Il était très exactement 15h24 quand Juniper arriva là où les cours de Soins aux Créatures Magiques se déroulaient. Cette matière ne commençait qu'en troisième année - il le savait, puisqu'il avait lui-même demander en début d'année s'il allait pouvoir voir des animaux bientôt -, mais il était loin d'être là pour participer à des cours. En réalité, le jeune homme était dans un sacré pétrin, comme il avait l'habitude de l'être. Il avait déjà eu le droit à plusieurs remontrances des autres élèves, principalement, parce qu'il n'était pas des plus calmes ou des plus sages - mais cette fois, ce n'était pas fait exprès.

Le jeune élève de Serdaigle venait de terminer son cours préféré, celui de Botanique, et avait sérieusement réfléchi à la manière d'assister le professeur Charleston dans l'entretien des plantes. Sa mère étant elle-même botaniste, il avait déjà de l'expérience en la matière - arracher les mauvaises herbes et couper les feuilles mortes n'avaient déjà plus de secrets pour lui. Cependant, il voulait quelque chose de plus concret et c'est ainsi qu'il eut une idée de génie.

En Sortilèges, ils venaient tout juste d'avoir le sort de Lévitation. C'était un sort très facile, et même si sa maman était nulle dans ce domaine, il voulait tenir de son papa qui, quand il était à l'école, était très bon dans la matière. Il avait déjà, sans soucis, réussi Lumos et Nox, alors ce sort n'allait pas lui poser de soucis, non? Et puis, ce n'est pas un sort qui résisterait à la superbe volonté du jeune homme.

Mais, malgré sa témérité, il ne souhaitait que le bonheur et le bien-être des plantes. Donc il n'allait pas lancer un sort dessus sans entraînement, et il en avait eu très peu jusque-là. Il se retrouva donc dehors, à tenter de lancer le sort - souvent en vain. Sa frustration grandissante, il fut presque sur le point d'abandonner.

– Rhaaaa! Wingardium Leviosa!

Mais il réussit enfin à faire léviter une feuille. Et les autres aussi. Et ses manuels. Et tout son sac, en fait. Un juron naquit discrètement sur ses lèvres lorsqu'il vit que ses affaires ne lévitaient pas tout à fait: elles volaient. Loin de lui. Très vite. Il n'avait aucune idée de ce qu'il avait fait, à part qu'il l'avait suffisamment mal fait pour qu'il se retrouve à courir après son cartable qui le prenait de haut - littéralement.

Et c'est ainsi qu'il se retrouva dans la zone de SaCM, à regarder ses fournitures scolaires dans un des grands chênes derrière un bâtiment qui devait être le bureau du professeur. Deux choix s'offraient à lui: grimper à l'arbre, ou demander de l'aide. Et vu les petites créatures, il hésitait grandement à faire ce que son instinct lui disait de faire - qui était, bien évidemment, de grimper à l'arbre en toute sécurité et toute logique.

Eileen adorait profiter de l'extérieur dès qu'elle en avait l'occasion. En ce mois de décembre, avec la neige présente sur le parc, il n'était pas rare qu'elle soit l'une de seules promeneuses téméraires à errer au gré de ses pas pour profiter de la nature. Il fallait avouer qu'en Irlande, les températures chaudes n'existaient pas vraiment et qu'à Galway, elle avait l'habitude de s'habiller chaudement, même l'été.

Elle se promenait d'autant plus lorsqu'elle était dehors sans Mila puisque la chatte, avait-elle découvert, n'appréciait vraiment pas la sensation de la neige sous ses coussinets. Elle aussi aimait l'extérieur et, en cette saison, elle se retrouvait au chaud dans le manteau de sa maitresse pour éviter de toucher terre.

Heureusement, il restait tout de même la serre n°6 où Mochara profitait bien de la compagnie de ses congénères plantes et la zone de soins aux créatures magiques avec ses bâtiments qui permettaient à une irlandaise et sa féline de se réchauffer toutes deux et de dégourdir ses pattes pour la dernière. La norvégienne gambadait gaiement derrière la rouquine, profitant elle aussi du spectacle offert par les créatures présentes à l'année ou pour quelques jours.

Or, en cet instant, c'était une Serdaigle avec le bout du nez frais qui sortait d'un cours de vol pour le moins revigorant... Le vol était en soi une activité qui rafraichissait les idées... alors faire du vol en cette saison nécessitait clairement d'être correctement couvert. Certains de ses camarades avaient une fois de plus succombés à la température et avoir couru se réfugier dans le grand hall, première place légèrement chauffée à distance respectable...

Eileen, elle, n'en avait cure. Et elle avait décidé d'aller voir ses créatures préférées de la zone SaCM. Elle contourna les bâtiments dans l'idée de voir les chênes servant d'abris aux Botrucs lorsque soudain, elle vit passer diverses fournitures scolaires à hauteur de visage poursuivies par un camarade de maison plutôt alerte ! Il courrait vite.

Le temps qu'elle le rejoigne, les affaires du garçon avaient rejoint les chênes de ses amis Botrucs. Une très mauvaise chose : les créatures semblaient prendre cela pour une intrusion à voir leurs gesticulations.

Eileen n'avait pas particulièrement la mémoire des noms, surtout quand il n'était pas dans sa promotion. Il fallait avouer que ce qui l'avait intéressée à la cérémonie de répartition était la découverte d'un cousin plus que de savoir qui allait rejoindre les bleus et argents. Elle n'avait pas du tout fait attention aux noms... ce qui n'arrangeait rien.

Elle interpela le petit blond avant qu'il ne fasse un geste fatal :
- "Je serais toi je ne m'approcherais pas à moins d'un mètre à moins que tu veuilles perdre tes yeux !"

Après tout, il n'avait visiblement pas de cloportes sous la main, elle non plus... Ils ne pourraient pas amadouer les êtres brindilles ainsi.

- "Ils n'ont pas l'air comme ça mais ils sont très habiles de leurs doigts et n'aiment pas qu'on s'attaque à leur maison... leur arbre... ce que tu viens de faire en leur jetant tes affaires..."

Tandis qu'elle expliquait cet état de fait, les Botrucs s'attaquaient eux aussi aux affaires du garçon, sans visiblement parvenir à autre chose qu'à déchirer quelques parchemins et plier quelques plumes.

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Juniper était toujours en train de réfléchir de façon ardue aux choix qui se présentaient à lui. S'il grimpait ici, un professeur pourrait le voir - notamment son Directeur de Maison -, et il pourrait être dans de graves ennuis. Il n'était pas du genre calme et sage, mais il essayait un maximum d'éviter les punitions - surtout si ça pouvait enlever des points à sa Maison. Après tout, il n'en gagnait déjà pas beaucoup pour elle, donc ce serait atroce d'en perdre plus qu'il n'en gagnait. Dans sa réflexion, il avait fini par grommeler sur le fait que demander de l'aider, c'était nul et embarrassant. Totalement dans ses pensées, il fut absolument surpris d'entendre une voix derrière lui. Cela le fit reculer de plusieurs pas, avec des yeux aussi grands qu'une biche face à un lumos.

— Promis je ne faisais rien contre le règlement!

Ses mots étaient presque tous collés les uns aux autres tant ça avait été une réponse automatique. Mais maintenant qu'elle le mentionnait, il finit par enfin regarder de nouveau les petites brindilles un peu ridicules, fronçant les yeux pour essayer de voir en quoi leurs tout petits bras en bois pouvaient faire quelconque dégât.

— C'était pas... Enfin si, mon intention était de grimper, mais j'avais pas envie de les déranger plus que ça. Ils sont vraiment dangereux?

En-tout-cas, ils l'étaient pour ses affaires, qui subissaient la terrible colère des minuscules êtres dont il ne connaissait pas le nom. Voir ses notes de cours se faire déchirer ainsi déchira son propre cœur. Il avait suivi comme il fallait, et il avait pris de belles notes, et voilà que des bouts de bois ruinaient tous ses efforts!

— Eeeeh! Stop! Comment on les stoppe? Je ne les ai pas jetées, j'ai... J'ai essayé de lancer un sort et ça a pas marché comme je le voulais.

Pour la première fois, il se tourna vers la Serdaigle, l'observant cette fois-ci un peu plus. Elle semblait du même âge, de la même Maison. Rousse, et des yeux clairs qui lui rappelaient sa propre grande sœur - qui avait hérité des yeux de son père.

— Tu as l'air de les connaître bien. Je me souviens qu'on en a vu en cours de Défense contre les Forces du Mal, mais je me souviens plus du nom. Je sais juste que je voulais pas leur lancer un sort.

Eileen rit à la réaction instinctive du garçon. Beaucoup de jeunes avaient cette réaction à l'arrivée à Poudlard... et des plus vieux aussi qui avaient eux l'habitude d'enfreindre le règlement. Elle ne connaissait pas suffisamment le garçon face à elle pour savoir s'il fallait le mettre dans l'une ou l'autre des catégories. Il semblait sincère en affirmant avoir envoyé ses affaires dans le chêne malgré lui. Il fallait avouer que la magie pouvait être imprévisible lorsqu'elle était mal maitrisée...

Elle répondit à sa question avec le ton professoral que prenait sa professeure de défense contre les forces du mal :
- "Ils peuvent être particulièrement dangereux. Leurs doigts ont l'habitude de crever les yeux des sorciers qui s'approchent trop près de leur arbre. Leur arbre, qu'ils considèrent comme leur maison, est toujours un arbre dont le bois sert pour la confection des baguettes et si tu veux t'en approcher sans risque, il faut les amadouer avec des cloportes... Je suppose que tu n'en as pas..."

Elle finit par pouffer de sa mauvaise imitation.
- "Pour les arrêter, ca va être compliqué. Il va falloir se débrouiller pour ne pas les énerver davantage tout en récupérant tes affaires."

En tant que nouvelle deuxième année, les sortilèges utiles dans un tel cas n'étaient pas nombreux. Un Lashlabask allait à n'en pas douter énerver les créatures plutôt que les calmer. Les Serdaigle auraient beau faire, les créatures reviendraient à la charge. C'était leur maison qui était attaquée. Un Locomotor Mortis collerait leurs minuscules jambes entre elles sans action sur leurs doigts acérés. Un Fumos peut-être ? Mais pour être efficace, il fallait que la jeune fille soit au près des fournitures scolaires en danger et elle ne pourrait donc pas faire se dissiper aux yeux des Botrucs en englobant les affaires du garçon. Un Avifors pourrait éventuellement distraire les Botrucs le temps de récupérer les affaires mais risquait fortement de les énerver encore plus. Et elle ne pourrait diriger les oiseaux que vers quelques uns d'entre eux. Un Translatio restait une solution si elle trouvait autre chose à mettre sous la main des créatures et en suffisamment grande quantité ce qui prendrait du temps et laisserait la propriété de son camarade de maison s'abîmer encore plus.

Les seuls sortilèges véritablement utiles qui lui vinrent à l'esprit et rapidement applicables étaient le Wingardium Leviosa pour enlever de portée de créature les affaires du petit blond et un Reparo pour réparer ce qui pouvait être sauver une fois qu'ils auraient tout sauver.

Elle avait bien commencé à apprendre la langue des Botrucs mais trois mois d'apprentissage ne lui avait permis d'avoir qu'un faible baragouinage de présentation, rien qui permettrait d'apaiser les créatures dans une situation d'attaque telle qu'elles la subissaient aujourd'hui.

Cette réflexion avait fusé dans le cerveau de l'irlandaise. Le temps pour sa nouvelle rencontre d'amener une nouvelle question :
- "Ce sont des Botrucs. Est-ce que tu maitrises le sortilège de lévitation ? A moins que ce ne soit ce sort qui t'ait amené à ce résultat ?" demanda-t-elle perspicace.

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Malgré ses quelques bêtises, le garçon avait un minimum de jugeote: si on lui disait de ne pas sauter dans un volcan parce que c'était dangereux, il ne le ferait pas. Il ne se sentait pas encore confiant à l'idée de contredire quelconque autorité - et ne voyait pas non plus l'utilité de la faire. Presque sagement, et en reculant de quelques pas afin de se tenir à distance des petites brindilles, il écouta sa camarade en hochant la tête de temps à autre pour indiquer qu'il suivait ce qu'elle disait. Il jeta un coup d'œil aux créatures, avant de tourner à nouveau son regard sur la jeune Serdaigle.

- Oh, je vois. Ça doit pas faire du bien, clairement. Ils semblent fragiles, ils sont vraiment si forts que ça? Ou c'est juste de la précision?

Voilà maintenant qu'il était curieux, alors qu'il savait que son dernier devoir d'Histoire de la Magie était en train d'être vicieusement attaqué - il avait désormais plein de petits trous. Peut-être le rendrait-il ainsi. "Désolé Madame, des botrucs l'ont mangé" semblait être une très bonne excuse pour ne pas rendre un papier de toute façon médiocre.

- Non, effectivement, je ne me trimballe pas vraiment avec des insectes sur moi. Beurk.

Rien que l'idée de tenir un cloporte dans sa vie le faisait frémir, et pour se débarrasser de la sensation dans sa tête, il secoua ses mains. Une fois le frisson passé, il resta silencieux pendant que le cerveau dans l'assistance réfléchissait. Au moins, c'était une chose pratique dans sa Maison: il pouvait toujours laisser la réflexion pour les autres. Surtout quand il s'agissait de convaincre ce maudit heurtoir de le laisser rentrer dans la salle commune. À la question de sa camarade, il baissa un peu la tête en rougissant de gêne. Instinctivement, il vint donner un petit coup de pieds à un malheureux caillou qui avait pour seul crime le fait d'être là.

- C'est que... On est en train d'apprendre le sort, et j'ai essayé pour prouver à la professeure que je pouvais réussir mais du coup... Bah, ça a pas marché.

Son ton était un peu nerveux, mais surtout défaitiste. Il regarda à nouveau son échec que les botrucs semblaient un peu délaisser maintenant que la menace était inerte.

- Je suis vraiment nul. Tu sais le faire, toi?

La remarque du garçon l'amusa. Ah ca oui, ils semblaient fragiles... et elle savait clairement qu'ils ne l'étaient pas.
- "Tu as déjà appris le sort Lashlabask normalement ? De mémoire, je l'avais vu en octobre l'année dernière. J'ai appris à m'en servir contre des Botrucs... Non, ils ne sont pas clairement pas fragiles ! Et très agressifs si leur arbre est en danger... "

Pour apporter une réponse juste quand à la force des brindilles, Eileen réfléchit un peu :
- "Et bien, ils sont précis. C'est sûr. Certains voleurs en ont même apprivoisés pour crocheter des serrures... Mais quand on est en colère, on peut voir notre force augmentée... Je pense que c'est la même chose pour eux... Je ne m'y frotterais pas... Leurs doigts pointus et leur vengeance peuvent te poursuivre ! "

Poudlard avait conforté une idée qu'elle avait appris dans le monde moldu : ne pas juger les gens. En particulier dans le monde magique, les gens pouvaient vous surprendre. Elle n'aurait été qu'un peu étonnée si son interlocuteur lui avait dit qu'il trimballait des cloportes...

Lorsqu'il avoua qu'il avait du mal avec le sort de lévitation, elle répliqua :
- "Très peu de personnes parviennent à réussir du premier coup les sorts que nous apprenons. C'est normal ne t'inquiète pas."

C'est dingue comme les première année pouvaient se mettre la pression sur la réussite en cours. Elle ne se souvenait pas avoir été comme cela l'année précédente, mais avait l'impression que c'était un thème récurrent avec tous les nouveaux de cette année.

Elle s'empara de sa baguette et montra ce qu'un sort réussi pouvait donner en visant le parchemin le plus abîmé :
- "winGARdium leviOsa"

Le parchemin atterrit dans les mains du blondinet.

- "Est-ce que tu gères la concentration et le lien avec ta baguette ? Pour moi, c'est comme si elle était un membre supplémentaire de mon corps quand je fais le lien... Mais ca peut être différent pour chacun d'entre nous... Tu sens quelque chose de particulier quand tu tends ton esprit vers ta baguette ?"

C'était la première étape d'un lancer de sort et l'une des plus essentielles. La base avec laquelle les sorciers pouvaient travailler.

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- Oh, je ne savais pas... Quand je les ai vu la première fois en cours, j'ai cru qu'on allait leur faire trop mal. J'ai pas vraiment voulu utiliser le sort sur eux, je trouve ça très méchant de les attaquer sans qu'ils aient fait quoi que ce soit.

Bon, là, ils avaient déchiré ses affaires, et semblaient camper autour comme si c'était devenu leur plus grand trésor - ou plutôt, leur plus grand prisonnier. Juniper grimaça à l'idée de leur faire mal à cause de son erreur de jugement et de son incapacité à lancer un sort aussi simple que celui de Lévitation. Il resta attentif à sa camarade, hochant la tête devant son savoir. Il admirait les personnes comme elle, capable d'apprendre, de retenir, et d'en plus enseigner aux autres avec des mots tout à fait compréhensibles, et pas des trucs comme "l'adrénaline multiplie la force". Ça, pour son petit cerveau, ce n'était pas du tout clair, même s'il finissait par comprendre le sens au final - à force de réfléchir et de faire fondre ses neurones.

- Ma mère aussi est nulle en sortilège. C'est peut-être de famille. Mais elle, elle est vraiment très intelligente: elle connaît plein de plantes par cœur!

Il aurait aimé être comme elle, ou comme son père - qui avait aussi une merveilleuse mémoire. Mais lui se retrouvait à faire trois feuilles de révision juste pour être capable de se souvenir de l'histoire du sortilège Lumos. Et c'était un né-sorcier! Il n'aurait même pas su imaginer ses lacunes s'il n'avait pas grandi dans une famille sorcière.

Face à la présentation exacte du sortilège - ah! Il savait maintenant que son erreur avait été l'accentuation -, il fut presque fasciné. Elle était jeune, elle aussi, et elle était capable de le lancer sans plus de mal que ça. C'était impressionnant à ses yeux de nouvel élève au sein des murs de Poudlard.

- Je crois que ça, j'y arrive plutôt bien. J'imagine comme un courant d'eau dans mon bras, qui va de mon cœur à la baguette et inversement. Ça me donne toujours une impression de chaleur ou de fraîcheur, mais à la bonne température, tu vois. C'est peut-être très idiot.

Il n'avait aucune idée si c'était ce qui clochait chez lui. Devoir en main, il remercia dans un murmura la Serdaigle. C'était encore lisible, donc il pourrait peut-être réécrire le tout sans avoir de pénalité. Il leva les yeux, regardant son manuel de Sortilège miraculeusement intact, et son cartable que les petites créatures n'avaient pas ouvertes. Ces dernières s'étaient un peu agitées, mais ne semblaient plus très agressives - juste vigilante.

- C'est toujours magique de voir de la magie en action. Enfin, je veux dire, impressionnant. Pourquoi ma famille sont des sorciers aussi. Je crois que je prononce mal les sortilèges? Et j'ai du mal à me concentrer, en général.

Eileen se mit à rire doucement. Il avait tellement réagi comme elle qu'elle se reconnaissait parfaitement dans ce qu'il venait de dire :
- "Je n'ai pas été très active à ce cours non plus je t'avouerai. Et pour la même raison ! C'est probablement l'une des raisons pour lesquelles il m'a tant marqué."

En même temps, leur professeur aimait les forces du mal, elle pas. Ca pouvait être ça. Elle avait l'impression de lutter contre elle-même lorsqu'elle lançait des sorts de DCFM et de faire souffrir l'adversaire alors qu'il n'avait rien demandé. Elle se demandait si chaque année des élèves étaient réticents à lancer ces sortilèges ou s'ils étaient une exception tous deux. Un élève par promotion, ca ne faisait pas beaucoup !

C'était souvent la défense contre les forces du mal pour ce côté contre nature et les cours de potions pour la concentration qu'ils lui demandaient qu'elle appréhendait le plus. Et ce n'était pas cette phrase de son père, vétérinaire et qui avait l'habitude de voir la détresse des animaux, qui pouvait l'aider à lutter contre sa répugnance à lancer les maléfices : "Si tu veux cerner la vraie nature de quelqu’un, regarde la façon dont il traite les personnes qui lui sont inférieures et non pas ses égaux.*" Les animaux étaient les premiers à en faire les frais, elle s'en rendait compte. Elle l'avait vu aussi avec la façon dont certains traitaient les elfes à l'école... alors qu'ils n'étaient que gentillesse et ne réclamaient qu'une seule chose : servir... ce qui quelque part la dérangeait aussi... Un tel asservissement volontaire... Mais c'était une autre histoire !
Elle rêvait d'un monde idyllique, d'un monde de justice où chacun serait accepté à sa juste valeur... mais le tableau que dressait son imagination était bien loin de la réalité qu'elle côtoyait tous les jours...

Pour en revenir aux petites brindilles, déjà à l'époque du cours sur le Lashlabask, elle avait trouvé les Botrucs adorables. Elle était presque tombée amoureuse des petites brindilles dès qu'elle les avait vu. Les Botrucs étaient des êtres fragiles et qui ne s'avéraient vraiment agressifs que lorsque l'on menaçait leur habitat. Elle aurait probablement fait la même chose dans pareil cas !

Le garçon semblait avoir une faible confiance en lui. Ca, elle connaissait et elle pouvait facilement lui répondre :
- "La réussite en la magie n'est pas héréditaire ! Sinon, nous n'aurions pas de né-moldus ! Ce n'est pas parce que tu as un parent mauvais ou bon dans une matière que ce sera le cas pour toi !" tenta-t-elle de le rassurer.

Lui revint alors en mémoire une citation qu'elle avait entendu elle ne savait où :
- "Ce ne sont pas nos capacités qui déterminent ce que nous sommes, ce sont nos choix !** et ils pourraient te permettre de progresser et d'apprendre pour aller encore plus loin !"

Elle ajouta aussi pour faire bonne mesure : " Du côté de ma mère, entre mes grands-parents et leurs enfants, on a fait toutes les maisons de Poudlard. Donc tu vois bien que tout n'est pas écrit ! Et puis, Maman est très douée en potions, j'ai bien du mal à suivre !" lui déclara-t-elle avec un nouveau sourire.

La rouquine trouvait le monde petit, en particulier le monde sorcier : elle tombait à nouveau sur un élève dont la mère adorait les plantes. Etonnamment, elle s'était entendu parfaitement avec tous les garçons dans ce cas. Y avait-il une relation de cause à effet ? En tout cas, elle appréciait déjà le petit blond. Il était respectueux de la nature, et c'était beaucoup pour l'irlandaise.

- "Tu aimes aussi les plantes ? Comme ta mère ? Peut-être connais-tu la serre n°6 ? J'y ai installé Mochara, ma bruyère..." évoqua-t-elle avec un sourire heureux.

Puis la discussion revint sur le lancer de sort. La façon d'expliquer son lien avec sa baguette de son benjamain était assez proche de ce qu'elle même ressentait. Elle opina du chef.
- "Tu ne peux pas être doué dès le début. Tu réussiras à force d'exercices. J'ai une année de plus que toi, c'est normal que je me débrouille mieux ! Ce que tu ressens n'est pas idiot... Ne remets jamais en cause tes ressentis, ils ont leur valeur !"
Ca aussi elle l'avait appris de son père. Le développement personnel lui avait ouvert des portes sur le monde qui alimentait son acceptation d'elle-même et une prise de recul sur son environnement.

Elle réfléchit à la dernière phrase qu'elle venait d'entendre :
- "La concentration tu l'as a priori puisque tu parviens à faire le lien avec ta baguette. Dans les 5 étapes du lancer de sort, tout est important. Il ne faut pas oublier aussi l'émotion, la visualisation et la gestuelle."
La concentration et la formulation n'étaient que deux des éléments essentiels à la réussite d'un sort.

Elle demanda :
- "Tu crois vraiment que ce qui te pénalise est l'accentuation de la formule ?"

Dans son cas, c'était une des étapes les plus faciles :
- "Ce qui est le plus compliqué pour moi c'est la bonne émotion. Dans ce cas, je réfléchis à une situation où je l'ai ressenti, ca aide ! Et parfois la visualisation, je dois dessiner ou représenter visuellement sur le papier pour m'aider."
Certaines visualisations lui avaient donné du mal. Mais c'était surtout en métamorphose qu'elle ressentait cette difficulté. Et ces petites astuces qu'elle venait de partager l'avait beaucoup aidé.

Elle demanda de nouveau :
- "Tu as bien toute la théorie du sort de lévitation ?"

Car après tout, outre la connaissance des cinq étapes du lancer d'un sort, la théorie de chaque sortilège avait sa propre importance. Et bien que rien ne remplaçait la pratique - la jeune fille en était bien consciente au regard de son début d'année en DCFM, une bonne compréhension théorique assurait une meilleure maitrise de la suite.

Elle se fit alors professorale et lui demanda :
- "Tu te souviens de l'émotion, de la gestuelle et de la formule accentuée ?"

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*Harry Potter et la coupe de feu, Sirius Black.
**Harry Potter et la chambre des secrets, Dumbledore.