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27 août 2015, 14:25
Et au loin, on entendait Big Ben  PV 
HELP ME !!! criaient les grands yeux verts d'Abigail. Et Colorado, comme le chevalier servant qu'il était, répondit à son appel...

« Papa, si tu faisais le tour de la boutique avec Abigail pour lui montrer tout ce qu'il y a ? Pendant que je prépare le goûter avec maman ? »

... ou pas. Apparemment, les deux enfants n'avaient pas la même notion de la manière dont on se comportait quand on invitait quelqu'un, à fortiori timide, chez soi. Ceci dit, elle-même n'avait jamais invité qui que ce soit dans son cottage (à part sa cousine, mais elle y vivait quasiment à temps partiel et puis bon, c'était la famille) et n'avait jamais été invitée non plus par qui que ce soit. Les joies des enfants ayant été élevés hors du cycle scolaire Moldu sur une falaise complètement paumée supposait-elle...

Quoiqu'il en soit, Abigail se sentait aussi à sa place qu'un Boutefeu Chinois dans une boutique de porcelaine. En plus, son teint se rapprochait à une vitesse alarmante de la couleur écarlate des écailles du dragon asiatique. Et comme Vegas, apparemment très emballée par cette idée, kidnappait son fils vers d'autres horizons lointaines, la petite Lewis, qui paraissait pour l'heure encore plus petite qu'à son habitude, se retrouva seule avec Mr Henri Wood.

Ceci mis à part, elle était littéralement émerveillée par le décor qui s'offrait à elle. A droite, à gauche, devant, derrière, des balais. Souvent, jusqu'à peu de temps avant son entrée à Poudlard, attendait-elle impatiemment les soirs nuageux pour une virée père-fille sous les étoiles. Ces moments partagés à seulement deux avec son papa, plus que le vol en lui-même, étaient sans le moindre doute ses souvenirs les plus précieux.

« Alors, comme ça tu aimes les balais ? »

La voix de Mr Wood l'arracha à la contemplation des modèles exposés en boutique. L'homme parlait avec un très léger accent étranger, quasiment indécelable, qui étonna la fillette : Wood était pourtant un nom britannique. Cela dit, elle-même, lorsqu'elle parlait trop vite ou s'emballait pour tel ou tel sujet, avait parfois du mal à se faire comprendre de ses camarades anglais. C'était rare, cela dit.

Abby hocha brièvement la tête avant d'ajouter, histoire d'alimenter la conversation :

« Mais je ne veux pas, comme Colorado, entrer dans l'équipe de Gryffondor. Je ne joue pas au Quidditch. »

« Tu as le vertige ? »

« J'aime bien voler. Mais je suis plus à l'aise dans les gradins. »

Il y eu un court silence, et la fillette se morigéna de ses réponses laconiques. En attendant que l'on prépare le goûter, elle pouvait au moins batailler contre sa timidité. Mais le père de son ami la devança et bientôt elle se retrouva embarquée dans une visite des locaux, comme l'avait proposé Colorado. Courte, après tout le magasin était ouvert et les clients pouvaient arriver à tous moments, mais détaillée, la visite. Et si Abby ne suivait pas toujours le discours passionné, jalonné de quelques termes techniques dont la signification lui échappait, c'était pour ainsi dire très agréable de visiter les coulisses de cette boutique qu'elle n'avait jamais admirée que d'un côté du comptoir.

« Je suis désolée qu'on vous ai dérangés pendant vos horaires d'ouvertures » lança-t-elle d'un ton moins hésitant à présent, et Mr Wood de rejeter ses excuses de la main.

« Pas de soucis. Ça faisait un bout de temps qu'on n'avait pas vu Colorado. Alors, tu es à Gryffondor avec lui, c'est ça ? Il est gentil ? »

Sur la table d'assemblage, où les Wood réparaient les balais ramenés en magasin, de longs morceaux de bois poli, des brindilles parfaitement taillées, de la colle, des outils de toute sorte... Abigail n'avait jamais visité ainsi d'arrière-boutique, et le propriétaire des lieux lui expliquait tout en détail, bien plus loquace qu'il ne lui avait paru au premier abord, peut-être parce que cela touchait à sa passion.

La fillette répondit par un nouveau hochement de tête, les mains dans les poches de son manteau pour ne rien toucher de l'atelier où tout, jusqu'aux pinceaux utilisés pour graisser le manche, semblait aussi fascinant qu'extraordinaire.

« De ce que je peux en dire » ajouta-t-elle cependant comme pour étoffer sa réponse« il essaie d'aider les autres autant qu'il peut, et il est toujours sympa et enjoué à Gryffondor. Bon, après je pense qu'Ana le connait bien mieux que moi... »

Henri Wood eut un petit sourire, et Abby se rappela qu'en effet, si le garçon n'était pas tombé amoureux d'Ana, ils n'auraient sans doute pas discuté tous les trois dans la Salle Commune ce soir-là, près de la cheminée où bûches et flammes frétillaient et s'enveloppaient mutuellement dans une étreinte brûlante. Et Colorado ne lui aurait jamais proposé de profiter de leur weekend pour se promener à Londres.

D'en haut leur parvint alors un appel, comme la clochette tintait joyeusement, annonçant l'arrivée de clients. Un vent froid s'était engouffré dans la boutique en même temps que les nouveaux arrivants, comme Henri rejoignait rapidement le comptoir. Puis, avec un regard curieux pour les sorciers et leurs balais, déjà lancés dans une discussion animée avec le père de son ami, Abby grimpa les escaliers quatre à quatre pour rejoindre Colorado et sa mère.

***


Quelques heures plus tard, Abby s'époussetait dans un coin des Trois Balais, près de la grande cheminée réservée à l'usage des voyageurs. Elle sourit à Colorado, qui l'attendait un peu plus loin, salua gaiement le barman en déposant une Chocogrenouille sur le comptoir et se précipita aussitôt à la suite de son ami dans la rue principale de Pré-au-Lard. Il faisait déjà sombre : c'était l'hiver ; des lanternes rougeoyaient au-dessus de leurs têtes, et la fillette sentit avec délice la neige qui poudrait le pavé crépiter sous les talons de ses bottines tandis qu'ils se dépêchaient en direction d'Honeydukes, l’œil aux aguets pour vérifier de l'absence de professeurs.

La boutique bourdonnait de rires et de conversations enjouées, et ils n'eurent aucun mal à se glisser derrière le comptoir pour rejoindre le passage secret, le regard encore accroché à quelques sucreries qui leur donnait l'eau à la bouche. Quelle que soit la saison, Abby avait toujours trouvé que le magasin appelait à Noël, et c'était d'autant plus vrai avec la neige qui chapeautait les toits de Pré-au-Lard, bordés de stalactites étincelants. Puis Colorado lui fit signe de se dépêcher, et elle s'empressa de le suivre dans le petit souterrain qui les ramènerait à l'école. Le passage était tellement emprunté, ces dernières années, que la fillette se demandait si vraiment les propriétaires ne savaient rien de la soudaine popularité de leur sous-sol, ou si ils fermaient juste les yeux contre quelques clients en plus et le sourire émerveillé des enfants.

Ils ne rejoignirent la Salle Commune de Gryffondor qu'une heure plus tard, après avoir innocemment émergé de la statue de la Sorcière Borgne. Ana, près de la cheminée, lisait tranquillement. Derrière les fenêtres en vitrail, les flocons de neige entamèrent une valse qui ravit la petite fille.


Reducio
FIN DU RPG

« Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec on atterrit dans les étoiles. » – Oscar Wilde
Avatar: Aiwatan (https://www.zerochan.net/1279118)