Madeleine sortait des toilettes. Passionnant comme information, non ? Je vous vois venir avec vos commentaires pour vous moquer de la malheureuse préfète, mais tout le monde va aux toilettes, ce n'est donc pas une honte, alors pouet pouet camembert, et on continue.

Donc la jeune fille sortait des toilettes. Par la fenêtre dans le couloir, elle put voir que le soleil se couchait. Il était 19h40. La préfète prit le chemin des escaliers. Les mains dans les poches, elle prenait son temps. Madeleine aimait le château. Après plus de deux ans maintenant à en arpenter les couloirs, elle s'y sentait chez elle, et n'avait pas la moindre crainte, quand, lorsque le soleil disparaissait derrière les collines, les armures et statues produisaient des zones d'ombres inquiétantes dans les recoins, là où les torches magiques étaient impuissantes.

D'un pas tranquille, après une longue journée de cours, la préfète descendait dans la Grande Salle pour aller dîner. Et là, par contre, quelque chose allait changer ses habitudes.

Ce soir, elle avait rendez-vous avec une première année, une dénommée Jane Dupont, de Serdaigle. Madeleine était sa marraine. C'était la première fois qu'elle parrainait quelqu'un d'une autre maison. Et aussi la première fois qu'elle allait manger avec une Serdaigle. Jusqu'ici, elle n'avait jamais été vraiment amené à fréquenter la maison de Rowena.

La préfète n'avait pas pensé à certains détails, insignifiants à ses yeux, comme : A quelle table les deux élèves allaient-elles bien pouvoir manger ? Ça, on verrait le moment venu.

Enfin, elle franchit les portes de la Grande Salle. Madeleine fut aussitôt assaillie par une foule d'odeurs qui lui mirent l'eau à la bouche. Les elfes de maison n'avait pas chômés, comme toujours.

La jeune fille balaya la table des Serdaigle du regard. Nul trace de première année esseulée. Et à la table des Gryffondor, il n'y avait pas de Bleu. Jane ne devait pas être encore arrivée. La préfète alla s'asseoir à l'extrémité de la table bleu&bronze, à la grande surprise de toute l'assemblée. Les aigles la toisèrent intrigués, mais finalement, repartirent dans leurs conversations.

Madeleine tournait le dos à ses camarades de Gryffondor, mais elle était prête à parier qu'ils avaient dû avoir à peu près le même comportement.

La troisième année attendit. Ce n'est pas poli de commencer à manger avant les autres. Donc, elle voulait attendre Jane. Elle ne doutait pas que la petite la reconnut. Une Gryffondor qui vient s'asseoir à la table des Serdaigle, c'est pas banal, il y a toujours forcément une raison. En plus, Madeleine était préfète, et la première année le savait sûrement.

Jane essaya de se préparer en vitesse. Elle n'avait nullement l'intention d'arriver en retard pour manger. En essayant de se coiffer, elle pensa à Madeleine Koter, sa marraine qui devait être en train de l'attendre. Quand elle fut prête, elle descendit sans se rendre compte que qu'elle mèche brunes très foncées, sortait de son chignon bien tiré. Elle descendit l'escalier, marcha dans le grand couloir qui menait vers la Grande Salle, et se retrouva devant la lourde porte en chêne, un peu jaunis par le temps. La porte était légèrement entrouverte et elle menait vers les quatre tables de Poudlard. Elle s'avança et marcha sur le pied d'une Poufsouffle, dit un petit <<Pardon>> rapide, puis s'avança vers la table des Gryffondors. Jane courut du regard la table, chercha Madeleine, en vain. Elle se retourna, et vit que qu'elle était assise à la grande table des Serdaigles. Prenant son courage à deux mains, elle s'avança vers Madeleine, et dit :

- Bonjour !

Bien sûr, c'était un " Bonjour " incertain, qui avait la voix tremblante d'appréhension. Oui, elle avait déjà parlée à Madeleine, oui elle l'a connaissait. Mais c'était la première fois qu'elle mangeait avec elle ! Bon, ce n'était pas aussi stressant que de faire un concert de violoncelle à la pleine lune en compagnie de loups-garous, mais Jane avait tout de même peur que les liens se brise à par sa faute...

Madeleine attendait. C'était la première fois qu'elle voyait la Grande Salle sous cet angle, étant habituellement assise à la table des Gryffondor et ça l'amusait pour une fois d'avoir un champ de vision différent, sans aucune trace de rouge à l'horizon mis à part sa propre insigne.

C'est alors qu'une petite brune aux couleurs de Serdaigle vint vers elle. Non, ce n'était pas une de ses gamines curieuses venues demander à la préfète de lui raconter le pourquoi et le comment elle s'était retrouvée là. C'était Jane.

La petite la salua d'un petit :

« Bonjour » encore hésitant.

Les deux filles s'étaient déjà parlées, mais la Bleu&Bronze n'était pas encore très à l'aise en compagnie de la préfète, et cette dernière le sentait.

Bon, en attendant, elle comptait s'installer ou il faut que Madeleine lui dise de s'asseoir à sa propre table ? Bon, ben tant qu'à faire...

Madeleine se leva, fit la bise à la première année et dit :

« Bonjour ! Tu vas bien ? Installe-toi ! »

Et tout en disant cela, elle se rassit elle-même, saisit un plat de salade de pomme de terre, commença à se servir, et enchaîna :

« Pas trop dur les cours ? Tu te perds toujours dans les couloirs ou tu arrives à t'y retrouver un peu maintenant ? »

Puis ayant achevée de se servir, elle proposa gentiment :

« Tu en veux ? »

La préfète observait sa filleule. Elle avait de beaux et longs cheveux bruns et de grands yeux bleus, l'un comme l'autre, s'accordaient parfaitement avec l'uniforme de Poudlard et les couleurs de Serdaigle. Physiquement, la petite était faite pour la maison de Rowena, les couleurs d'une autre maison, Gryffondor par exemple, la mettrait nettement moins en valeur. Mais, Madeleine se doutait bien que le Choixpeau ne s'était pas décidé sur la maison simplement parce que ses couleurs lui allaient mieux. Elle devait en avoir dans le crâne, la demoiselle Dupont.

Madeleine se remémora sa propre répartition. Elle aussi avait souhaité aller à Serdaigle, elle en rêvait depuis longtemps. Mais le Choixpeau en avait décidé autrement, et la fillette s'était retrouvée dans la maison Rouge. Elle se souvenait bien du moment où elle s'était levée du tabouret sous les applaudissements de ses nouveaux camarades, et dirigée vers la table Gryffondor. A cet instant, elle avait ressenti une grande joie et une grande fierté. Fière d'appartenir à une maison même si ce n'était pas celle qu'elle convoitait. Elle avait fait confiance au Choixpeau et était maintenant persuadée d'être dans la bonne maison. Elle s'était parfaitement intégrée, et aujourd'hui... elle était préfète !

«Tu en veux ?»

" Tu en veux ", ramena Jane à ses esprits.

«Ah…Heu, oui, merci ! »

Elle contemplait son assiette de salade de pomme de terre. Les pommes de terres croustillaient sous ses dents. La salade, craquait, elle.

Elle ne sentait pas ses pieds sous la table de bois. Puis elle dit à Madeleine :

« Tu vas bien ? »

Après cette phrase, Jane se détendit. Elle regarda Madeleine sans gêne, puis elle ce servit dans un plat de tomates. Jane, dans sa plus tendre enfance, n’avait jamais aimée les tomates. Mais, depuis quelle était rentré dans un restaurant moldus, quatre ans auparavant, Jane avait commençais à les aimer. Pour seule raison, quelles avaient étaient servis avec des frites… Le rouge des tomates lui rappelât que Madeleine était à Gryffondor.

« Sa va, chez vous, les Gryffondors ? »

En regardant le plafond magique, Jane vu qu’il était en train de pleuvoir. Des petites gouttes tombaient du plafond, mais elle s’arrêtaient au bout de cinquante centimètres de chute. Ces gouttes bien sûr, n’étaient pas ‘’ vraiment ‘’, réels, mais Jane se l’imagina tout de même. Elle rêvait… Quand elle vit que la nuit était devenue bleue et noir, elle dit à Madeleine, sur un ton rêveur :

« Ah, c'est bon, la nuit noir étincelle grâce aux étoiles… »


Elle se servit dans un plat doré de petit pois, les mangea rapidement, elle était maladroite avec sa fourchette et elle en mettait partout. Pourquoi avait elle dit cette stupide phrase ? " La nuit noir étincelle grâce aux étoiles, pfff ", n'importe quoi ! Soudainement, les grandes assiettes disparurent pour laissée place aux desserts.

Les desserts succulents étaient partout. A côté de Jane, se trouvait un grand plat de gâteau aux pommes. La pate avait gonflée, et elle croustillait sous la langue. Les pommes caramélisées, fondaient. Délicieux ! Oui, Jane aimait les gâteaux aux pommes, surtout ceux de sa mère Rosemarie, où les pommes caramélisée fondait comme un nuage sur la langue.

Jane semblait dans les nuages. Peut-être rêvait-elle de licornes sautillant de nuage en nuage ? Quoi qu'il en soit, elle ne semblait pas s'apercevoir que Madeleine lui parlait. Elle réagit enfin à la question :

« Tu en veux ? » de la Gryffone qui tendait une salade de pomme de terre.

Peut-être qu'un message subliminal de la part de l'estomac de la Serdaigle lui avait intimé l'ordre de s'arracher à ses licornes pour manger ? Jane se servit puis demanda :

« Tu vas bien ? »

Madeleine, la bouche pleine de patates, les avala avant de répondre :

« Oui, très bien merci.

- Ça va, chez vous, les Gryffondors ? » enchaîna Jane, directement.

« Oh bah oui... rien de particulier en ce moment. Et vous, chez les Serdaigle ? »

Madeleine pensa à sa chaude salle commune qu'elle allait rejoindre dans la soirée. Elle se demanda si celle des Bleus était tout aussi chaleureuse et accueillante. Mangeaient-ils autant de bonbons que les Gryffons ? Probablement, la différence, c'était que les bleus n'avaient pas à surveiller étroitement leur réserve, eux. Pas comme les Rouges qui ne devaient rien laisser traîner sous peine de le voir disparaître à jamais. Visiblement, Jane était repartie dans les nuages puisqu'elle regardait le plafond... pluvieux ce soir. Était-elle repartie voir ses licornes ? Ou bien était-elle en train de s'imaginer un pays chaud, loin du froid de l’Écosse, un pays ensoleillé où les crabes dansaient la samba sur la plage ? Les visage de la première année était indéchiffrable. Soudain, Jane dit :

« Ah, c'est bon, la nuit noir étincelle grâce aux étoiles… »

Bon, bah, apparemment, elle ne regardait pas des crabes. Madeleine ne sachant pas trop quoi répondre et trouvant cette conversation un peu trop décousue à son goût répondit :

« Ah oui, c'est joli... » et se concentra sur les courgettes au bout de sa fourchette.

Enfin, vint le dessert. Les deux filles se servirent en tarte aux pommes. Très bonne d'ailleurs comme toujours. La conversation marquait un blanc. Madeleine était plutôt réservée mais elle savait faire l'effort de lancer une conversation. Là, on peut dire que son lancement avait raté. Les deux élèves dégustaient leurs desserts en silence, et la troisième année ne savait pas quoi dire. Du coup, elle se tut.