Ne réponds pas, c'est mieux ainsi.

J'avance vers elle et finit par m'allonger devant elle, pas hyper loin c'est vrai. Allongé, les vagues tapant mes pieds, mes cuisses, mes bras, je me mit en position étoile et je regardait le ciel. Ca ferait un merveilleux tableau, c'est pas moi qui en ferait la peinture je suis lamentable en peinture mais peu importe, du moment que c'est fait, je donnerais l'idée à un artiste si j'en rencontre un jour et surtout... Si je m'en souviens bien sûr.
J'ai le ciel dans les yeux, c'est beau, il est gris, et bleu, et blanc, et jaune par endroits, un endroit à vrai dire, là où y'a le soleil.

J'me demande ce que ça fait de voir par les yeux d'un oiseau, ça doit être agréable du point de vue d'un humain ou d'un animal terrestre comme les chiens ou que sais-je, d'un point de vue d'un oiseau j'en doute, c'est leur quotidien après tout. Mais quoiqu'il en soit, ce serait magnifique si y'avait un sort ou un artefact ou que sais-je d'autre que la capacité d'animagus que je n'aime pas c'est vrai et à raison.
Quoiqu'il en soit, dans un des tours il me faut un oiseau et le mieux serait que je puisse lancer un immobulus sur les corbeaux près de la cabane du garde chasse.

Ah mince, je m'égare, j'avais presque oublié y'a Elisabeth.

- Pour les baisers c'est toi t'as commencé, la Triade c'est pour traîner avec toi sans t'attaquer, les entraînements tu les voulais je te les ai offerts.

Sortant un peu de l'eau, Redose dégoulina avant de s'allonger sur la rive, laissant encore son corps se faire recouvrir presque entièrement par le lac. Ses habits si collés à sa peau ne laissaient que peu de doute sur la morphologie dessous. Elle n'avait toujours pas dit un mot depuis sa réponse, et aucune de ses questions n'avaient franchis la barrière de ses lèvres.

La vision qui s'offrait à elle était déroutante, elle n'avait pas envie de regarder, mais à la fois elle ne pouvait absolument pas s'en empêcher. Le garçon, lui, observait le ciel comme un enfant semblant chercher des formes dans les nuages, et cette idée fit sourire Éli. La nostalgie de cette époque lui manquait, là ou rien n'avait d'importance, ou personne ne pouvait gâcher ces petits moments de naïveté, ces années ou son propre corps ne tenter pas de la trahir à chaque instant par des bouffées de chaleur pour un simple regard. Aujourd'hui, c'est lui qu'elle regardait, mal, trop, et sa vision assombrie par la masse de nuages gravitant autour de leur relation, lui signalait un orage approchant.

Elle n'avait posé aucune question, pourtant, elle fut obligé d'entendre ses réponses. Pourquoi se sentait-il obligé de préciser tout ça ? Pour une fois, qu'elle ne lui demandait rien, pourquoi fallait il qu'il gâche la forme de ses nuages ?

C'était clair, carré et sans aucune petite miette d'humanité. Oui, elle avait commencé pour les baiser, oui elle était insupportable, et oui elle était faible. C'est tout ce qu'Éli entendit dans les remarques du griffon. Visiblement, sans lui donner une réponse claire, il avait quand même l'air de bien savoir ce qu'il voulait finalement. Il ne l'avait pas dit, mais ses paroles ressemblaient bien plus à un " dégage".

Regroupant ses genoux contre elle, Éli garda ses pensées pour elle, une fois de plus.

- T'es bouche bée carrément ? C'est drôle, tu sais, la Triade ça vient pas vraiment de moi, la vérité c'est que j'avais deux choses en tête à ce moment, un manuel d'utilisation avec des règles et tout ça et mon frère en tête. Mon frère il a une passion bizarre et qui sont les trois constituants de la société moldue selon lui, il y'a l'économie, les rapports sociaux et enfin le domaine de la loi. Et ses passions se reflètent beaucoup sur ce qu'il fait et ce qu'il est tu vois. Et bah forcément j'ai essayé de comprendre et il nous a tous fait signé un contrat pour plus que je touche à ses affaires et c'est de là que ça vient la Triade, drôle d'anecdote non ?

C'est vraiment trop vide.

- En fait le truc que j'aime pas avec toi c'est que... Tu ressembles à la "phrase" "Mesdames et messieurs." tu vois ? Ca me met tellement mal à l'aise... D'un autre côté j'avoue que j'aime bien ton côté qui te fait également ressembler à la phrase "Oui mais non.", même si c'est souvent contre moi c'est... Un truc que j'aime bien.

Je suis sûr qu'elle ne comprendra pas mais bon, c'est pas grave, je hais juste ce silence tellement pesant que je veux hurler, j'adore le silence pourtant. Mais quand y'a Elisabeth et que y'a le silence j'ai juste l'impression que y'a un truc qui va pas, quand mes oreilles ne sifflent pas, quand mes oreilles ne saignent pas.

Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? Ralenti...je capte rien. Est-ce que j'ai posé des questions sans m'en rendre compte ? Est-ce que je suis tellement dans mes pensées que mes mots sortent sans que je ne les y autorisent ? Ça ne peut pas être autre chose. Je vois tes lèvres bouger, j'entends des paroles que je ne comprends pas tellement bien, mais elles sont là. Redose qui prononce plus de deux phrases sans qu'on lui ait demandé, non, je pense que le vent doit m'avoir fait parvenir de l'essence d'une quelconque plante psychédélique... ! Impossible autrement !!!

Les yeux légèrement éblouis par le soleil qui commençait à frapper un peu plus sévèrement la surface lisse de l'eau, Éli posa sa main en casquette sur son front, et plissa les yeux pour continuer à observer le garçon. Elle ne savait pas quoi répondre à ça, attendait il une réponse ? Sûrement pas, pour une fois, c'est lui qui parlait et elle qui écoutait, très ironiquement, leurs rôles étaient inversés, méchanceté et hystérie trop spontanée en moins.

Un peu frustrée de ne pas pouvoir observer la surface du lac diamanté par le soleil dans sa position, la Poufsouffle se leva doucement, et s'approcha assez près du lac pour caresser l'étendu du bout de ses doigts, mais assez loin du griffon pour qu'elle puisse l'éviter du regard. Les reflets lumineux des rayons frappant la surface lui faisaient toujours autant d'effet.

- Ouaip, t'es totalement bouche bée, à moins que tu sois plus là mais bon, peu importe au final puisque t'es muette. Tu sais, je suis un grand féministe et je trouve qu'on laisse pas assez la parole aux femmes alors que vous avez pleins de trucs intéressants à dire par exemple, ce qu'il y'a à manger le matin... Le midi... Le soir... Quel produit utiliser pour avoir un sol bien luisant ou pour déboucher les toilettes. T'es pas d'accord ? Car moi j'le suis pas. J'essaye juste de te faire réagir j'ai l'impression de parler... Même pas à un légume, plutôt à... Je sais pas... J'ai l'impression de m'adresser à un astéroïde tu vois ? T'es tellement loin et tellement peu présente c'est fou, réveille-toi non ?

Le soleil commençant à taper on sentait vraiment la fin de l'hiver, quel drame... Je mit ma fosse cubitale sur mes yeux comme je le fais quand je veux faire une sieste, j'ai du mal à garder les yeux fermés, il faut que je les cache avec un bandeau ou ma main, là, c'est du soleil que je me cache.

- T'as tellement lutté pour me la faire ouvrir que maintenant que je l'ouvre tu paniques ? T'as pas prévu de plan B ? Ou C ? Ou même de suite au plan A ? Tu t'es dit "je vais le faire parler" 1000 fois sans jamais t'attendre à ce que je l'ouvre ? Okay, soit. Mais si au bout de 10 secondes tu dis rien d'intéressant je ne serais plus jamais bavard.

Ultimatum lancé, il reste plus qu'à... Attendre.

je suis la espèce de troll, et j'entends tout ce que tu dis cette fois. J'en comprends chaque mot. Tu te crois drôle ? Tu crois surtout qu'après tout ce que j'ai pu entendre de mauvais dans ta bouche, ces petits commentaires vont me faire grincer des dents ?

Un sourire se matérialise sur les joues de la jeune fille en entendant les remarques de Redose. oui, au moins, tu es drôle... a défaut de savoir communiquer correctement, tu me fais rire et vu le contexte, c'est déjà pas mal. Tellement loin et tellement peu présente... Exactement comme toi depuis presque trois ans, c'est pas agréable hein ?! Et moi au moins je ne te rabaisse pas constamment. Je suis réveillé, ça pour être réveillé ça y est, je le suis, j'ai mis du temps à ouvrir les yeux, mais je crois qu'ils le sont maintenant !

Le mouvement de son bras se posant sur ses yeux, attira le regard d'Éli. Lui aussi semblait ébloui, bien plus qu'elle puisque le soleil tapait directement dans ses yeux dirigés vers le ciel. Complètement dissimulés, aveugle par défaut, la jeune fille se permit de le détailler un peu plus. Elle n'avait pas le droit, mais ses yeux parcouraient les contours de son corps, elle ne devait pas, mais elle le faisait quand même.

Il parla de nouveau, et le regard de la jeune fille, sans vraiment écouter, se posa sur le mouvement de ses lèvres... Non, je ne panique pas du tout, si tu savais comme je profite de mon silence, comme tes mots sont une libération pour ces années d'ignorance. Non, je ne panique pas... je savoure.

"Si au bout de 10 secondes tu dis rien d'intéressant, je ne serais, plus jamais, bavard."
Aaa voilà... Le vrai redose qui revient, je me disais aussi !

Après un dernier sourire contemplatif, la jeune fille s'approcha un peu plus et se pencha pour récupérer dans ses deux mains jointes une large cuvette d'eau, qu'elle renversa sur le visage recouvert du garçon.

Au moins je sais que je suis pas seul, et je sais que c'est bel et bien Elisabeth vu le niveau intellectuel de l'action, je ne vois pas un seul contexte où mettre un peu d'eau sur un visage d'ores et déjà mouillé reflète une quelconque once d'intelligence, PAS UN SEUL CONTEXTE, où c'est logique et intelligent de faire ça mais bon, au moins je suis sûr de parler Elisabeth, quel autre petit génie tout droit sorti des profondeurs marines (rapport à l'idiotie des poissons) aurait une idée si fameuse, si brillante, si, si... Originale, disons que Elisabeth est une enfant un petit peu... Spéciale. Un petit peu yoooou hooooou, un petit peu yooooooooooooooooooooouuu hooooooooooooooou.

- T'es pas... Le couteau le plus aiguisé du tiroir à chaussettes vides, mais c'est pas grave, au moins t'es là c'est... C'est déjà bien j'imagine, bon bah je commence le compte à rebours, on verra si c'est moi ou toi qui veut que je me taise maintenant. 10... 9...

Marquant une pause excessivement longue, je suis vite distrait par la vue que l'on pourrait avoir de moi depuis le ciel, de moi et d'Eli, et du lac aussi, de toute la scène en gros. Ca doit vraiment être quelque chose de merveilleux. Et dire qu'allongé dans l'eau y'a un idiot qui ne sait pas compter jusqu'à cent qui compte pourtant jusqu'à 0.

- 8

Encore un reproche Omniak... t'en à pas marre. A force ça devient lassant. Enfin, si ça t'occupe. Bref... Tu m'as tellement reproché de parler pour ne rien dire, et maintenant tu compte pour que je parle... Je ne suis pas un bébé, et je ne suis plus ton jouet. J'ai décidé que ton chantage ne marcherait plus maintenant, de toute façon je n'y gagne jamais rien donc... Compte si ça te fait plaisir... Tu commençais seulement, et déjà tes confidences te fond peur ? Encore une fois, des que ça devient sérieux, tu fuis, tu te refugies sous un jeu, tu me rends coupable de TON manque de courage, encore. Non, je ne suis pas responsable si tu te tais, TU es responsable de ton silence. Je ne dis rien, je te laisse la place... Si tu as peur de parler ne parle pas, mais ce ne sera pas de ma faute, pas cette fois. Tu n'arrives meme pas à me regarder en face, tu fait le mec détente, moi qui croyais que tu etait l'un des seul à savoir soutenir un regard... meme toi tu n'en est plus capable visiblement, ou que pour faire mal, mais pour assumer les vraies conversation, y 'a plus personne. 7..6...5...4...3...2...1...0 je ne parlerais pas vas y compte, et part même si tu veux, ça ne changera pas, j'ai l'habitude.

Un peu plus réchauffée par le soleil, Éli remonta le bas de son leggings, puis s'assit à son tour sur la berge, légèrement plus en retrait que Redose, juste pour laisser la peau de ses jambes tendues devant elle se faire toucher par l'eau jusqu'au mollet.

Bon bah, j'imagine que j'ai pas le choix. La connaissant si sa langue se délie pas maintenant elle se déliera jamais, ça marque une grande différence avec son ancienne manière d'agir ce qui est je dois l'avouer assez drôle, très drôle. Comparer comme elle aurait auparavant agit à comment elle agirait maintenant. Avant, elle aurait pas parler par panique et aurait finit par se lâcher au bout de 4 ou peut-être 9, je sais pas, c'est du pareil ou même puisque de toute façon à ce comptes à rebours elle ne compte pas répondre, alors je le continue et on arrive à 4, puis 3. Je remarque une longue pause, parfait, elle préfère donc que je me taise, mais ce serait si simple de simplement me taire. J'arrive à 1 et j'ai bien envie de lâcher quelques petites infos qui la ferait rêver sans rien ajouter, ouai c'est fun.

- Dommage, j'aurais pu dire tant de choses que Esmeralda sait pas, à propos de ma baguette qui ne marche pas, de ma mère, de mon père, de mon oncle, de mes connaissances moldues et j'aurais même pu parler de l'héritage. Tant pis, zéro. Je suis malgré tout impressionné de voir que tu as su retenir ta langue pour mon plus grand plaisir. Maintenant tu ne pourras pas dire que je fuis les questions puisque je t'ai laissé l'occasion de m'en poser et que tu l'as volontairement et délibérément ignorer.

Me voilà donc libéré d'un poids et d'une responsabilité, c'est ton bonnement magnifique, je peux désormais pleinement apprécier ce qu'il y'a à apprécier.

La curiosité d'Éli, forcement rageait de ses mots, mais elle avait choisit de ne pas parler et elle s'y était tenu. Elle avait déjà essayé beaucoup de chose pour faire parler Redose, sans grand succès, et meme si pour aujourd'hui, il ne lui dirait plus rien, ce petit changement dans son comportement avait eut le mérite de lui faire dire bien plus de choses qu'il ne l'aurait fait d'habitude.

Esme lui avait conseillé de ne suivre que son instinct avec lui, de ne pas faire confiance aveuglement mais de faire exactement ce qu'elle avait envie de faire, sans trop réfléchir. C'est exactement ce qu'elle venait de faire.

Tu crois avoir gagner Red' je le sens, je le vois, je l'entend meme à l'intonation de ta voix, mais tu as tort, encore. J'ai pas besoin d'une victoire criante et écrasante moi, celle que j'ai obtenu aujourd'hui me suffit. Ce que tu comprends pas, c'est que ton chantage affectif ne marcherait que si les informations que tu penses retenir etait le but de mes questions, mais la encore tu as tort. Ce n'est pas tant ce que tu me dit qui m'intéresse, bien sur, j'ai envie d'en savoir plus sur toi, mais ce qui m'importe le plus, c'est que tu veuilles le partager avec moi. Et tu l'a fait, de ton plein grès en plus, sans meme que je ne te pose de questions finalement. Alors oui, il y a encore plein de choses que je pourrais apprendre de toi, mais ce que tu m'as donner aujourd'hui est largement suffisant. Peut être meme que ton chantage, ton décompte, c'était ta façon de changer ce " dégage" en " reste un peu". Je n'ai pas ignoré l'occasion que tu me donner de te poser des question, je t'ai juste laisser l'occasion de me parler par toi meme.

Finalement, l'eau n'etait pas si fraiche, ou peut être sa fraicheur apaisait elle un peu le reste ? Se rapprochant du gryffon, Éli finit par s'allonger à coté de lui, laissant une distance raisonnable pour permettre à leurs corps de ne pas se toucher. Il n'etait plus question de le forcer, ni a parler, ni a rien d'autre.

- Très bien...