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07 avr. 2024, 15:49
 Solo  Tomber dans une rêverie trop réelle
Mercredi 11 mars 2048
Deuxième année
Assis au fond de la salle d'études, 9h30


Je ne peux pas tout perdre. Je dois avancer, apprendre et l'oublier. Un temps, du moins. Ainsi, c'est les bras chargés de livres que je débarque dans cette salle rarement fréquentée. Préférant généralement les tables de ma salle commune, aujourd'hui, c'est le côté studieux des autres que je recherche. Il me faut m'en imprégner et les imiter. Assis à la table du fond, où seul le mur pourra m'observer par dessus mon épaule, j'observe les plumes des élèves noircir les parchemins. Et le mien attend, prématurément ouvert. Je le fixe et le repousser d'un revers de main gauche. C'est par de la lecture que je vais commencer.

Page soixante-trois. Défense Contre les Forces du Mal. Chapitre sur... Je soupire et viens placer mon menton sur mes deux mains jointes et collées contre mon manuel. Peut-être qu'a cinq centimètres du texte, je serai plus concentré. Peut-être que mes yeux lourds de fatigue empêcheront mes paupières de tomber si je commence ma lecture.

Le sortilège du Feu Follet entoure l'adversaire d'une.. Je viens frotter mes yeux qui me piquent et reprends... d’une nuée de flammes bleues qui le. Je retiens un bâillement en couvrant ma bouche de ma main droite et termine... qui le suivent et le brûlent. Prononciation : FlaMA...

Mes yeux se ferment complètement et je tombe dans un trou noir qui peu à peu prend forme. Je la reconnais cette pièce. Pour y avoir passé les deux derniers mois à chercher quelque chose d'introuvable, d'incartable et d'inatteignable. Cette fois, la salle sur demande n'est plus que ce pour quoi elle est connue : une pièce remplie d'objets inutiles et une horloge géante collée à l'un de ses... Ma respiration se bloque lorsque mes yeux comprennent. Mes poings se serrent et mon regard est tout aussi noir que la tenue de celle qui se tient à quelques mètres devant moi. Elle a beau être de dos, je sais qu'elle est la seule qui peut se tenir là. Je pourrais reculer, me forcer à me réveiller et cracher ma colère sur le premier venu, mais c'est elle qui la mérite. J'accélère donc le pas, prêt à l'attraper pour lui faire face, car connaissant son arrogance, ce n'est pas elle qui se retournera.

Un pas, deux pas, trois pas et une fois devant elle, je m'arrête une seconde. Je suis dans un rêve et pourtant, son odeur boisée me saute aux narines. Ma respiration s'accélère, il faut que j'en aie le cœur net. J'attrape son poignet et la force à se retourner. Ses yeux n'ont rien perdu de leur bleu éclatant et je suis bloqué. Trop de choses se bousculent dans ma tête, trop de choses à lui hurler que je ne sais pas par laquelle commencer. Je baisse les yeux vers ma poche : pas de baguette. Ma respiration s'accélère et mon agacement suit. Pourquoi ne puis-je pas obtenir ce que je veux si je suis dans mon rêve ? Dans mon désir ? Je reprends son regard et y ajoute le noir de mes yeux verts au sien.

« - Evidemment que vous vous ramenez quand je décide de vous oublier !, lui lâché-je d'un ton sec. »

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07 avr. 2024, 16:41
 Solo  Tomber dans une rêverie trop réelle
Mon ton ne semble pas la décontenancer ; au contraire, je la vois se rapprocher et diminuer ainsi le peu de centimètres qu'il restait entre son corps et le mien. D'ailleurs étrangement petit, j'ai l'impression qu'elle en a encore perdu. Ou est-ce moi qui en ai gagné ? Je l'observe, impuissant, m'offrir ce contact dont l'addiction commençait à s'estomper. Ses bras s'avancent vers mon cou et je les regarde s'agripper tels des serpents prêts à récupérer ce qui leur est dû. Je la laisse faire mais son absence de réponse me reste en travers de la gorge. Encore une fois, c'est elle qui décide, c'est elle qui contrôle et en trois mois d'absence, je n'ai rien appris.

Mon corps se redresse, figé par la familiarité de cet événement. Son odeur s'enroule elle aussi et me fait plonger dans un mutisme incontrôlable. La seule chose qui me ramène à la scène est le froid que je ressens sur ma chemise. Je baisse les yeux et comprends qu'il s'agit de larmes. Le froid provient de l'humidité qui traverse le tissu. Son froid à elle. L'ironie de la situation veut que la seule chaleur qu'elle puisse m'offrir à cet instant me donne une sensation de froideur à l'endroit même où se trouve mon cœur. C'en est trop. Il me faut des réponses, une explication, n'importe quoi, mais il faut qu'elle parle. Sans la repousser, mais sans pour autant placer mes mains contre son dos, je l'interroge. Si c'est mon inconscient qui doit parler, autant obtenir les réponses les plus enfouies.

« - Pourquoi m'avoir laissé seul ? »

Là encore, j'ai beau emmagasiner toute la colère du monde, j'attends encore une explication saine. Quelque chose qui me ferait comprendre qu'il ne s'agissait que d'un malentendu, qu'elle a été retenue par quelque chose ou quelqu'un, qu'on l'a forcée à m'écrire cette lettre, qu'elle m'a écrit tous les jours mais qu'aucun de ses courriers ne me sont parvenus. N'importe quoi qui me ferait ne plus la détester.

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08 avr. 2024, 20:07
 Solo  Tomber dans une rêverie trop réelle
Sa tête et son corps se retirent de l'étreinte offerte et son regard bleu m'observe, de haut en bas. Une impression de nouveauté dans son regard, comme si elle réapprenait à découvrir mes traits. Est-ce qu'elle me reconnaît vraiment ? C'est en baissant mes yeux sur ses mains qui récupèrent la mienne que j'obtiens ma réponse. C'est son contact, sa manière de faire les choses et mon inconscient le sait. Il a tout enregistré, toutes ses manières, tous ses gestes et ses silences.

Tu n'es pas seul... protéger mon enfant.. te protéger sans magie... je sais que tu m'en veux...


L'excuse qu'elle m'envoie est encore plus agaçante que celle que je m'étais imaginé recevoir un jour. Depuis quand Valerion trouve des excuses aussi nulles ? Depuis quand un enfant peut l'arrêter ? De toute façon, rien de ce qu'elle aurait pu me dire, dans un rêve ou non, ne m'aurait été. Peut-être que ce que j'espérais, au fond, c'était son mépris ; qu'elle continue, qu'elle lève son menton et qu'elle m'ordonne d'arrêter de pleurnicher. Mais l'excuse de l'enfant ne passe pas. Il n'est jamais passé et ne passera jamais.

Son discours continue en l'absence de réponse. Je n'ai plus rien à dire, il faut que je me réveille. Pourquoi est-ce que je ne me réveille pas, d'ailleurs ? Avant de tourner la tête pour vérifier les alentours, je l'entends oser me donner un conseil.

Ne fais pas la même erreur que moi, reste proche de tes amis. Rends-toi au club Prodigium
et cherche le livre ...


Je fais un brusque pas en arrière.

« - Waouh ! Mais vous osez me donner un conseil et un ordre alors que vous vous êtes barrée ? Vous avez perdu ce droit le jour où vous m'avez envoyé votre fichue lettre !, lâché-je sèchement, comme si tout remontait à cet instant. Je n'ai plus rien à perdre, encore moins dans le délire de mon inconscient. »


Je détourne le regard et reviens à l'horloge dont les aiguilles n'ont toujours pas avancé. Quelque chose cloche avec ce rêve. Je fronce les sourcils, baisse les yeux vers ma main gauche. Elle n'est pas floue, me semble bien réelle, et ma poche.. ma poche a bien ma baguette. Je ne comprends pas. J'ai l'impression d'être lucide et en même temps d'être complètement ailleurs.

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09 avr. 2024, 10:03
 Solo  Tomber dans une rêverie trop réelle
J'ai beau être concentré sur les objets qui m'entourent, lorsque l'ancienne professeure de mon rêve se masse les tempes et expire l'air de ses poumons comme si ce râle était le dernier, je le remarque. La santé de cette femme m'inquiète et je reviens à elle pour assister à un revirement de situation. Son air change, sa posture, son ton, elle redevient Valerion.

Ses mots. Ses mots dont elle a le secret et qui s'enracinent dans votre esprit. Ses mots que vous continuez d'écouter parce qu'ils vous nourrissent. Ils ont beau être violents, vous les laissez vous marquer, parce que c'est ainsi que vous avez toujours fonctionné. La douceur ne s'imprègne plus, la violence, oui. Alors j'écoute. J'écoute jusqu'à son dernier coup, jusqu'à ce que chacun d'eux ranime chaque particule qui commençait à redevenir saine.

Tu ne comptais pas assez à mes yeux... Capricieux... Abandonné par son père puis par sa professeure.


Je prends une grande inspiration. Je ne sais pas si j'accuse le coup ou si je m'en abreuve. Des mois à tenter d'oublier cette violence, tenter de redevenir le Poufsouffle idéal pour finalement sauter sur la première occasion d'un oxygène obscur. Je ne réponds rien car je sais qu'elle n'a pas fini. Je lis dans son regard que son grand final arrive et qu'il m'achèvera, ici et maintenant.

Tu n'étais là qu'en remplacement avant que...


Je la connais la suite, je n'ai pas besoin de l'écouter. Je n'ai pas lâché son regard, trop concentré à tout enregistrer des expressions qui apparaissent sur son visage. Une mâchoire qui se crispe, une respiration qui s'accélère. Je fronce les sourcils lorsque chacun de ses traits commence à se dissiper. Comme aspirée par mon inconscient qui peut-être se rend compte qu'il est allé trop loin, la femme en noir devient trouble et commence à disparaître. Alerté par la situation que je n'ai finalement pas envie de voir disparaître, mes yeux s'écarquillent ; mon corps panique, je cherche une partie d'elle qui resterait intacte et fixe soudainement son ventre. Je ne l'avais pas remarqué jusqu'à maintenant, mais elle est bel et bien enceinte. Or, je ne l'ai jamais vue enceinte. Je relève aussitôt la tête vers elle, furieux qu'elle parte encore et la voit partir en fumée. Ma main a beau tenté de récupérer les dernières poussières, mon inconscient ne veut plus la faire réapparaître.

Et sans même me laisser le temps de comprendre, le trou noir revient. J'ouvre les yeux et ce n'est plus la salle sur demande qui est face à moi, mais bien la salle d'étude. Je relève la tête en me massant la nuque. Personne ne me regarde bizarrement et les aiguilles de l'horloge de cette pièce avancent normalement. Je fixe mon manuel sans aucune intention de le lire, mais pour seul intérêt de ne pas me montrer perturbé. De ma main droite, je le referme.

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