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26 mars 2024, 14:44
 New-York  Le dance-floor est on fire.
𝔬𝔠𝔱𝔬𝔟𝔯𝔢 2046 (17 𝔞𝔫𝔰)
@Morgan Rosenwald

L'affiche était placardée à l'entrée du club, le nom graffé à la volée, leurs trognes d'adolescents hurlant à la lune dans des t-shirt de skate trop grands, les ongles peinturlurés de noir et d'argent et les yeux fardés de charbon. Les goûts sont parfois discutables quand on a dix-sept ans.

Halloween hantait déjà les rues de Brooklyn, rendant euphoriques enfants comme adultes. Les Non-Maj se pavanaient avec des chapeaux pointus noirs, un vieux balai à la main. Tous les ans, ce rituel ridicule faisait sourire Poppy. L'ignorance crédule de son propre peuple pour ce qui se jouait à seulement quelques kilomètres prêtait souvent à rire, surtout à cette période de l'année. Appuyé contre le mur de briques attenant au club où il s'apprêtait à jouer ce soir en compagnie d'Effy et Margaret, il décapsula une bouteille imprimée de la marque la plus calorique d'Amérique. Les vacances d'octobre d'Ilvermorny touchaient bientôt à leur fin, il fallait en profiter dignement. Dans une dizaine de minutes ils quitteraient la fraîcheur du soir et cette rue animée de Bushwick, pour rejoindre la chaleur fétide du Sultan's Room. Leurs instruments rutilants patientaient sagement sur scène, accordés et branchés au micro prêt à accueillir leur salive et leurs choeurs le temps d'un show.

THE FLOOR IS LAVA
8PM

Avalant une goulée de gaz caramélisé, Poppy secoua ses boucles trop longues et lança à la dérobé à ses deux meilleures amies :

— On y va mes biches ?



Rangeant ses baguettes de batterie, comme il aurait fait avec sa propre baguette magique, Poppy quitta la scène d'un élégant saut pour rejoindre la petite communauté de fans qui s'était déjà formée autour de ses deux acolytes. Il y avait là des têtes connues, d'autres soirées, et des nouvelles. Sorciers, Non-Maj, Poppy savait que les deux communautés fréquentaient ce lieu, mais se fichait bien de savoir si la magie coulaient dans toutes les veines. Ici la seule sorcellerie qui fonctionnait c'était celle de leur envoutement musical. Et il semblait que ce soir encore, celle-ci fonctionnait à merveille.

Il s'éclipsa le temps de rejoindre le bar qui jouxtait la sortie de la salle, recevant quelques accolades, délivrant sourire sur sourire, son dos encore trempé de sueur. Il ne changea pas ses habitudes, car les papilles sucrées appellent encore et toujours la douceur et se ne se priva pas d'un second fameux soda. C'est alors qu'il la repéra. Cette ombre qui avait fait partie du show, qui s'était trouvée probablement étriquée dans cette foule grouillante de jeunesse. Plus mature, elle l'était c'est sûr, mais ça n'effraya pas l'adolescent. Fier de son succès, fort de sa prestance, enivré par ce corbeau de mauvais augure qui se tenait là devant lui, oui, Poppy se précipita tête la première dans le fossé :

— C'était le feu non ? Le show t'a plu ?

~ Appelle moi Poppy, et tutoie moi je t’en prie

01 avr. 2024, 21:22
 New-York  Le dance-floor est on fire.
Vivre avec sa belle-famille était un tout autre genre d’enfer. Bien que cela était temporaire et l’histoire d’encore quelques semaines, Violet avait l’impression de suffoquer. Charlotte, la mère de James, était pourtant loin d’être méchante, mais son enthousiasme, ses questions et ses discours qui n’avaient pas de fin sur leur future la pesaient. Alors un soir, lorsqu’elle vit un échappatoire, elle s’y engouffra sans la moindre hésitation. Ce n’était pas bien, de mentir sur son état pour échapper à un restaurant et une représentation de théâtre et errer dans les rues de la grande ville de New York. D’ajouter un mensonge de plus à sa longue liste. Cependant, elle ne savait comment faire autrement, pour éviter de voir la déception dans ses yeux. La jeune femme savait que James faisait tout ce qu’il pouvait pour qu’elle se sente chez elle dans ce nouveau pays et dans sa famille, et cela lui faisait d’autant plus mal de ne pas être à la hauteur de ses espoirs. Mais elle essayait, et continuerait d’essayer – elle avait juste besoin d’un break. Juste… Un moment, loin de tout cela.

Et ce moment, elle le passa à Brooklyn. L’effervescence de rue, des moldus – des Non-Maj – qui se baladaient en déguisement, lui rappelèrent à nouveau la nature de cette période de l’année, qui l’avait toujours plus déprimée que les autres. Son errance avait alors fini par la mener devant un club dont le nom lui fut familier – surement d’une conversation avec un des amis de James – et y avait pénétré après un moment d’hésitation.

« Whisky, sans glace », avait-elle demandé succinctement au barman, avant de s’installer avec son verre dans un recoin loin de la foule plus énergique et surement plus jeune qu’elle. Le temps passa, et un groupe de musicien monta sur scène, faisant se déchainer davantage le peuple de la fosse. Plutôt sympa, se dit-elle en écoutant les morceaux du groupe, bien que distraite par ces propres pensées et le fort liquide qu’elle ingurgitait dans ce qui était désormais son troisième verre.

Le concert fini, elle ne prêta pas plus que cela attention à la scène, mais remarqua qu’un jeune homme, ou plutôt un garçon, pénétra dans son champ de vision, et elle haussa un sourcil en le voyant s’adressait à elle. Il s’agissait d’un des membres du groupe qui se trouvait sur scène quelques instants plus tôt, mais que lui voulait-il au juste ?

« C’était pas mal », répondit-elle évasivement à l’américain, tout en engloutissant une autre gorgée de whisky.

Employée à Barjow & Beurk. Préfère les botrucs aux mochtrucs.
#943838

10 avr. 2024, 18:05
 New-York  Le dance-floor est on fire.
Il devait sembler pathétique, ce petit batteur de fortune, bien amateur, avec son verre de soda brun à la main. Pourtant il ne se décontenança pas face au quasi snobisme de cette femme. Elle avait tout de même fait le déplacement jusqu'ici c'est qu'elle appréciait un minimum la musique non ? Ou bien se trompait-il lourdement et sa présence dans la chambre du sultan n'était en réalité qu'une énième manière de passer la soirée, avec la compagnie d'un spiritueux à en juger par ce qu'elle tenait du bout des doigts.

Elle dégageait une aura subrepticement sombre, un je ne sais quoi qui signifiait pour le commun des mortels ne t'approche pas. Pas pour Poppy. Il nageait dans son îlot de naïveté, loin de la part sauvage du monde, se frayant un chemin parmi la lente et longue rivière de sa destinée mais souvent — presque toujours — avec optimisme et son infernal sourire d'adolescent.

— Pas mal ? Bon c'est déjà bien venant d'une critique aussi réputée que toi.

Il prit le contrepied, décidé à étirer sur les lèvres de cette clandestine, un sourire, un vrai. Loin d'être un clown, il pensait toutefois ne pas trop mal se débrouiller dans la matière. Parce que franchement, le pas mal pouvait lui rester en travers de la gorge. Eux qui se démenaient comme des beaux diables depuis plus de deux ans pour faire de The Floor is Lava, le fer de lance de la musique actuelle.

— Je pense que c'est ce que tu bois qui t'empêche d'affirmer la beauté de ce que tu viens d'entendre. Ça a tendance à saboter le jugement artistique ces trucs.

Qu'en savait-il ? Pas grand chose puisqu'il n'y touchait jamais. Était-ce un souvenir qui lui refusait l'entrée des méandres de l'alcool. Un affreux souvenir ? Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, car ça remontait à trop longtemps, aux vieilles antiquités de l'enfance qui parfois se meuvent et distordent la vérité. Il faisait le fier en tout cas, envoyant un léger salut de la main à ses deux acolytes du band. Un vrai paon. Sûrement qu'il devait l'agacer la belle auditrice aux yeux plein d'épines. Pourquoi fallait-il toujours qu'il aille se foutre dans les ronces ? Probablement parce que ce sont les roses piquantes qui se révèlent être les plus parfumées.

Non ça il ne lui dirait pas. Pas encore en tout cas tout de même.

Ne pas cramer toutes ces cartes avant d'avoir tenté de flirter un peu avec la chance. Et puis ce serait trop dommage qu'elle découvre ses talents de dragueur poétique aussi vite non ? Ne te presse pas Poppy, elle a encore quelques gorgées de whisky a ingurgiter avant de pleinement t'envoyer balader.

~ Appelle moi Poppy, et tutoie moi je t’en prie