En ce moment, Luisa n’avait pas un très bon moral. En fait, c’était même tout le contraire. Elle ne savait comment l’expliquer, mais elle se sentait mal, à tel point qu’elle avait de plus en plus de difficulté à faire des efforts pour conserver ses bonnes notes et avoir un comportement exemplaire en cours. Par exemple, elle avait déjà écopé d’une retenue la semaine précédente, à cause d’un enchaînement de devoirs non effectués. Pourtant, elle s’intéressait aux cours. Mais elle n’arrivait pas à se concentrer suffisamment pour être récompensée par son travail.

Sa famille n’arrangeait rien à sa santé actuelle. Au contraire, elle recevait régulièrement des lettres de la part de ses parents, ces derniers exprimant leur profonde colère envers leur fille. Alors, elle ignorait leurs reproches, et se contentait de faire croire à tout le monde qu’elle flottait sur un petit nuage, et que ce monde si imposant n’était pas en train de la consumer à petit feu.

Ce n’était pas son genre, de plonger dans un profond chagrin sans savoir pourquoi. Elle avait même honte de cela. Voyons, où était passée la jeune Luisa Andreev, celle qui prenait son courage à deux mains pour affronter la tempête ? Avait-elle…disparu ? Non, bien sûr que non. C’est juste un mal-être passager. Du moins elle l’espérait.

La gryffonne escalada les lourdes marches de la volière recouvertes de neige et sourit en apercevant les adorables hiboux voletant un peu partout autour d’elle. Quand elle aurait l’âge autorisé, elle s’en offrirait un, rien qu’à elle. Même si ces parents feront de leur mieux pour ne pas qu’elle arrive à retrouver le sourire, elle réussirait à s’en procurer un. Après tout, ça ne devait pas être bien compliqué.

Son sourire se décomposa lentement quand Luisa vit la chouette de sa famille face à elle, tenant une enveloppe dans son bec. Voilà la lettre que j’attendais. Qu’allaient-ils lui dire, cette fois, hein ? Que ses notes étaient en chute libre ? Je suis parfaitement au courant, merci. Alors, elle s’approcha de la chouette et lui arracha le parchemin du bec, tandis que l’animal se mit à battre violemment des ailes avant de disparaître de la volière.

Ses doigts tremblants déchirèrent l’enveloppe cachetée et déplièrent la lettre. Waouh, ça faisait beaucoup de mots regroupés sur un petit papier. Bon, le quart d’heure de lecture est arrivé. La brunette s’assit à côté d’un hibou au plumage aussi blanc que le paysage et déposa son regard émeraude sur le parchemin.

Luisa,

Qu’est-ce qu’il t’arrive donc, bon sang ?! Nous sommes furieux, extrêmement furieux, si tu savais à quel point !

Je ne souhaite pas inonder ce papier de points d’exclamation pour ne pas gâcher mon écriture, mais sache que si cela ne m’importait point, je n’aurais pas hésité.

Contrairement à toi, ta soeur, Veronica excelle dans toutes les matières avec perfection. Pourquoi ne prends-tu pas exemple sur elle ?! Tu préfères avoir des D, c’est ça ? Salir la réputation de notre famille ?

Oui, au final, c’est peut-être ce que tu veux, Luisa. Tu ne nous aime pas, tu nous déteste. Je parie que tu racontes régulièrement des âneries sur nous à tes amis, n’est-ce pas ? Tu leur dit quoi, hein ? Que nous sommes les pires parents du monde ?

Tu as deviné, je cherche à te faire culpabiliser. Parce que tu le mérites, Luisa. Tu mérites tout ce que nous te disons, moi et ton père. Nous avons bien compris que tu nous hais, mais sache que c’est réciproque. Du moins, pour l’instant. Si tu remontes tes notes et obtiens de fabuleux O, alors je pense que nous changerons peut-être d’avis. Mais pour l’instant, c’est loin d’être le cas.

Avec colère,
Ta mère.

Bon, il n’y avait pas d’insultes, c’était déjà ça. Malgré tout, la gryffonne sentit des larmes lui brûler les yeux, avant de s’écouler froidement sur ses joues pourprées de rose et de s’écraser contre le sol. Moi qui ne voulais pas pleurer, c’est mal barré. Elle détestait montrer sa faiblesse, c’était son pire cauchemar. Sauf qu’actuellement, elle n’avait pas trop le choix. Tous ces sanglots-là, elle les enfouissait dans le plus profond de son être depuis des mois, et à force, ce poids devenait trop lourd à supporter.

Alors, Luisa resta assise ici pendant de longues minutes, les mains pâles recouvrant son visage imbibé de larmes, tandis que les hiboux se regroupaient dans la volière, en poussant des petits hululements effrénés.

Ashley se dirigeait vers la volière, d'un pas joyeux. Et ben, vous devez sans doute vous demander pourquoi Ashley Wilson est autant joyeuse ? C'est pour la simple et bonne raison que sa vie au château se passait pour le mieux. Ses notes montaient en flèche, elle avait enfin réussi à se faire des amis, ce qui faisait la fierté de ses parents. Ils étaient tellement fière qu'elle ait enfin réussi à s'ouvrir aux gens, au monde. C'était sans doute un des plus beaux jours de sa vie et ça faisait longtemps qu'elle n'avait jamais été aussi heureuse. J'ai l'impression de rêver. Mais elle ne rêvait pas du tout, tout ça était bien réel! D'ailleurs son frère et sa soeur aussi étaient fières qu'elle ait réussi à se faire des amis, surtout son frère. Il était tellement heureux pour elle, car il savait à quel point ça comptait pour sa jumelle. En parlant de Jack, je me demande il fait quoi. Peut-être qu'il est entrain de travailler. Connaissant son jumeau comme personne, elle savait qu'il n'était pas entrain de bosser. Le jeune homme devait sans doute être entrain de jouer dehors avec ses potes qui sait. Mais bon, il fait ce qu'il veut.

Si Ashley comptait se rendre à la volière aujoud'hui c'était pour une seule et unique raison : voir si ses parents lui avaient envoyé une lettre depuis la dernière fois qu'elle a eut de leurs nouvelles, ce qui date depuis presque 2 semaines maintenant. La gryffonne savait que son jumeau leur avait envoyé une lettre car il lui avait dit. Elle savait qu'ils allaient bien mais elle voulait quand même savoir par elle-même.
La blonde gravit les marches de la volière. Quand elle arriva, elle aperçut pleins d'hiboux ou de chouettes qui étaient dans leurs cages ou sur leurs nichoirs. C'était super jolie à voir, surtout avec la neige. Le regard de la rouge et or fut soudain porté vers une fille aux cheveux ébènes qu'elle n'avait pas vu ; apparemment, elle était chez les Gryffondors. La première année l' a sans doute croisé une ou deux fois dans la sale commune, dans le dortoir ou en cours mais pas plus que ça. La fille semblait mal en point, elle...pleurait? Je me demande bien pourquoi.

- Désolée, je ne t'avais pas vu.

Elle se rapprocha de la fille, s'agenouilla et lui posa une main hésitante sur le bras.

- Euh ça va? Je peux faire quelque chose pour toi?

Voilà ma protégée

Le monde, cet espace si immense et intimidant, semblait s’effacer autour de Luisa, tandis que pour la première fois depuis une éternité, elle acceptait de libérer ses émotions pendant quelques minutes. Et, par Godric, que cela faisait du bien ! Les larmes qui s’écoulaient sur son visage n’étaient pas de simples sanglots. Elles étaient bien plus, largement plus. Elles représentaient sa vie actuelle qui n’avait aucun sens. Des parents toxiques, des notes catastrophiques, des pensées négatives inondant en permanence son esprit…voilà ce qu’elles représentaient.

Tout à coup, la brunette entendit une voix timide atteindre ses tympans, et sentit ses membres se pétrifier ; elle n’était pas seule ? Purée. J’ai honte. Et si l’élève qui l’avait surprise en train de pleurer allait parler de sa découverte dans tout Poudlard ? Arrête de te comporter comme une parano, Luisa. Ça ne te réussit pas. Bon, elle devait se calmer. Mais que faire pour apaiser cette situation terriblement gênante ? D’abord, tu devrais commencer par lever les yeux.

Sauf que la gryffonne n’eut pas le temps de faire quoi-que-ce-soit, puisqu’elle aperçut une petite main se poser sur son bras. Un frisson lui parcourut l’échine. Luisa détestait quand quelqu’un la touchait. Cela lui rappelait de mauvais souvenirs avec ses parents. Malgré tout, elle ne dit rien à cet élève inconnu pour ne pas faire la difficile.

- Oui oui, ça va, mentit-elle en hochant précipitamment la tête. Je suis juste…c’est les nerfs, tu vois. Rien de grave.

Si seulement ce qu’elle prétextait était la vérité…Luisa se décida enfin à observer sa camarade. Cette dernière arborait de longs cheveux blonds ainsi que de beaux yeux bleu-vert. Elle était très jolie, tellement que la brunette se surprit à ressentir un brin de jalousie. Et puis, au-delà du physique…elle avait l’air gentille et généreuse. L’adolescente se rappela qu’elle l’avait déjà croisée dans sa salle commune, mais ne lui avait jamais adressé la parole.

- C’est quoi, ton nom ? demanda-t-elle.

La jeune fille semblait ne pas apprécier le geste d’Ashley car elle ressentit un frisson parcourir la brune. La première année ne voulant pas la vexer, recula rapidement. J’espère qu’elle m’en veut pas trop.
Décidément, la jeune fille n’était vraiment pas bonne pour remonter le moral des gens ou de les réconforter. Ça se voit que ce n’est pas son truc, qu’elle n’a pas l’habitude de le faire. Aussi, elle ne l’a jamais fait donc…mais c’est normal, elle n’ai jamais eu d’amis auparavant, donc tout ça est assez nouveau pour elle, très nouveau. Et à certains moments, sa timidité prend le dessus et elle n’arrive plus du tout à parler, elle se renferme sur elle-même comme une coquille. Elle a un peu réussi à enlever cette carapace qui la protégeait des autres, la preuve ; elle s’est fait quelques amis – mais cela - n’enlève pas le fait qu’elle est renfermée sur elle-même. Et puis même si elle a des amis maintenant, elle préfère quand même être seule parfois, ça lui fait du bien. Aussi, elle a eu l’habitude d’être seule donc, un peu de solitude ne lui fait pas mal.
La fille dit à la première année qu’elle allait bien, qu’elle était juste sur les nerfs. La blonde ne la crut pas une seconde : si elle était sur les nerfs, pourquoi pleurait-elle ? Bon, des fois on peut pleurer quand on est sur les nerfs, mais pas tout le temps, enfin bref. Elle me prend vraiment pour une bébête ou quoi ? Ça se voit qu’elle ne va pas bien. La rouge et or fronça légèrement les sourcils, peu, enfin pas du tout convaincue par ce que venait de lui dire l’autre Gryffondor.

- Mais oui bien sûr, tu crois vraiment que je vais te croire ? répliqua-t-elle d’une voix assez…sèche pour le coup. Jamais au grand jamais elle ne s’est adressée à un élève de cette manière, c’était la première fois. Ça faisait…bizarre. Depuis petite, la jeune fille ne mettait qu’en avant sa timidité et tout ce qui s’ensuivait, mais jamais – le reste de sa personnalité.

- Ok c’est pas grave si tu ne veux rien me dire. Moi, je demandais juste comment tu te sentais mais bon…c’est ton choix, tu fais ce que tu veux. De toute façon, moi j’ai des choses à faire donc…
Sur ceux, elle fit demie-tour et alla vers les oiseaux qui étaient dans leurs nids ou posée sur leurs nichoirs. Elle balaya la foule des rapaces du regard et soudain, son attention fut porté sur un hibou au pelage beige et orangé. La jeune gryffonne le reconnut en quelques secondes : c’était le hibou des Wilson. La jeune blondinette s’approcha du rapace ; ce dernier tenait une lettre à la patte et Ashley la lui prit avec douceur. Elle déchira l’enveloppe et sortit la lettre qui était glissée à l’intérieure. Sur le dessus, c’était écrit d’une belle écriture Pour Ashley. Ben oui, parce que puisque ce hibou appartient aux Wilson, et qu’il y a trois enfants au château, la lettre peut être pour un des trois. La jeune anglaise déplia la lettre et commença à lire son contenu.

Ma chère fille,
J’espère que tu te portes bien et que ta vie au château va pour le mieux. J’espère que tu as bien repris les cours, et que tu n’es pas trop fatiguée. J’ai reçu une lettre de ton frère récemment, et lui aussi se porte bien.
Comme je te l’ai dit dans mon autre lettre, j’ai failli pleuré quand tu m’as dit que tu t’étais enfin fait des amis. Tu ne peux pas savoir comme je suis fière de toi, ton père l’est aussi bien sûr. Savoir que mes enfants grandissent et évoluent ne peut que me rendre heureuse.

À part ça, tout va bien, on vit au jour le jour. La directrice est très fière du travail que je fourni. D’ailleurs, je voulais te dire quelque chose : Tu vois, j’ai une collègue de travaille qui s’appelle Gwennaig Andreev , elle a une fille du nom de Luisa qui est à Gryffondor. Donc peut-être que tu la connais, non? Parce que elle a écrit un article dans le journal, sur sa fille qui est assez…déroutant. Je t’avoue que je ne l’aime pas vraiment. La seule chose que je sais sur elle c’est qu’elle a un mari qui est hyper riche et deux filles qui sont à Poudlard : une à Gryffondor en première année, et l’autre en troisième année je crois, à Serpentard.

Voilà, c’est tout pour moi!
Je te fais de gros bisous,
À bientot ma puce,
Ta maman qui t’aime

Un sourire s’était formé sur les lèvres de la jeune file quand elle a commencé à lire la lettre mais son sourire s’était effacé au fur et à mesure qu’elle lisait. La blonde tourna la tête afin de regarder la fille. Et si c’était elle, Luisa Andreev. Je ferais mieux d’aller lui demander.
Elle s’approcha de l’autre gryffonne et ignora sa question.

- J’ai une question: est-ce que c’est toi Luisa Andreev?

La gryffonne arqua un sourcil suite à la remarque dite d’une manière assez froide de sa camarade. Attends, elles se connaissaient depuis même pas deux secondes et la blonde voulait déjà tout savoir sur ses problèmes ? À sa place, je me contenterais de hocher la tête et de m’en aller, pensa Luisa en se retenant de lever les yeux au ciel. Puis elle se souvint qu’elle n’était pas douée du tout pour consoler les gens, et n’avait donc pas à critiquer ceux qui faisaient des efforts. Elle suivit du regard sa camarade qui se leva en lui annonçant que ce n’était pas grave si elle ne voulait rien lui dire. Luisa ne la contredit pas. Ce n’était pas le moment idéal pour faire ami-ami sous la neige, alors que ses pensées se concentraient sur toute autre chose. Quelque chose de bien plus douloureux.

La blondinette déplia une lettre dans un coin de la volière et, pendant sa lecture, son sourire s’effaça lentement. Elle aussi, elle a des parents difficiles ? se demanda la gryffonne, avant de se traiter mentalement d’idiote. Pff, stupide voix dans sa tête qui lui soufflait des débilités. Si seulement elle pouvait la réduire au silence…Mais bon, ce souhait était sans aucun doute irréalisable, puisqu’actuellement, la négativité et le pessimisme prenaient un malin plaisir à la noyer sous cette souffrance. Tout cet enfer, c’est à cause de ma famille pourrie, pensa-t-elle en clignant rapidement des paupières pour lutter contre ses nouvelles larmes. Ah non, elle n’allait pas pleurer, pas encore ! Elle n’était pas faible, bon sang !

Alors que la brunette s’apprêtait à rebrousser chemin, la blondinette vint la voir et lui demanda si c’était bien elle, Luisa Andreev. Tu veux que je sois qui d’autre ? voulut-elle lui demander sèchement, avant de s’en abstenir. Un peu de politesse, voyons ! Mais…comment cette élève inconnue connaissait son identité ? J’en était sûre. Un p’tit malin m’a surprise en train de chialer et en a parlé à tout le monde. Si c’était vraiment le cas, alors elle était officiellement la plus sensible de tout Poudlard. Madame Paranoïa, bonjour !

- Euh, oui, j’suis bien Luisa, répondit-elle en croisant les bras, en pleine incompréhension. Pourquoi ? Y’a une rumeur sur moi, c’est ça ? Parce que j’ai pleuré ?

La fille fronça les sourcils quand Ashley lui parla d’une voix froide. Oh, oh, j’espère que j’ai pas fait une bêtise!
La jeune fille avait sans doute été un peu fort. Elles se connaissaient que depuis quelques minutes et déjà ça partait en dispute. Super. La blonde savait déjà d’avance que la fille ne voudrait pas être amie avec elle, après ce début assez…froid, et elle aussi n’avait pas vraiment envie, enfin, elle ne savait pas. Elle avait envie, mais en même temps car elle savait déjà que cette fille et elle étaient complètement différentes, que ça soit physiquement ( bon ça c’est pas important ), ou caractéristiquement. Mais bon…c’est comme ça hein, se faire des amies c’est vraiment pas facile. On ne peut pas plaire à tout le monde, loin de là. C’est impossible que tout le monde vous aime, et là, ça se voyait comme le lait sur le feu que la brune n’appréciait pas du tout la première année.

Après que la rouge et or ait lu la lettre, elle demanda à la fille qui s’apprêtait à partir, si elle s’appelait bien Luisa Andreev. La concernée croisa les bras sur sa poitrine et regarda la blonde, d’un air d’incompréhension. Elle lui dit que oui, c’était bien elle. Quand la jeune gryffonne entendit ces mots, son sang se glaça. Apparement, elle n’était pas au courant que sa mère avait écrit un article sur elle. Je crois que je devrais lui dire, c’est mieux qu’elle le sache au lieu de le découvrir elle même.

- Ah. Non, c’est parce que ma mère, travaille avec ta mère. C’est bien Gwennaig. Elle est bien journaliste non? Ta mère? Parce que ma mère l’est et connaît ta mère bref, et elle m’a dit quelque chose sur ce que ta mère a fait. Tiens, lis, dit-elle en lui tendant la lettre.

Espérons qu’elle la prenne. L’anglaise de demandait comment allait réagir la fameuse Luisa.

- Enfaite, moi je m’appelle Ashley Wilson.

Ok, je crois que je ne comprends plus rien, se dit Luisa en sentant son cœur faire un saut vertigineux dans sa poitrine, suite à la mention de sa mère dans l’explication de la blondinette. Elle détestait entendre son prénom. Il lui rappelait sans cesse des mauvais souvenirs, qu’elle aimerait bien chasser de ses pensées. Et puis, ça la ramenait davantage à la réalité ; de toutes les mamans qui vivaient sur cette planète, elle était tombée sur Gwennaig. Au fond d’elle, une petite voix cherchait à la faire culpabiliser, en lui soufflant qu’elle était chanceuse parce que, dans le monde, des centaines de milliers d’enfants vivaient sans leurs parents. Je préférerais être seule plutôt que de devoir supporter des gens malsains et violents.

- Oui…oui, ma mère est journaliste, soupira la gryffonne en sentant ses doigts trembloter.

Purée, où était passé ce courage tellement imposant qui l’habitait si régulièrement ? Et pourquoi sa mère l’effrayait-elle à ce point ? Que des questions sans réponses. Alors, elle essaya de récupérer son assurance et saisit la lettre que sa camarade lui tendait. Puis, tout à coup, tout ce qui l'entourait sembla s’effondrer brusquement. Non. C’était impossible. C’était une mauvaise blague…Maman a écrit un article sur…moi ? Comment avait-elle osé ? Et puis, qui lisait les débilités qui sortaient de sa plume ? Des gens aussi tarés qu’elle, je parie.

Luisa redonna la lettre à la blondinette, quand celle-ci se présenta sous le nom d’Ashley Wilson. Wilson…attends, ça me dit quelque chose. Oui, la mère de sa camarade était la fameuse Audrey ! La gryffonne se souvint des mésaventures que sa mère racontait à son père à table, en parlant souvent d’Audrey avec des termes péjoratifs. Elles avaient pas l’air de bien s’apprécier, la lettre d’Ashley le confirmait.

La brunette se laissa tomber contre le sol enneigé de la volière, la mine fatiguée. Toutes ces informations qui s’étaient déchaînées à une vitesse impressionnante sur sa pauvre figure, c’était trop. Elle avait besoin de respirer. En fait, elle voulait être seule, pour faire le tri dans ses émotions. Luisa attendit quelques minutes avant de lever la tête vers Ashley, et de lui demander :

- Tu…tu peux t’en aller, s’il te plaît ? Le prends pas mal, hein, mais faut que je sois seule.

Puis elle enfouit à nouveau son visage dans ses mains, pour presser ses doigts contre ses paupières et empêcher les nouvelles larmes de s’écouler à nouveau. Parfois, elle se remettait en question sur son comportement. S’il lui arrivait toutes ces galères, c’était bien pour une raison, non ? Peut-être qu’elle avait fait quelque chose de mal dans son passé, et qu’elle devait en payer le prix. Mais quoi donc ? Tu as laissé partir Jake. Ah, oui. Son meilleur ami, qui l’avait tant soutenue…il avait déménagé aux États-Unis et elle n’avait rien fait pour l’en empêcher. À présent, ils échangeaient rarement par hibou, parce qu’elle n’arrivait pas à écrire une seule phrase sans pleurer de son absence.

Les vrais amis étaient rares. Et quand on finissait par en trouver, notre maladresse pouvait nuire à notre relation naissante. Alors, un éclair imaginaire zébra l’esprit de Luisa, et elle écarquilla les yeux. Ashley. Sa camarade avait essayé d’en savoir plus sur ses problèmes pour la consoler et trouver des solutions. Comment la gryffonne l’avait-elle remerciée ? En lui intimant de s’en aller. Quelle idiote, s’insulta-t-elle en se tapant le front. Elle se releva rapidement et rattrapa Ashley.

- Attends, je…t’en vas pas, je…je crois que j’ai besoin de compagnie, et…reste. S’il te plaît.

La fille dit à Ashley que c’était bien elle Luisa. Alors, ça veut dire que sa mère travaillait avec Audrey, la mère de la jeune fille. Cette dernière a déjà entendu parler de la mère de Luisa car sa mère, lors des repas, parlait d’elle et des articles qu’elle faisait et qui était assez….bizarre. Enfin, bizarre était un peu fort mais elle parlait de sa vie, de sa famille et de ses enfants bref, des choses assez banales mais qu’on ne s’attend pas à voir dans un journal. La jeune blonde tout comme sa mère, n’aime pas vraiment Gwennaig. Ce qui lui faisait également un point commun avec Luisa, les deux n’aimaient pas Gwennaig enfin Luisa la détestait.
La brune rendit la lettre à la Gryffonnne après que cette dernière le lui ait passé pour qu’elle la lise. Elle baissa la tête, une mine triste sur le visage. La première année sentit la culpabilité l’envahir. Pourquoi, pourquoi a-t-elle fait ça? Pourquoi a-t-elle donné cette fichue lettre à sa camarade pour qu’elle la lise, maintenant c’est sûr, elle allait lui en vouloir à mort. Pourquoi j’ai fait ça?! Je suis trop bête moi c’est pas vrai! Cela se voyait-il qu’Ashley n’était pas du tout bonne, en matière d’amitié? À mon avis, ça se voit comme le lait sur le feu. Décidément, elle n’est vraiment pas la meilleure dans ce domaine oh non, loin de là. Peut être que je devrais rester seule toute ma vie, comme ça je laisserais les autres en paix. C’est sans doute mieux ainsi. La tristesse gagnait de plus en plus la blonde. Elle se souvient encore des paroles que sa mère lui a dit quand elle eut ses premiers signes de magie : aies confiance,ne laisse pas les émotions négatives prendre le dessus sur tes autres émotions. Sois forte quoi qu’il en soit. Et comment dire….ce n’est pas du tout ce que faisait la première année. Elle laissait toujours ses émotions négatives prendre le contrôle d’elle même. Mais bon….elle savait qu’elle de pouvait pas continuer sur cette lancée.
La brune dit à Ashley qu’elle avait besoin d’être seule maintenant, que ce n’était pas contre elle. La jeune adolescente hocha la tête et fit demi-tour. Elle comprenait ce que ressentait Luisa ; ça ne devait pas être facile d’assimiler plusieurs infos en même temps. Mais au fond, elle ne voulait pas partir, elle voulait rester avec Luisa car elle savait qu’elle n’allait pas bien. Mais bon, elle devait respecter sa volonté. La blonde s’apprêtait à franchir la sortie de la volière quand soudain, Luisa l’appella, lui demandant de rester avec elle car elle avait besoin de sa compagnie. Ashley se tourna et s’approcha de la jeune fille. Elle la regarda dans les yeux avant de lui faire un gros câlin.

-Pleures si ça te fais du bien. Vas-y, lâches tout, tu peux y aller. Je suis là maintenant, tu n’es plus toute seule maintenant. Je te promets que je ne te laisserais jamais tomber.

La première savait qu’elle venait de trouver une amie, une véritable amie.

@Luisa Andreev

La brunette ne put retenir une petite exclamation de surprise quand Ashley la serra fortement dans ses bras. Sur le coup, elle eut envie de lui demander de se pousser car elle n’aimait pas le contact des autres, mais elle s’en abstint. Parce que rapidement, elle se surprit à y trouver du réconfort. Elle se sentait…respectée. Protégée, même. Et ces deux sentiments-là lui étaient totalement inconnus avant ce jour. Alors, Luisa répondit à l’étreinte de sa camarade en l’enlaçant à son tour. Rapidement, des larmes lui montèrent, mais elle fit de son mieux pour ne pas les laisser prendre le dessus. Sauf qu’au moment où Ashley lui souffla qu’elle pouvait pleurer et tout lâcher, ses émotions vinrent soudainement étouffer sa conscience, et elle éclata en sanglots.

- Je…j’en peux plus, Ashley, bafouilla-t-elle en se sentant trembler. Ça fait des mois que je fais genre que tout va bien, mais…au bout d’un moment…c’est plus possible de se retenir.

Certes, ce n’étaient que des maigres mots face à ce qu’elle ressentait réellement. Mais parmi cela, elle s’exprimait, et ça lui faisait du bien. Jamais elle ne s’était confiée autrefois, à part à Jake, son meilleur ami disparu. Elle lui parlait souvent de ses disputes avec ses parents et de ses envies de tout abandonner. Jake savait parfaitement comment lui remonter le moral. Mais aujourd’hui, il n’était plus à ses côtés. Il était à des centaines et des centaines de kilomètres, impuissant. Et il me manque.

Au fond, Ashley lui rappelait un peu Jake. Un peu beaucoup, même. Comme si c’était son double, mais en fille. En pensant cela, la gryffonne esquissa un infime sourire. En fait, il y avait tellement de similitudes entre les deux ! Ça en devenait impressionnant. Heureusement qu’Ashley est là pour m’aider, sinon j’crois que j’aurais pas su quoi faire. À part se renfermer sur elle même et chuter encore plus. En y réfléchissant, n’avait-elle pas déjà touché le fond ? Je crois même que je suis en train de creuser.

Mais il n’est jamais trop tard pour remonter à la surface.

Luisa lança un petit cri quand Ashley lui fit un gros câlin mais, elle semblait se détendre un peu. Cela faisait plaisir à la jeune blonde de serrer son amie dans les bras, qui la serra en retour. Car oui, à présent, la rouge et or considérait Luisa comme une amie, une véritable amie. Une amie qui avait besoin d’aide, qui avait besoin d’être soutenue, respectée, et la jeune blonde se sentait capable d’accomplir ce rôle. Elle voulait que son amie soit heureuse, qu’elle arrête de souffrir à cause de ses parents.

Quand la première année dit à son amie qu’elle pouvait pleurer, la concernée éclata en sanglots. Elle avoua à la jeune fille qu’elle n’en pouvait plus, qu’elle se retient depuis des mois, qu’elle fait genre que tout va bien alors qu’enfaite, c’est tout le contraire. La blonde se sentait mal, vraiment mal pour Luisa. Elle comprenait vraiment ce qu’elle ressentait. Elle pouvait ressentir ce qu’elle ressentait mais mille fois plus fort à cause de son hypersensibilité - qui peut être désavantageux à certains moments.

- Je comprends ce que tu ressens. Je le ressens même deux fois plus que toi, à cause de mon hypersensibilité, je ressens les émotions des gens, mais en plus fort. Et je t’avoue que des fois ça peut être violent.

La blonde aperçut son amie sourire et elle souria en retour. Elle se détacha de l’étreinte de son amie, lui prit les mains et les serra fort.

- Écoutes bien ce que je vais te dire, ok? Maintenant, tu n’es plus seule, d’accord? Je suis là moi, et je serai toujours là pour t’aider quoi qu’il arrive. On est amies maintenant et si tu as quelque chose sur le cœur, dis-le moi, je pourrai t’aider.
Je sais que ce n’est pas facile, mais laisse de côté tes parents, ils ne te méritent pas. Ils ne te voient pas comme tu es vraiment, ils pensent que tu es une déception totale alors que pas du tout. Arrêtes de te faire du souci à leurs sujets. Si tu reçois des lettres de leurs parts, ne réponds même pas et ne la lis même pas, car tu sais ce qu’elles contiennent : que des choses horribles, donc à quoi est-ce que ça sert que y fasses attention. Ça te feras souffrir encore plus que tu souffres maintenant. Ne laisses pas leurs insultes ou leurs mots t’atteindre, tu dois être forte! Oublies les, fais ta vie, qu’ils soient contents ou pas, tu t’en fiche. S’ils ne peuvent pas te voir tel que tu es, ça ne sert à rien que tu leur prête attention, tu comprends?

Jamais de sa vie Ashley n’avait fait un aussi long discours, c’était une première . Aussi, il y a une première fois à tout non?