Le cours commençait à peine que Marilya regrettait déjà de ne pas avoir pris une cape supplémentaire ou une écharpe. Fin mars, le temps se radoucissait, elle s'était fait avoir par la tiédeur de sa salle commune, se rendant sans méfiance dans la plus haute tour de Poudlard, ouverte à tous les vents. Vents qui ce soir, soufflaient certes de manière modéré, mais glaciales.

La princesse plaça ses cheveux en écharpe, en désespoir de cause et décida de se concentrer sur la création de sa carte du ciel. Cet exercice, elle le recommençait pour la deuxième fois. Marilya avait essayé d'en faire une avant même que le professeur ne leur demande, elle s'était d'ailleurs appliqué à y ajouter de nombreux détails et couleurs pour l'égayer. Cependant, en abordant le sujet en cours, elle s'était vite rendu compte qu'un grand nombre d'erreurs s'étaient glissés à l'intérieur, l'obligeant à recommencer et la mettant au même niveau que ses camarades, non pas qu'elle ait voulu les surpasser. En fait, le dessin constituait l'une de ses passions et l'appellation même de "carte" la faisait rêver. Marilya s'imaginait la suivre et trouver un trésor.

Elle s'appliquait donc, précautionneusement et minutieusement sur son parchemin, sans se rendre compte qu'elle négligeait sa table de travail et débordait largement sur celui de sa camarade, Dannah. Gomme, crayons de couleurs, livre de cours... Il y en avait partout, jusque dans les cheveux tressés en écharpe de Marilya.

Dannah aimait beaucoup l'Astronomie, sauf quand il s'agissait de dessiner, ce qui n'était vraiment pas son point fort. Le cours d'aujourd'hui portait sur la création d'une carte du ciel. Non seulement elle n'aimait pas dessiner, mais en plus de ça elle était nul.

Observant son travail, ressemblant plutôt à un dessin de point à relier, elle souffla avant de se rendre compte que l'air se refroidissait. En effet, elle pouvait clairement voir la fumée s'échapper de sa bouche. Frissonnant légèrement, elle essaya de se concentrer puis se remit rapidement au travail, même si le temps ne l'aidait pas vraiment.

Dannah était aussi assez gênée par les affaires de sa camarade Marilya, installée à ses côtés. Des crayons de couleurs, du matériel scolaire... essayant de garder son calme, la jeune fille repoussa discrètement les affaires de sa camarade, et lui demanda calmement :

- Dis, tu pourrais décaler tes affaires steuplaît ? T'es en train de déborder sur ma table.

La jeune fille avait parlé sur un ton totalement calme, quoiqu'un peu agacé, même si ça s'était à peine entendu. Elle se remit ensuite au travail, espérant qu'elle n'avait pas été trop dure avec Marilya. La température se rafraîchissant de plus en plus, Dannah se demandait pourquoi elle n'avait pas pensé à plus se couvrir. Vêtue seulement d'un léger manteau et d'une écharpe, elle sentait tout de même le vent s'engouffrer dans son manteau par tous les côtés.

Distraite. Ce mot décrivait parfaitement Marilya la plupart du temps, un trait de caractère apparemment partagé avec ses camarades blaireaux, même si elle préférait ne pas le reconnaître, par peur de donner raison aux pro-maisons. Ces gens-là avaient tendance à caser les gens un peu trop rapidement à son goût. Pourtant, c'était on ne peut plus vrai : elle divaguait vite, se laissait facilement aller à l'euphorie et...

"Oh ! Un papillon", chuchota-t-elle.

Il y avait effectivement un papillon qui volait près d'une rambarde sur leur droite, bravant les vents froids. Comment était-il arrivé là ? Marilya le regarda voler et prendre encore plus de hauteur puis s'en aller, apparemment bien moins gêné qu'elle par la température. Elle frissonna. Il ne semblait pas mal à l'aise ni en difficulté, elle en déduisit donc que voler aussi haut ne devait pas être si anormal que ça pour un papillon et se remit au travail.

On disait donc : Marilya était facilement distraite, plus encore peut-être, lorsqu'il était question de faire quelque chose qu'elle aimait, comme un dessin de carte du ciel par exemple. Aussi, la princesse n'avait pas entendu la remarque de sa voisine de table, remarque qui était d'ailleurs survenu juste un peu avant l'intervention du papillon. Donc, fatalement, elle ne changea rien à son attitude, ne ramassa pas ses affaires et ne lui accorda même pas un regard. Marilya frissonna une nouvelle fois et ajusta son écharpe improvisée en cheveux : pas aussi efficace qu'elle ne l'aurait espéré.