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30 juin 2015, 12:09
 PV  Le culte du vertige
Le dimanche avait ceci d'intéressant que les cours étaient bannis du planning. Pour un élève en première année, dont les devoirs ne demandaient pas encore des heures de travail acharné, cela signifiait du temps libre à foison qu'il pouvait exploiter à sa guise pour peu que ses activités aient lieu sur le vaste domaine de Poudlard. Pour Kaleb, ce dimanche matin là, le planning se retrouva griffonné de motifs évocateurs : balais, balles et autres anneaux, annonçant une séance de vol pour le moins exceptionnelle puisqu'il serait question de tester les capacités de sa soeur. Son balai personnel sur l'épaule, cadeau coûteux d'une mère qui ne savait comment racheter son absence, Kaleb entra sur le terrain désert de bon matin, toujours suivi par le fantôme du chevalier noir. Le fantôme en question, un grand homme en armure médiévale, avait dégainé sa longue épée et avançait d'un pas peu assuré sur le gazon luisant, jetant des regards soupçonneux tout autour de lui.

« La paranoïa a certainement eu raison de toi, déclara Kaleb en le regardant par dessus son épaule. »

Le fantôme balaya sa remarque d'un coup d'épée.

« Silence maraud ! Je sens que cet endroit a été piégé par un enchanteur. Un danger pèse sur nous. »

Si Kaleb était garçon à sourire, il aurait très probablement pu sourire à ce moment-là. Mais Kaleb n'avait pas le sourire facile. Il ne se souvenait même plus de la dernière fois où il avait eu l'occasion de sourire. Alors il se contenta simplement d'enfourcher son balai et de taper du pied sur le sol en criant :


« Ouvre les yeux, tu es entouré d'enchanteurs. »

Et là-dessus de s'envoler dans les airs à toute vitesse. Kaleb adorait la sensation qu'on pouvait ressentir au moment du décollage. Ce poids qui vous tombait soudain dans le ventre et la force avec laquelle le vent venait vous fouetter le visage. Réveil garantie. Il s'étala contre le manche et remonta pratiquement à pic en s'engouffrant dans un courant d'air ascendant avant de tendre ses bras pour redresser la barre. Le voilà immobile à plusieurs mètres de hauteur, assis sur son balai. Le fantôme du chevalier noir n'était plus qu'un grain de sucre sur un tapis vert. Vu de cette hauteur, le château n'était plus aussi impressionnant. Le paysage en revanche était à couper le souffle. Les montagnes verdoyantes luisaient au jour naissant. Les eaux du lac miroitaient au point de se confondre pratiquement avec le ciel dégagé.

Kaleb respira à pleins poumons puis se recoucha sur son balai, descente à 90° assurée. La chute vertigineuse dura quelques secondes à peine avant que Kaleb ne joue de ses maigres muscles pour redresser son balai à l'approche du sol. Le fantôme du chevalier noir agitait son épée dans tous les sens comme s'il était entrain de combattre un ennemi plus invisible que lui et Faith l'attendait au bord du terrain.


« Je vérifiais le ciel, lui annonça-t-il en descendant de son balai. Aucun nuage sur lequel te reposer en vue. »

Hell is empty and all the devils are here.
– Shakespeare
My imagination will get me a passport to hell one day.
– Steinbeck
30 juin 2015, 13:13
 PV  Le culte du vertige
Le dimanche à Poudlard, c’est le jour de la dégringolade. Ce matin en se réveillant, Faith avait pris double dose de cachets. Une petite pilule blanche dans une main, un verre d’eau dans l’autre, répétez l’opération trois fois, avec deux médicaments différents, et vous êtes parés pour la journée ! Il y avait le médicament pour empêcher de dormir en pleine journée, qui aidait aussi à lutter contre certains autres effets de la narcolepsie : hallucinations, perte de mémoire à court terme si jamais le sommeil venait à se déclencher…, et le médicament pour la fatigue musculaire. Avant de sortir de la salle commune, Faith s’étira longuement, s’assura que tous ses muscles sortaient de l’état de vieille, et se prépara psychologiquement à ce qui l’attendait.

La jeune fille avait pris soin de bien déjeuner ce matin, bien que n’ayant pas très faim. Le stress lui coupait considérablement l'appétit et pouvait aller jusqu’à la faire entrer dans un état semi-conscient s’il devenait trop envahissant. Il fallait à tout prix éviter de se monter la tête avant même d’être sur les lieux… du crime ? Today’s the day : elle allait défier sa propre existence, fade et ensommeillée. Regardant son assiette avec des yeux tristes, elle s’encouragea soudain et osa finir ses œufs brouillés. Elle emporta deux bouts de pain dans sa poche et quitta la salle, presque déterminée.

Mam’zelle bulle avait un rêve un peu spécial…


Elle se dirigea vers le terrain d’entraînement de Quidditch. Dans sa main droite un balai emprunté : elle avait du marchander avec un camarade pour qu’il reçoive une autorisation d’emprunter un balai, et qu’ensuite ce camarade lui prête le balai lui-même emprunté. Il était décidément plus pratique de posséder son propre balai, comme son frère : cela évitait les procédures un peu compliquées liées à la sécurité. Stressée, Faith avait même du mal à tenir son balai : elle le changeait de main régulièrement, tentai de le caler sous son bras, et quand il tombait, le calait sous l’autre bras. Elle envisagea de le porter sur ses deux épaules, mais non : cette image un peu trop christique de martyr rendrait la situation ridiculement dramatique.

…Pour une bulle, quitter la terre, c’est peu banal…


Arrivée au terrain, elle put voir son frère, perché sur son balai. Il semblait presque s’amuser, là-haut. L’étendue d’herbe semblait beaucoup trop grande. Des lignes blanches tracées sur cette mer verdoyante indiquaient les différentes zones du terrain. Trois anneaux, de chaque côté du terrain, semblaient incroyablement hauts. Ils se faisaient face, comme six géants en confrontation. Gigantomachie.

Kal redescendit à son niveau et démonta son balai, lui annonça qu’il inspectait le ciel, et lâcha une petite vanne à l’adresse de sa sœur. Elle sourit vaguement, mais son stress n’en monta qu’un peu plus. Elle prit son balai à bout de bras, le sentit tout à coup très lourd et le laissa tomber. Un petit sursaut, et elle le ramassa, bredouillant quelques vagues excuses. Puis elle se redressa, prit une grande inspiration et mangea un bout de pain dans sa poche.


« Alors, tu m’apprends à voler ? J’ai même du mal à le tenir... Tu as du boulot. »

Selon les lois de la physique, un balai ne pouvait pas voler, puisque toute chose est attirée par le centre de la terre. Se tenir sur ledit balai augmente son poids, donc il devrait n’en tomber que plus vite vers le sol : il était donc impossible de voler, impossible… Oui, mais là, nous sommes à Poudlard, nous sommes dans le monde des sorciers, et la magie n’est pas la science. Il faut abandonner ce qu’on sait, laisser s’évaporer le rationnel et simplement croire à l’irrationnel. Les balais peuvent voler, Faith peut voler, et un jour elle volera au devant de la pleine lune, un chapeau pointu sur la tête et un chat noir agrippé au manche de son balai, comme une vraie sorcière. Un jour, elle serait une sorcière comme les autres, elle pourrait faire comme elles, et peut-être même deviendrait-elle une très grande sorcière.

…Mam’zelle bulle, comme un funambule qui rêverait de s’envoler…


Reducio
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“I would challenge you to a battle of wits, but I see you are unarmed.”