Les vacances approchaient pas à pas et l’état de la scolarité d’Augustin n’était pas à déplorer : il avait en effet jusque là eu des notes à la limite de l’excellence, et s’ennuyait mortellement durant les cours. Tous les sorts qu’il avait appris, il les connaissait déjà et les avait déjà essayé avant d’arriver à Poudlard. Il avait donc le sentiment de ne rien apprendre durant les cours, et passait le plus clair de son temps à déambuler dans l’aile du château orientée côté cachots.
Cette partie, il la connaissait désormais comme sa poche ; tous ses passages secrets pour les ballades nocturnes, et ses lieux où il pouvait éviter le trop plein d’étudiants se moquant de sa chevelure.

Ce jour-là, de bonne heure, il s’en alla au lac pour vadrouiller au bord d’une eau calme et paisible, à l’antithèse parfaite de ses pensées.
Le Kraken ne se montra pas ce matin-là.

À dire vrai, il avait le cœur lourd, et c’est un sentiment qu’il ne pensait pas devoir décrier un jour ; il espérait que la vie scolaire prenne rapidement un tournant plus instructif ou plus intéressant, sa vie au château ressemblant de plus en plus à sa vie dans sa petite chambre d’Aberdeen.

Il prit quelques galets, puis entama une petite série de ricochets sur l’eau, pratique typiquement Moldue, pour faire passer le temps. Peut-être pourrait-il, à l’heure du dîner, discuter avec les quelques amis qu’il s’était fait jusque là.

@Acuti Caligo, ça te va? Quelque chose à modifier?

Le dos mis au supplice par une position quasiment identique depuis le début de sa lecture, Acuti s'étira un peu, jugeant ce qu'il lui restait à lire. Le long de sa colonne se detendit, elle reposa son dos contre l'écorce, replaçant ses jambes et levant le nez de son ouvrage. La brusque démotivation qui manqua de s'écraser sur elle lui signala qu'il était l'heure de bouger.

La jeune sorcière se leva souplement, époussetant ses habits d'une tape rapide. Glissant son livre dans son sac, elle foula l'herbe, sortant du sentier tracé, marchant vers le lac. La brise fraîche qui s'enroula dans son cou joua avec sa mèche rebelle, l'obligeant à la chasser derrière son oreille pour éviter qu'elle ne retombe devant ses yeux.

Sa tresse fouettant son dos dans un mouvement de balancier dû à son pas vif, elle se força à ralentir, profitant de la vue. Peu de monde trainait aux bords de l'étendue paisible, et ce n'était pas plus mal. La bleue et bronze pouvait admirer l'eau calme, le parc assombri par les nuages gris qui masquaient le soleil depuis le matin, balayant distraitement les alentours des yeux.

Une silhouette solitaire s'exerçait aux ricochets, ses cheveux de neige ne laissant pas lieu au mystère sur son identité.
De son pas doux, frôlant l'herbe humide sans bruits, l'aiglionne détailla les épaules voûtées du serpent en s'approchant. Il semblait pensif, et les rebonds des cailloux avaient quelque chose de répétitif, comme s'il cherchait à se changer les idées.

- Salut Augustin... marmonna t'elle une fois à hauteur.

Croisant les bras, elle laissa un filet d'air s'échapper de ses lèvres dans le froid, son regard suivant les ondes des ricochets à travers son souffle embué.

@Augustin Sponsz

La brise légère de la fin de matinée faisait onduler l'eau quasi-transparente du lac, et les galets des ricochets complétaient le paysage de tranquillité posé par le soleil se levant gentiment dans le ciel.
Le corps raide malgré les mouvements de bras, le petit serpent blanc se remémorait le cours de sa dernière semaine de cours avant les vacances : il n'avait rien appris de particulier, et n'avait rencontré aucune difficulté spécifique. L'air frais du matin était l'une des seules choses qui le confortait dans sa vie ; la tranquillité et l'épanouissement dans un environnement dépourvu de gamins chahutant ou de filles Serpentard colportant divers ragots.
Il était seul, et c'était très bien comme ça.

Cependant, son instinct naturel lui fit une fois de plus comprendre qu'une présence amicale s'approchait de lui. Sans même se retourner, il estima qu'il devait s'agir de son amie Serdaigle : aucun autre élève de ce château ne se levait de si bonne heure pour vagabonder à travers le parc, encore moins en cette saison où le froid glaçait les routes et les mains.
La voix de son amie corrobora sa théorie.

- 'Alut Acu', lâcha-t-il en envoyant le dos son dernier galet frotter contre l'eau légèrement troublée par ses jets. Laisse-moi deviner, nouveau livre. Tu étais encore sur ta souche?

L'écossais avait proféré ses paroles sans jeter de regard à son amie : à l'évidence, il n'était pas dans sa meilleure forme. La nuit ne l'avait, une fois de plus, pas trouvé, et il était sorti de son dortoir en veillant bien à ne réveiller personne. Une figure amicale lui faisait du bien en ce début de journée.

@Acuti Caligo

Sans un regard vers elle, peu surpris de l'entendre, il se contenta de lui retourner un salut hachuré en envoyant d'un bon coup de poignet un nouveau projectile frôler la surface. Le bras souple, mais le corps raidit, il répétait le mouvement encore et encore.
D'un ton monocorde, il posa une question sans doute destinée à tromper son ennui et dont il connaissait certainement déjà la réponse.

- Mh mh. lâcha t'elle pour lui donner raison. T'as pas dormi on dirait, c'est quoi cet air déprimant ?

Elle donna un petit coup dans un caillou, qui roula sur quelques centimètres avant de s'immobiliser. Relevant la tête, elle sentit le vent léger en cette fin d'après midi lui chatouiller le coup.
L'esprit ailleurs, elle fredonnait un air de Noël dans sa tête, le regard plongé dans les vagues qui dérivaient sur le lac. Le calme de l'eau, à peine troublé par les vaguelettes qui rejoignaient le rivage, offrait une sensation d'apaisement à ses pensées entremêlées.

Croisant les bras, la fillette posa ses yeux sur les mains de son ami, suivant les rebonds des cailloux qui formaient des ondes sur l'eau avant de disparaitre sous la surface. Il semblait las, et comme bien souvent, elle n'avait pas beaucoup d'idées sur l'origine de son silence pensif. Cela faisait quelques temps qu'ils ne s'étaient pas vus seuls, trop souvent à régler leurs affaires dans leurs coins ou à traîner avec tout le groupe... Même si dernièrement, leur acolyte Fraise n'était pas au rendez-vous.

@Augustin Sponsz

Sa théorie fut confirmée par un léger bruit d’approbation venant d’Acuti, il ne passait pas un jour sans que la jeune fille ne passe un moment de la journée à bouquiner.
L’anglaise fit remarquer la fatigue d’Augustin, ce qui eut pour effet de le stopper dans son activité à base de galets.

Il se tourna vers elle, des cernes long comme des hamacs aux bords des yeux, et lui répondit :

- Ah ça se voit tant que ça? J’ai pas dormi en effet, comme bien souvent, mais là c’était différent.

Pour dire qu’il faisait des insomnies régulièrement, celle-ci n’aurait pas dû faire de grand changement à d’habitude. Il serait retourné dans les dortoirs vides après sa balade, à l’heure du dîner afin de se reposer. Il était en parfait décalage horaire avec toute l’école, et sortait souvent malgré le couvre-feu. Jusqu’ici il ne serait pas fait prendre, se montrant très prudent, et connaissant les recoins de l’aile des Serpentard comme sa poche. Mais cette fois, ce n’était pas une insomnie : il ne trouvait simplement pas le soleil car une pensée le tourmentait.

Il marqua une courte pause avant de se retourner vers le lac. Le soleil avait légèrement grimpé dans le ciel et illuminait à présent l’eau. Il ébouriffa ses cheveux blanc en ajoutant :

- C’est, Miss Fraise…

@Acuti Caligo

Le dernier galet coula sous la surface tandis qu'il se tournait vers elle, le dessous de ses yeux gris étirés en des poches violettes. Esquissant une grimace, la jeune sorcière se demanda ce qu'il pouvait bien faire pour se retrouver avec de telles marques.

- Différent ? s'interrogea t'elle, observant le visage cerné du garçon.

Dans son regard, un air tourmenter semblait assombrir son iris de brume, comme si des pensées tournaient sous son crane sans répit. Face à son silence, elle croisa les bras, protégeant ses mains du froid qui piquait le bout de ses doigts à cause de l'inactivité. Le soleil se reflétait dans l'oeil en éclat de lumière, et le mouvement de son ami frottant ses cheveux de neige l'en détourna.
Semblant las, il lacha un nom, ou plutôt un surnom, faisant écho à ses propres pensées.

Silencieuse, baissant les yeux sur le sol de galets, elle sentit une bris souffler sur son visage. Miss Fraise... Strawberry était de moins en moins avec eux, et si la bleue et bronze trouvait que l'absence de son amie faisait un vide, elle se doutait que le serpent blancs ne le digérait pas vraiment.
Elle releva la tête, lui adressant un semi sourire, le regard posé quelque par sur le lac, vide.

- Ca ne va pas... entre vous ?

@Augustin Sponsz

L'écossais laissa ses cheveux partir au vent puis se retourna vers son amie. Si cela n'allait pas avec Miss Fraise? C'était presque pire que ça, mais elles étaient meilleures amies, n'était-elle pas déjà au courant?
Le vent s'était levé et faisait bouger un peu plus les feuilles dans les arbres derrière la fine silhouette de la jeune blonde. La brise légère faisait faire de petits bonds à sa tresse à l'arrière de sa nuque.

Les pensées étaient déjà sombres mais semblaient s'assombrir plus encore à mesure que la conversation avançait.
Il prit un instant de réflexion avant de répondre, en se laissant progressivement tomber en arrière sur l'herbe encore humide du matin.

Allongé sur le gazon, les yeux fixant le ciel qui se dégageait lentement de ses nuages, il avait l'impression de se retrouver dans sa chambre, à regarder le plafond. Une situation qu'il n'avait que trop connue durant toute son enfance.

- Eh bah, je pense qu'elle ne veut plus de moi, commença-t-il, je sais pas ce que je lui ai fait mais elle me parle plus vraiment en salle commune, plus un regard, quelques phrases par-ci, par-là. Et tout ça du jour au lendemain, c'est comme si on ne s'était rien passé entre nous.

Puis après un léger coup d'œil vers son amie Serdaigle, il ajouta :

- Tu crois qu'elle... m'aimait vraiment? À vrai dire, j'ai du mal à savoir ce qu'il y avait entre nous...

@Acuti Caligo

Les mèches agités par la brise fraiche, elle tourna la tête vers le serpent, qui semblait surpris. Dans son regard de brume, le doute pointait. Il s'allongea dans l'herbe parsemée de rosée, ses cheveux de neiges ébouriffés. Son humeur ne semblait pas s’égayer, mais le sujet risquait de s'enfouir à jamais si l'on passait à autre chose.

Acuti se laissa tomber à coté, en tailleurs et les mains posées sur sa sacoche. Peu désireuse de se tordre la nuque, elle resta à observer son ami, pensive. L'écoutant, elle se fit une idée plus précise de la situation. Il semblait que Straw' délaisse son petit flocon, tout comme elle délaissait le groupe. Elle ne communiquait plus vraiment, de jour au lendemain, sans explications... Comme si rien ne s’était passer. Silencieuse, la bleu et bronze se remémora mentalement ses derniers mots avec son amie.

Augustin lui jeta un regard, posant la question qui le taraudait. Résignée, elle lâcha un soupir à peine audible, penchant la tête de côté, le regard absent.

- Dernièrement je la vois moins, elle traine avec son amie d'enfance, Cherry et d'autres... Sauf aux cours et sur un coup de vent dans les couloirs, je n'ai le droit qu'à un sourire et elle disparait.

La sorcière était triste que Strawberry l'ai regelée au second plan, mais après tout elle avait le droit de se faire d'autres amis... Peut être que le comportement suspicieux envers les camarades du serpent blanc l'avaient lassée ? Non, elle n'était pas aussi simple d'esprit.
Posant ses mains derrière elle, elle renversa sa tête, observant le ciel.

- Peut être qu'elle a cru à plus qu'une amitié... Mais on est jeune, elle s'est peut être trompée ? Je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas. marmonna t'elle, la frustration perçant dans ses derniers mots.

Assis côte à côte, les deux amis regardaient à présent, mélancoliques, dans la même direction, la rive de l'autre côté du lac. La situation était claire, visiblement la blondinette ne semblait pas insensible à ce qu'il se passait avec Straw' elle non plus.
Elle corrobora les dires du serpent en affirmant que la Fraise-Sur-Pattes était beaucoup moins présente avec le groupe depuis quelques temps. Il était vrai qu'il ne se croisaient désormais que dans les couloirs, même pour Augustin.

Durant les deux dernières semaines, il n'avait eu que des "coucous" expéditif en salle commune avant que la rousse rejoigne son groupe d'ami. La frustration se faisait ressentir dans la fin de la phrase de son amie, et il put le percevoir avant de répondre :

- Juste une amitié? Mais on discutait de trucs de... 'fin tu sais là...

Le mot lui tordait les boyaux rien qu'à y penser, il se retenait de pleurer à présent. Puis finalement :

- De couple, voilà. On parlait de ça il y a à peine deux semaines, pourquoi tout a changé brusquement, qu'est-ce que je lui ai fait ?! Hurla-t-il aussitôt dans une colère instantanée qui sortait de nulle part. Il se tourna vers Acuti, la fixa droit dans les yeux pendant de longues secondes avant de plonger sa tête dans ses bras et de fondre en larmes : il avait craqué.

@Acuti Caligo

Le garçon répéta sa phrase, la faisant sonner comme une accusation mêlée d'impuissance... Etait ce vraiment possible que la rouquine se soit simplement leurrée sur ses sentiments ? Plus elle écoutait son ami, plus la Caligo entrevoyait ceux d'Augustin. Plus sombres et ancrés que ceux qu'elle masquait.

Il argumenta, disant qu'ils discutaient d'eux, de leur amour sans doute, tout cela il y a moins d'une semaine... Le ton montait crescendo, à mesure que ce qui le tourmentait remontait. N'y tenant plus, ses mots éclatèrent en même temps que ses larmes. Qu'est ce qu'il lui avait fait ?
Le regard gris d'Augustin s'accrocha au sien, assez longtemps pour qu'elle se plonge dans l'abysse qui formait un gouffre dans son cœur. Le voir rompre sa garde narquoise qu'elle avait l'habitude de voir lui fit mal, comme si son chagrin s'écrasait sur elle.

Elle le vit plonger la tête dans ses bras, secoué de sanglot. Était ce cela qu'il taisait ? Un manque d'amour semblable à une brèche ? La brèche de son assurance sans doute, une brèche ancienne.
Tant de question, si peu de réponse, si peu de raisons. Serrant ses bras autour d'elle, Acuti ne savait si elle devait parler ou se taire, agir ou ne rien faire... Les secondes défilèrent, sans qu'une parole ne soit échangée. Seul les pleurs du serpent résonnaient dans le silence du matin.

- Tu n'as rien fait. A onze ans, on survole parfois nos vrais sentiments... murmura t'elle d'un ton doux.

@Augustin Sponsz