elle voulait entamer la conversation avec cette fille qui, honnêtement, l’intriguait depuis le début de l'année. Elle voulait parler d'astronomie, mythologie. Elle voulait discuter, parler des sujets qui les interessaient toutes les deux.

Anastasia Wiśniewska
Gryffondor ⋇ Pas encore dans la chronologie
Couleur RP: #7d9a68

26 févr. 2024, 11:56
 Libre   Souffle d’Ourania
Les contours de la Balance m’intriguent à présent. Je les suis du bout du doigt sur la carte, nommant les étoiles, une litanie encore étrangère. Longue liste de noms dont la majorité, composés de chiffres et lettres, me sont impénétrables. Un certain plaisir existe pourtant dans le fait d’y voir par instants apparaître une notation grecque, un alphabet stellaire. Ma naissance est placée sous ce signe, mais je ne connais pas les détails de son histoire. Presque inconnue au monde hellénique, la constellation a échappé à nombre de mes recherches, celles-ci se concentrant longuement sur les mythes astraux et les traités grecs. Les noms arabes surgissent et m’arrachent une grimace. Je ne peux les comprendre, ce qui, étrangement, apparaît comme une trahison envers mon sang. Rare sentiment. Ma plume tournoie entre mes doigts tandis que je contemple cette idée. Je dérive souvent loin de cette facette de mes origines, peut-être me faudra-t-il m’y plonger un jour. Difficile pourtant quand ma tâche de ce mois est déjà l’exploration des contrées nordiques, et qu’à l’horizon se dessinent les mondes celtiques, m’appelant également. Toujours cette envie de tout dévorer, de tout apprendre, de tout maitriser. Et le temps qui me fuit. Dans un coin de l’esprit, je note ce songe : demander à mon frère de me prêter, un jour, les ouvrages qu’il utilise pour s’intéresser à cette langue que je n’ai que rarement entendu, la famille de Ma préférant les échanges en anglais et en grec lorsqu’elle nous accueille. Entre temps, une exploration du monde arabe est déjà prévue, ne serait-ce que pour me rapprocher de cette école. Avant les vacances, les correspondants sont arrivés, et j’ai aperçu la fille d’Albaldah —Taheri— de loin. Une nécessité de découvrir ces racines là s’impose alors. Je ne cesse, après tout, de les rencontrer au sein de la voûte céleste. Avec la Balance, je m’approche d’une histoire aux volutes intrigantes, croisement entre les univers mésopotamiens, arabes et romains. De Pinces à Balance, extension d’une constellation à tracé autonome. Je suis plongée dans un déchiffrage lent de termes n’appartenant pas à mes langues maitrisées, lorsque la voix perturbe ma tâche. L’étymologie m’échappe aussi, et un soupir naît sur mes lèvres. Les sons inattendus me parviennent malgré le casque, qui ne peut qu’étouffer mes alentours, et non les effacer comme je le souhaiterais. Je ne peux me soustraire aux assauts du monde.

D’un signe de tête, j’acquiesce. Comment répondre sinon par l’affirmative ? Les élèves souhaitant travailler ont droit à une place dans ce lieu, peu importe mon désir de solitude et de poursuite du cheminement astral. Une simple présence, bien que perturbante, ne peut pas m’empêcher d’emprunter prudemment les voies ouvertes par ces livres, traçant les pas d’Ourania au fil des temps. Sans un mot, je me penche pour rassembler mes affaires près de moi, et libérer de la place pour l’inconnue. Je ferme un ouvrage, le pose sur un autre, pour ne garder que le minimum d’étalé sur ma moitié de table. Un furtif coup d’œil est alors lancé à celle qui s’invite. Fait étrange ; seules les deux premières années n’ont pas cours à cette heure, et d’expérience, rares sont ceux qui se dirigent vers les étagères croulant sous le poids des livres. En fin de semaine, les rassemblements se trouvent dans les salles communes, le foyer ou le parc. Cela m’importe trop peu pour vérifier, mais d’autres places doivent être libres. Être approchée malgré cela est
*déplaisant*. Mais ici se concentrent tous les ouvrages de trois matières— chose inconcevable, une quantité si infime de savoirs pour de vastes domaines. Vu l’âge de la fille, elle doit également se pencher sur l’astronomie. Le choix de place n’est alors que peu étonnant, puisque le cours se déroule dans quelques heures à peine. Révisions, ou travail de dernière minute ? Ce dernier me paraitrait preuve d’une certaine négligence, ou d’un désintérêt associé à une mauvaise approche de notre cursus. Étonnant, également, son usage de mon prénom, chose qui me perturbera toujours. Qu’il soit retenu, puis utilisé, comme si les inconnus en saisissaient les nuances... Ce qui compte, cependant, est simplement le respect de mon espace. Qu’elle s’installe si elle le souhaite, je peux faire abstraction de son existence afin de poursuivre mon exploration. Pince du Nord, Pince du Sud, s’inscrivant dans le lien au Scorpion. Un tapotement des doigts contre le parchemin du livre s’instaure, et je pause dans ma prise de notes pour retrouver le fil de mes pensées, et renouer avec l’étymologie complexe que je tentais de décrypter avant l’interruption.

premier cycle
solit[air]e

02 mars 2024, 16:20
 Libre   Souffle d’Ourania
8 Janvier 2049
Bibliothèque, Poudlard

@Iphis Diotimē
La brune acquiesça, la rousse s'asseya. A nouveau, le doute. Commencer une conversation? Oui, mais comment? Parler de quoi, de qui? Anastasia ne voulait pas déranger. C'était son problème, hier, aujourd’hui et demain. Elle ne voulait pas se sentir de trop, etre de trop. Elle aimait le silence, elle aimait être seule. Mais discuter de passions communes, discuter de ses interrogations, de ses réflexions, c'était aussi quelque chose qu’elle aimait. Encore une fois, le doute. Un mot, deux? Une phrase ou une réflexion. Quelque chose. La jeune fille regarda la montre a son poignet, puis ferma les yeux. Il lui restait plus de cinq heures avant le cours d’Astronomie.
La jeune fille ouvrit calmement son sac et en sortit son devoir. Cela faisait quelques jours maintenant qu’elle l’avait terminé mais comme à son habitude, elle le relut en détail. Son manuel ouvert et ses notes devant elle, elle vérifiait pour une énième fois toutes ses réponses. Elle avait déjà refait ce devoir deux fois, changeant la formulation de ses phrases et le sens de ses mots. L’Astronomie était sa matière préférée et elle voulait être sûre et certaine de réussir. Elle relisait ses mots, les reliait aux questions, cherchait des failles ou des oublis dans ses réponses. Elle faisait toujours cette dernière lecture la veille, ou pour le cas de l’Astronomie, l'après-midi avant. Si elle le faisait aussi tard, c'était pour éviter de trop repenser à ses devoirs.
Le deuxième trimestre venait de commencer et ce devoir avait été donné quelques semaines auparavant. Anastasia l’avait commencé lorsqu’elle était en Pologne pour le nouvel an, car le manoir de ses grands-parents possédait un observatoire. C'était de son père qu’elle tenait sa passion pour l’Astronomie. Depuis qu’elle était toute petite, il l’emmenait voir le ciel nocturne. Les Perséides, l’évolution du ciel selon les saisons. Tout cela était magnifique. L’Univers était magnifique.
Elle se leva, et attrapa deux livres qui pourraient l’aider à vérifier une énième fois ses réponses. La rousse feuilleta les deux ouvrages, cherchant les chapitres et informations nécessaires à son devoir. Les notions s'enchaînent, et il était impossible de se douter de l’immensité de l’espace. En face d’elle, Iphis continuait à écrire dans son carnet.
Concentrée sur sa moitié de table, Anastasia oubliait toute idée de conversation avec la brune. Elle continuait à relier ses réponses aux questions et aux livres. Il y avait quelque chose de satisfaisant à voir ses réponses se confirmer, se justifier. Elle arrivait aux dernières questions, les plus complexes. Il lui fallait un autre ouvrage qui devait se trouver sur l’étagère juste derrière elle. La gryffone se leva à nouveau et regarda à l'endroit où elle savait que le livre se trouvait. Mais il n’y était pas. Avait-il été emprunté ? Déplacé ? Les sourcils froncés, la jeune fille chercha silencieusement sur les étagères alentour. Rien, le livre avait dû être emprunté. Elle se rassit, déçue et d’un coup d'œil distrait, aperçut le livre qu’elle cherchait. Il se trouvait à la base d’une petite pile de livres, sur la moitié de table d’Iphis. Anastasia hésita puis se racla la gorge.
Iphis? Désolé de te déranger à nouveau mais est ce que tu as encore besoin de ce livre? Je voudrai juste vérifier quelques petites choses.

Excuse-moi pour le léger retard :sweatingbullets:

Anastasia Wiśniewska
Gryffondor ⋇ Pas encore dans la chronologie
Couleur RP: #7d9a68

09 mars 2024, 00:07
 Libre   Souffle d’Ourania
À l’orée de ma vision, les mouvements me troublent. Impossible de me replonger dans les profondeurs stellaires lorsqu’une inconnue se tient si près, l’espace de la table partagé entre nous. La distance que j’impose entre mon être et la Foule est cruciale. Une présence bouleverse mes capacités, la proximité perturbant mon âme en y introduisant un inconfort grandissant. Si j’étais, quelques instants auparavant, obnubilée par ma recherche, je suis à présent incapable de passer outre l’existence de cette inconnue. Depuis l’enfance, tout s’effondre lorsque ma solitude est brisée. Avec ma famille, je peux partager des instants de plongées profondes vers des savoirs, lorsque s’installe la certitude que mes proches sont tout aussi détachés du monde que moi. Pour mes réflexions intenses, je privilégie toujours les espaces solitaires, mais des ponts de partage s’instaurent si je sais que leur regard ne pèse pas sur moi. Quand des inconnus s’imposent, plus rien ne fonctionne. Qu’ils m’observent ou non ne change rien à mon désarroi. À chaque fois, je l’oublie. Puis m’y heurte de nouveau. Leur existence même transforme les lois de l’espace. Une intrusion de l’extérieur au sein de mon Monde. Des coups d’œil brefs souhaitent naître, afin de surveiller les mouvements et expressions, et je les réprime péniblement. Hors de question d’observer une inconnue qui ne souhaite que travailler, hors de question de me laisser arracher ainsi à mon occupation si précieuse.

Délaissant la Balance, je griffonne au coin de mon carnet une note à ce propos et me laisse l’espace nécessaire pour continuer cette voie. Le chemin tracé pourra être emprunté jusqu’à son terme lors d’un temps futur, quand le poids du monde extérieur ne m’accablera plus. Déterminée à ne pas me laisser dévier de mes recherches pour autant, je tourne les pages du manuel jusqu’à atteindre une section m’étant davantage familière. Retrouver mes repères permettra de rétablir mon attention, tout en tissant des liens vers des points inconnus. Ma plume suit alors les contours des Dioskouroi, l’encre soigneusement maniée afin d’établir sur mon parchemin une esquisse fidèle de la constellation. L’intuition prend le dessus, guidant mes pensées tandis que mon poignet reproduit d’un côté les seules étoiles des Gémeaux, de l’autre un croquis des Dieux eux-mêmes. C’est avec un faible soulagement envahissant mes membres que je m’accorde le temps de dessiner leurs traits avec méticulosité, plaçant une importance nouvelle dans l’exactitude de leur accoutrement. Dans les courbes et les plis s’inscrivant dans le carnet, je rassemble mon souffle. L’esprit vogue vers les mers que les déités protègent, navigant vers les diverses sources quant à leur origine. Explorer les apparitions mythiques est une tâche qui m’intrigue, et une fois le dessin achevé je me penche sur le manuel. Si les ombres de ces divinités me sont aisément discernables dans le contexte hellénique, je ne sais que peu de choses sur l’empreinte de leur conversation dans d’autres civilisations. Ce terrain est suffisamment stable pour que j’ignore presque la présence de l’inconnue. Un certain malaise persiste, mais c’est le manuel qui m’alpague en premier lieu. Des divinités infernales sont mentionnées du côté mésopotamien, ce qui engendre suffisamment de curiosité pour que j’écrive quelques pensées interrogatrices à ce propos, demandant une recherche future. Un miroir enfers-cieux est toujours particulier à contempler, non pas surprenant tant ce motif est présent, mais suscitant sans cesse un intérêt renouvelé. Sans connaissance poussée de ce pan culturel, je remarque tout de même l’ambiguïté astrale quant à la mortalité. Nombreuses sont les constellations associées par les Hellènes à des figures imaginées comme mourantes, voire simultanément présentes dans le domaine d’Aidōneus. Mes recherches dévient donc vers les significations au travers des cultures, avant de se recentrer sur l’astronomie pure. Au sein du nouveau manuel que j’ouvre, Beta Geminorum est décrite en détails, et je prends quelques notes sur ses caractéristiques. Cet aspect de l’astronomie m’apparaît comme moins captivant que les recoupements avec les humanités, mais je me plais tout de même à mémoriser les secrets de la voûte céleste.

Lorsque la voix m’interrompt une nouvelle fois, il me faut quelques secondes pour assimiler les paroles. Etouffées par le casque que je porte, elles demeurent compréhensibles une fois les sons appréhendés. Un livre est désigné, mon nom est prononcé. Avec réticence, je glisse mon casque autour de mon cou, laissant les quelques bruits ambiants heurter mes tympans. Un
 « Bien sûr, » est poliment soufflé pendant l’attente imposée par le ré-arrangement de mes manuels. Une fois la pile désassemblée, je tends l’ouvrage demandé à l’inconnue. Mon regard est alors attiré par l’œuvre en question, ainsi que par le travail qui semble posé devant elle. Le devoir à réaliser pour ce soir, paraît-t-il. Si ce manuel est recherché, elle n’est au moins pas en train de débuter à peine le travail, chose qui serait incompréhensible. Mais qu’une élève se penche encore sur un devoir le jour même de son rendu me laisse perplexe, sans que je ne laisse l’émotion se graver sur mon visage. Pourtant, occupée à mémoriser les caractéristiques de Pollux — magnitude apparente d’un virgule quatorze, géante jaune-orange —, je ne m’attarde pas encore réellement sur les occupations de l’autre fille.

premier cycle
solit[air]e